Nuit d'Eté
raphelle
Musique qui fuit. Musique qui vole. Elle nous prend le coeur, comme le typhon du fond des mers. Observe comme une évidence, cette violence luciférienne et l'extrême pureté qui règne en ce lieu. Elle nous mène plus qu'une simple pirouette. Lentement, sûrement l'ensemble de cordes nous purifie. Nous dissipe. Nous ôte le souffle.
Le concert commence juste. Toutefois, il met le temps en suspend. Tout le monde tourne les yeux sur cette scène. Le mouvement des instruments nous hypnotise. Séduction symphonique. Soumission du compositeur. L'hiver se dérègle. Les couches de neiges diminuent. Berlioz nous emporte comme le vent doux du solstice le plus élevé. Tiédeur suborneuse qui définit Les Nuits d'Eté. Recherché pour ses bois, ses percussions, ses cuivres et ses cordes. Musique d'intimité. Vielle de plus de trois cents printemps, elle nous semble toujours jeune.
Son envoûtement ne prend nulle ride et touche encore fréquemment. Souvent les hommes tombent sous celui-ci. Ne peuvent ouïr ce sublime. Ils veulent fuir cette céleste mélodie. Vont vers cette porte de secours. Fermé hermétiquement, elle n'entend ni leurs détresses ni les prières. Rendus ivres de douleurs. Le beau devient horreur. Très vite Folie les guettent. Folie instinctive. Destructrice. Les chimères et le réel semblent se fondre pour donner une peinture unique. Celle qui montre le Loup en nous. Où tuerie et concupiscence nous possède sous son règne.
Puis lentement, tout diminue. Un silence funèbre inonde nos sens. Nous rend notre esprit. Notre conscience. On se lève. Glorifie ces quelques heures de perfections. Se dirige vers cette sortie. Celle qui supprime notre folie fugitive. Mer et Typhon décèdent. Notre folie et l'effervescence de nos sentiments périssent. L'horloge du temps reprend. Le concert est fini. Point.