#72 Jet Lag
Open Your Mind
Le matin c'est dur putain.
Le cordon tripier encore accroché à mes chimères nocturnes, la mise à jour de ce formatage quotidien est lente.
Tes yeux perçants, sombre clairvoyance, une profondeur dans laquelle je voudrais m'engouffrer.
Ta voix, une fréquence qui me parvient en plein moi, au delà des murs et des couloirs, au delà des mots.
Le matin c'est dur.
La journée travaille à m'incarcérer dans la matrice, à coups de quotidien.
La nuit relève le voile.
Alors le matin c'est dur.
Eveil
Elle marche sur la brèche, animale, sensorielle et sentimentale.
Centrée sur son nombril, elle aspire à son énergie. Elle veut sa peau, ses lèvres et ses synapses.
Elle veut lui dire combien il lui manque, combien elle est nue à présent.
Les palpitations, les larmes et le syndrome du membre fantôme.
Sur cette crête, elle voudrait le couvrir de mots, rester attachée, soumise à son souffle.
Sur cette crête, son ventricule vibre au timbre de sa voix, son avenir est au fond de ses yeux sombres.
Elle voudrait être Celle comme il est Celui.
Elle voudrait se dire que mille raisons le pousse à mettre les distances, sauf celle de l'indifférence.
Elle voudrait croire qu'elle hante ses nuits comme il colle à ses jours.
Fin de matinée
3 cafés, 2 clopes, 4 dossiers traités
Le brouillard instinctif laisse place à la clairvoyance de son être civilisé.
Elle traverse ce pont qui la mène vers l'autre rive et comme une sale gueule de bois elle se souvient de son exhibition.
Quelle conne !
Comment a-t-elle pu se muer en ces êtres qu'elle exècre, et s'accrocher à cet amour, imaginaire.
On n'impose pas l'amour et l'attachement, au risque de creuser le fossé.
Toutes les analyses, tous les arguments, toutes les auto tartes-dans-sa-gueule commencent à payer.
Elle se libère.
Mais…
La nuit se dévoile, et ses certitudes s'accrochent au jour qui s'enfuit lentement.
Le hasard n'existe pas.
Si elle a croisé sa route c'est qu'il y a une raison.
Pourquoi reste-t-il là, au creux de sa peau ?
Pourquoi ne s'efface-t-il pas, comme tous ceux qui l'ont précédé ?
Demain tout ira mieux.
La nuit
Elle traverse vers l'autre rive...
D'un côté la réalité des sens, de l'autre celle de la raison.
Aucune des deux ne détient la Vérité.
Elle chemine d'un côté puis de l'autre, espérant qu'au bout les chemins se rejoignent.
Photo: Florence AT