Nuit de la lycanthropie

[Nero] Black Word

Une nuit d'été ou je m'étais vraiment retrouvé seul sous les étoiles.


Il devait être minuit quand j'avais prêté attention à un grillon se faisant entendre tout près de ma tente. Je pouvais profiter de son chant à loisir à cause d'une petite insomnie qui était venue me border. Moi j'étais là, étendu sur mon lit de camp à regarder dans le vide.

Je m'était décidé finalement à sortir profiter de cette nuit d'été pour voir la forêt, prenant seulement une lampe de poche afin d'éclairer mon chemin. J'avais franchis quelques arbres, suivant un petit sentier, qui m'amena jusqu'à un énorme rocher formant le bord de la falaise. Le paysage n'était qu'un océan d'obscurité surplombé par un ciel d'étoiles. M'assaillant proche du rebord, j'avais profité de cette vue merveilleuse et envoûtante.

Une heure s'écoula dans le silence de la nuit, mes yeux détaillant les ténèbres de se monde sauvage pour en conserver au mieux le souvenir.

Un bruit de feuilles agitées s'étaient fait entendre à mon oreille, me forçant à détourner mon attention vers le petit chemin que j'avais précédemment emprunté. Orientant la lumière de ma torche jusqu'à son entrée, j'avais pu distinguer une forme claire avec des yeux brillant me regardant directement. Marchant lentement mais avec des pas menaçant, se dressant sur ses pattes en dévoilant deux larges rangées de dents. Mon rêve éveillé avait laissé place à la peur alors que j'étais prisonnier entre ce loup immense et le vide de la falaise.

Pendant un infime instant son regard avait semblé triste et bordé de larme, mais rapidement les traits de la bête s'étaient durci et la colère était son nouveau visage. Elle s'était levée sur ses deux pattes arrière, me dépassant ainsi de plus d'une tête. Malgré son pelage clair et son corps fin, ce loup pouvait sans doute engloutir mon crâne jusqu'aux épaules en une seule bouchée si l'envie l'en prenait.

Faisant monter graduellement un grognement de derrière ses babines, la bête s'approchait de moi en maintenant sa démarche lente et menaçante, comme pour laisser le temps à la peur de m'engloutir. Sans y penser j'avais reculé pour m'éloigner de la bête, m'amenant sur la bordure qui séparait la terre ferme du vide de la chute.

Avant même que l'idée de crier à l'aide me vienne à l'esprit, la créature bondit sur la proie que j'étais à ses yeux, m'obligeant à tenter une esquive plus qu'hasardeuse.

Ses crocs étaient venus percer ma chair comme un piège se refermant entre mon cou et mon épaule droite, avant que, dans son élan, nous nous retrouvions emportés l'un contre l'autre dans les ténèbres de la forêt en contre bas. Ma dernière vision était celle de la falaise s'éloignant de moi à une grande vitesse alors que la douleur provoqué par la morsure de la bête me faisait hurler à plein poumons, jusqu'à ce que l'impact de la chute me plonge dans le noir total.

La lumière du soleil qui commençait tout juste à se lever m'avait tiré de mon lourd sommeil.

A peine avais-je émergé de ce cauchemar que j'avais été surpris en constatant ce qu'était devenu mon prédateur, alors que ce dernier avait amorti ma chute. Le corps du loup-garou avait laissé place à celui d'une fille de mon âge aux longs cheveux blonds et entièrement nue.

A ce moment elle ouvrit faiblement les yeux, respirant péniblement, et me demanda si je me souvenais d'elle. Cécile.

Dans ma confusion, je n'avais pas su quoi répondre. Dans un élan douloureux pour surmonter le supplice de ses blessures, elle m'avait rapidement résumé que nous nous étions connu deux ans plus tôt pendant les vacances d'été et avions entamé une courte relation avant mon départ, sans lui avoir laissé le temps de m'expliquer qui elle était vraiment. De notre union je lui avais laissé une fille vivant aujourd'hui chez ses grands-parents.

Elle avait ajouté qu'elle m'en avait voulut d'être parti sans lui dire au revoir, mais qu'aujourd'hui, en plus d'être père, j'étais devenu ce que l'on appelle un lycanthrope. Dans un dernier soupir elle avait refermé les yeux, s'endormant avant de s'éteindre sous le chant des oiseaux du matin.

Assis aux côtés de son corps inerte, la main posée sur la trace encore douloureuse que m'avait laissé sa morsure, j'étais resté dans ma stupeur en remettant de l'ordre dans mon esprit confus.

Pendant les deux mois qui suivirent cet événement, j'étais resté à mon campement, soignant ma blessures et me préparant à vivre ma nouvelle vie de loup-garou.


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