Nowhere
evagreen
Elle me demandait souvent « on va où ? », alors je me contentais de hausser les épaules, et jeter un regard vers l'horizon avec un léger mouvement de sourcil résigné qui lui racontait combien je n'en avais aucune idée. Un infime rayon de soleil cristallin pénétrait dans notre petite voture rouge cabossée et le vague reflet bleu qu'on pouvait parfois percevoir dans les yeux de Christie s'alluma, je décelais pour la première fois quelqus vagues reflets roux dans une fine chevelure blonde et je me disais, que, peut-être, elle lisait dans mes yeux ce que jamais je n'aurais pu lui dire.
Au loin la ville ne semblait plus qu'un croquis informe en clair-obsucr, à mi-chemin entre le souvenir et le rêve, elle sembalit désormais une vaste tâche de pêinture grisâtre dévorée par l'azur du payasge. Christie me souria avec son petit air moqueur et joyeux , un sourire en coin qui laissait apparâitre de frêles canines et un nez retroussé qui lui donnait cet air un peu sauvage que j'aimais parfois lire en elle en balayant une mèche de cheveux qui se promentait devant l'artctique de son regard . J'essayais d'esquisser l'ombre d'un sourire et de nouveau rivais mes yeux sur la route, rien que qu'un infini et monstruex serpent de béton qui engloutissait le monde vers pour se noyer dans l'immensité du désert que nous traversions. Autour de nous rien que l'aride, rien que le vide. D'immenses rochers qui déchiraient le ciel et des cactus solitaires ;parfois, au loin, le mirage aux senteurs de terre séchée et de poussière qu'on pouvait presque toucher du doigt, plus fuyant encore que les visions fugitives d'un brusque éclair.
Elle était assise sur la banquette arrière qui sentait le cuir usé et le rhum pas frais, ses maigres et longues jambes recroquevillés dans ses bras. Elle fredonnait toujours le même air, une prière sobre et envoutante qui parevanit toujours àm'arracher du cœur un je ne sais quoi d'émotion.
Sans un mot je lui racontais notre histoire, je lui chantais les beautés des paysages qui nous attendraient derrière les collines de feu, les beaux enfants que l'on aurait, les parties de glof avec nos voisins et les déjeuners dans le jardin de notre belle maison. Je repensais déjà nos futurs souvenirs, immortalisés par le flash importun de l'appareil photo del'un de nos futurs amis. Elle écoutait, la tête penchée, l'air captivé.
«Regarde , tu vois notre belle maison, tu la vois ? Et nos enfants ! Ah nos enfants !
-Oui je veux un graçon et deux filles ! Oh non que des filles, comme ça je leur ferai des couettess ! Ah mais toi tu t'embêteras... Alors on aura un petit garçon et tu l'emmenèras au foot le mercredi avec ses copains !
-oué je l'emmenerais au foot et à l'école aussi le matin et ensuite je t'embrasserais puis j'irais au travail dans notre nouvelle voiture toute neuve !
-Oh mais par contre je veux que notre fille s'appelle Mabelle et l'autre Michelle !
-Comme tu veux ma chérie...Comme tu veux... »et de nouveau je me retournais pour embrasser du regard l'dyillique utopie de notre vision et trouver dans le reflet incandescant de sa pupille un énorme diamant d'espoir. Alors nous nous métions à rire et à chanter pendant que nous continuions à rouler !
« dis Ryan, on va où alors ?
«-Nulle part... »
Elle me demandait souvent « on ira où ? ». je lui répondais « chais pas trop... » Ou « J'en sais rien ! ». Elle aimait quand je lui racontais qu'un jour on prendrait la route, qu'un jour on s'enfuirait vers des pays neufs, et qu'lle pourait goûter des paysages doux comme de la soie, alors elle rigolait et se moquait de moi en me tapant l'épaule.On se voyait au lycée mais ses parents ne m'aimaient pas beaucoup. Le père était un rude militaire à la coupe en brosse grisonnante, aussi fier que sévère. Des dizaines d'étoiles étaient éparpillés dans la maison, sous une épaisse couche de verre, comme pour réchauffer et illuminer la froideur sidérale de la maison. La mère était une gentille cuisinière retraitée à l'oeil mélancolique et à la spatule habile. Ses plats étaient aussi bons que sa voix était aigue et on décelait parfois, lorsqu'n rayon de soleil s'invitait dans la maison, des cheveux autrefois bruns derrière une épaisse carapasse de colorant blond. Christie n'aimait pas tellement cet endroit mais elle n'aimait pas non plus quand je lui disais qu'il sentait bon la poussière et le renfermé. Souvent je lui disais « bah tu finiras comme ta mère, à gaver tes futurs beaux-fils de plat pas bons ! » « Oh je te déteste ! Et je serai pas cusinière d'abord ! Je serai avocate !
-Ahahah ok ok !
-et tu es le premier à te gaver des plats de ma mère sale ingrat ! »
Alors ses soucrcils dessinaient un angle étrange, son nez se retroussait et ses lèvres se pinçaient, puis elle me tirait la langue en me tounant le dos avant de me lancer une tendre tape sur l'épaule.
« Je te parle plus, je te déteste !
-Oh ça va ! Ça va , je suis désolé...
-ah bah je préfère ça ! « .
« après tous j'aime bien faire semblant d'aimer la cusine de tes parents »
-ah mais t'es insupportable !
-ahaha j'arrête c'est juré ! Roh Christie, Christie où tu vas ?!
-Nulle part ! »
Elle me demandait souvent « et tu viens d'où ? »De nulle part je lui disais..... Je lui racontais que j'étais italien d'origine, que mes grands-parents paternels avaient traversé l'Atlantique à la nage pour rejoindre l'Amérique tandis que am mère était une yankee pur souche;que mes parents s'étaient rencontrés dans un cinéma à Shelle Avenue. Ils étaient tout les deux venus voir un Fellini et chacun était venu avec son amoureux, mais tout deux , au même moment, ont décidé, par un étrange et nécessaire hasard de se rendre aux toilettes . Mon père marchait d'un pas brusque et nerveux typique de ces petits italiens pressés et passionnés alors que ma mère diposait de cette grâce amériaine post-anglaise, ils se heurtèrent et ne se quittèrent plus jamais, laissant leur deux compagnons sans aucune autre forme de politesse, qui sait, peut-être eux aussi ont-ils fini par se marier ? Je ne sais pas pourquoi mais elle aimait que je lui raconte cette hsitoire, d'où je venais, d'où j'allais. On se donnait rendez-vous à Square Park et au milieu du vortex grouillant de la population occupée par leur vie on construisait une bulle intemporelle au milieu du chaos. Allongée sur son ventre, les coudes relevès et la tête entre ses mains elle m'écoutait aussi passionnément que j'admirais ses pieds dessiner dans l'air une vague invisible.
« Ben tu vois au final sacré histoire hein !
-Ils sont vraiment venus à la nage ?
-hein..? ben oué ! Costauds les vieux !
-Ahah t'es bête ! C'est vraiment beau comme histoire...
-De... ?
-celle de tes parents. L'amour c'est quand le hasard prend les habits du destin.
-Whaou....c'est vraiment magnifique ce que tu dis Christie...
Oh... je l'ai entendu à la télé....
-Ah...Et ben t'es quand même magnifique...
-Et il s'appelait comment le cinéma ?
-Quel cinéma ?
-Ben où tes parents se sont recontrés ! Roh... !
-Ah...Le Nulle Part. »
Elle me demandait souvent« et on irait où ? «
-Je sais, pas...manger une glace, regarder un film, marcher sous le soleil et sur la plage, chez toi, chez moi, peu importe , où tu voudras. »
Je l'avais jamais attendu, puis un matin elle a débarqué dans mon cœur..sortie de nulle part. Un ami nous avait présenté sans vraiment savoir, à quel point ça allait tout changer. Je me souviens de cet étouffant jour de printemps, je pavanais devant le lycée et Jimmy m'a tapé sur l'épaule. Arraché à mon rêve de gloire un autre rêve devait me ramener à la réalité.
«Hey Ryan ! « sentant une main taper mon épaule je m'apprêtais à engueler Jimmy mais...
« je te présente Christie, c'est ma cousine et elle vient d'emmnéger ici. « Un couperet venait de s'abattre sur ma tête et mon corps entier se liquéfiait tandis que je voyais ma langue s'enfuir à tarvers les rues. J'avais l'impression d'avoir couru un cent mètres, je me sentais essouflé et déconfit ,un pied dans mes songes, l'autre flottant dans la réalité.J'avalais ma salive et l'entendais résonner tout en moi, une immense bombe atomique résonnait en moi.
Elle portait des sandales d'un cuir usé et un vernis rouge écarlate sur des minces doigts de pieds. Son jean déchiré aux genoux tirait vers un bleu délavé. Sa veste, marron glacé, faisait ressortir le blanc de son haut lorsqu'un éclair d'azur me foudroya à la croisée de ses yeux.
« Euh...Salut..moi c'est..
«-T'en fais pas il est un peu bête ahah
-Aha. Moi c'hest Christie, enchantée...euh ?
-Ryan, la momie tétanisée s'appelle Ryan ! »
Et je la voyais monter les escalers qui menaient aux bâtiments de cours avec une grâce intemporelle. Elle venait de bénir une journée juste par sa présence. Elle semblait flotter, presque irréel alors qu'elle secouait la tête en riant, parlant à une amie à elle.le sol fondait et une légère odeur de fraise éblouissait mes sens et j'entendais déjà les souvenirs de sa pérsence résonner dans mon crâne d'adolescent amoureux.
« Eho ! Eh ! Allo ! Jimmy appele Ryan vous m'entendez ?
-Ah ..Euh ..oué ! Oué !
-Eheh mignonne hein ma cousine ? Mais, pas touche hein ! »
Je restais planté là silencieux, religieux, à regarder la distance l'effacer, j'admirais dévotement l'élégance de son pas.
-Eh ! T'es où là ? Jimmy appelle la terre ?
-Ah..Oh..j'étais, euh...nulle part.. »
Elle me demandait souvent «et ça nous ménera où ? ».
« Salut !
-Salut !»Son sourire,gêné et innocent me bouleverasit chaque fois. Je me sentais aussi fragile qu'un athée qui pénétrait, l'échine courbée, le dos vouté et le regard enveloppé de mystère, pour la première fois dans une église. En même temps que je me sentais comblé, vivant et satisfait, je me sentais vidé, et prêt à mourir. Je me disais « tu l'as rencontrée, ça y est, qu'est ce qui compte après ? Rien du tout. »
« On s'est vu la dernière fois au lyceé, Jimmy..
-Oui je me souviens...La momie !
-La..Ah oué c'est vrai..La momie ! »
Elle laissa échapper un gloussement angélique, aussi moqueur que bienveillant et moi je restais planté là devant elle, feignant l'impassibilité.Le temps semblait aussi imobile que fuyant et l'univers entier concentrait sa divine lumière sur nous. Ses yeux, mes yeux, un vide, un univers, un vortex hypnotique, une histoire, un délire, une idée, j'étais soudain faible et sclérosé, rouge et angoissé. On était devant chez elle, le centre du monde, elle portait un short blanc et un pull gris rayé de large bandes bleues, le ciel était vaste, et le monde était beau.
« Euh..ca te dit, d'aller...je sais pas..euh...
«-Ah je sais pas trop...sois plus précis !
-Euh on pourrait aller faire un tour en ville, juste toi et moi.
-Moué...je sais pas trop...t'aimes bien les fraises ?
-Euh...plutôt oué...
-Alors on y va ?
-Ou ça... ?
-ben manger une glace à la fraise !
-Ah..ca marche !
-je me change et on y va ?
-Ok... « J'étais aussi surpris que ravi, l'hsitoire s'écrivait parfois avec une insoupçonnable légèreté.
« Je me demande bien où ça nous mènera cette histoire hein ? »
J'haussai les épaules et répondait : « nulle part... ».
Elle me demandait souvent « ça mène où l'amour ? »
On était chez elle, l'après midi, dans une somptuesue agonie, dardait ses derniers rayons d'un soleil orangé qui se faufilait furtivement à travers une large baie vitrée, seul témoin de notre idylle avec Christie. On était assis sur le canapé, dans cette vieille maison, chargé de souvenirs et d'histoires. Elle me racontait les exploits de son père, les collections de tableaux de sa mère, les meubles de sa grand-mère et les vestiges photographqiues de sa famille.Elle s'asseyait toujours de la même façon, en boule, les genoux recroquevillés dans ses pâles bras, la tête entre ses genoux, en me souriant. J'avais l'impression d'avoir atteint une sorte de confuse béatitude.
«Regarde, ça c'est notre chien quand il était bébé, il était marrant hein ?
-oué, c'est marrant, il n'avait qu'une seule tâche noire sur son corps tout blanc !
-oui, d'où son nom !
-Ah je comprends mieux maintenant, parce que à le voir aujourd'hui j'avais du mal !
-ben oui forcément ! « Elle disait ça avec un sourire qui feignait l'exaspération en singeant cette grimace qu'ont les petite filles qui veulent vous montrer à quel point vous êtes bêtes parfois.
« Dis Christie, si je m'en allais, tu viendrais avec moi ?
-on irait où ? »
Un long moment s'écoula, une éternité, peut-être une seconde, je ne sais plus trop, l'amour a la fâcheuse manie de déchirer le voile du temps.
« tu viendrais ?
-Oui, bien sûr que je viendrais , avec toi j'irais n'importe,où. Mais pourquoi maintenant ?
-pourquoi pas maintenant ?
-je sais pas....et ici, on laisserait tout le monde ? On dirait quoi ?
-Rien.
-Mais ça marche pas comme ça ! Tu te crois dans un film ou quoi ? Roh ! « elle se levait, décontenancée mais aussi pleine d'un espoir radieux que je lisais à travers ce regard qui me fusillait.
-T'es vraiment fou, je le savais ! T'es fou ! Pourquoi je t'aime d'abord ?! On peut pas partir comme ça Ryan , et le lycée et les gens et l'avenir et... »Je me contenatais de me lever, de regarder à travers une vitre poussièreuse et de hausser les épaules.
« pourquoi t'as cette idée ?
-Parce que t'en as envie toi aussi.
-Mais c'est pas une raison....
-Qu'est ce qui nous retient ici ? Rien. Le monde c'est toi, c'est moi, t'imagines un autre avenir ? Tout est vide ici, on a qu'à prendre ma voiture et s'en aller, ce serait simple, presque un conte de fée qu'on pourrait raconter aux gens qu'on croiserait. Je les vois déjà « elle et moi on est parti un jour comme ça, sur la route, sans savoir où, sans savoir pourquoi, juste parce que c'est elle, juste parce que c'est moi « et on nous répondrait « bah les jeunes vous êtes fous » ou alors « mais c'est magnifique, on entend plus d'histoires comme celle-là aujourd'hui, c'est vraiment magnifique ! »
On aura une nouvelle et belle voiture, une grande et chaleureuse maison, un chat, peut-être même un chien. On aura de gentils voisins, des gens un peu vieux et coincés, toujours embêtesé parce que le couple de jeunots d'à côté fait sans cesse la fête !
-Aahah, j'adorerais faire la fête et embêter les voisins !.... Mais nos familles ? ! t'y as pensé à nos familles ?!
-On leur enverrait des cartes. « Bons bisous depuis la Floride, Christie et moi on s'est marié, on a trouvé un boulot et un appart et on continue nos études c'est juré . Patte d'Oie le petit chat qu'on a trouvé dans les rues tremblant de froid vous fait coucou. J'espère que le climat est tendre là-bas. Bisous , Ryan et Chrsitie.
PS : il nous faudrait un peu de sous parce qu'on commenc à être à court avec Christie.
«-Roh t'es vraiment trop bête hein ! »Il y avait en elle ce mélange d'agamcement et de bonheur, cocktail si subtil dont elle gardait le secret. Elle s'approcha de moi et reposa sa gauchement sa tête sur mon épaule.
«Pfff....ça mène où l'amour ? Tu veux aller où d'abord ?
Je restai un moment silencieux et répondis doucement : «Nulle part. »