Nues

VETUES DE MES REGARDS ...

 Vêtues de mes regards

C'est nues que je vous aime

Vêtues d'ombres mouvantes

Aux chevets de mes lampes

Vêtues de sienne ou de carmin

Sur mes plages d'été

Vêtues de vos vingt ans de vos cinquante

Vêtues de vos métamorphoses

Quand l'âge vous modèle

Au pouce des années

Vêtues de l'enchevêtrement

Des ruisseaux de vos douches

Blanches sur pré

Au vert de mes étés

Vêtues de vos pudeurs

Sous l'écharpe de vos bras

Vêtues de vos phosphorescences

Dans l'eau marine de mes draps

Habillées d'ombres capricieuses

Au tremblé des bougies

Intermittentes et multicolores

Au stroboscope des néons

Entrés par les persiennes

Hallucinées jusqu'à l'image

Dans le noir des refuges

Vêtues de vent de lumière ou de froid

D'odeurs et de parfums

Vêtues de chair de poule

Ou de grains de beauté

De tulles de sueur

De moires de duvet

Vêtues de frissons et de peau

De points sensibles au chaud

Au froid à la piqûre

Aux pincements aux malaxages

Vêtues de l'élasticité

De vos chairs triomphantes

Vêtues de différences

Vêtues de zones érogènes

Vêtues d'appels vêtues d'offrandes

Vêtues de sensibilités évanescentes

Aux affûts d'anémones

D'érections grumeleuses

Aux reliefs de framboises

Vêtues de cercles d'ondes 

Sous l'étrave de ma main

De sillages éphémères

Nés du passage de mes ongles

De vergetures émouvantes

Sur vos ventres sacrifiés

Sur l'autel de vos désirs d'enfant

Gravées par les reliefs

Des pailles de vos sièges

Faussement fatalistes

Mais révoltées

Par les boutons impertinents

Surgis comme des îles inconnues

Sous l'erre de ma main

Vêtues des négatifs de vos maillots

Impudemment tirés

Sur vos poitrines et sur vos reins

Vêtues de mes regards

C'est nues que je vous aime

Un corps de femme est une arène ensoleillée

Ecrasée de lumière

Où mes yeux aveuglés

Comme ceux du taureau au sortir de sa cave

Contemplent à chaque fois

La mort qui va me prendre.