Objet du désir
Liam Egureglia
Femme au foyer est le fantasme de beaucoup d'épouses encore aujourd'hui.
Bien que soit passée la révolution sexuelle des 60, le féminisme des 70, les années 80 ont marqué le renouveau de la ménagère.
Si en plus celle-ci n'a pas d'enfants à sa charge, cela prend des allures de vacances prolongées.
Malgré tous les aspects positifs que cela comprend, il faut bien admettre que le rythme décalé des journées passées dans le canapé à regarder le télé-achat vous rend dépressive et ce au bout de quelques semaines seulement.
Pour se changer les idées elle a bien songé au bénévolat, faire partie d'une association, un club de sport mais son mari préfère la savoir à la maison.
C'est qu'il est un peu jaloux son Patrick.
Un jour il l'a même poursuivie dans la maison avec une facture téléphonique à la main en lui demandant à qui appartenait ce numéro qu'elle appelle quand il n'est pas là jusqu'à ce qu'il se rende compte que c'était le sien.
Que voulez-vous, quand votre mari est un homme très vieille école on n'a pas trop le choix.
Et quand je vous dis qu'il est vieille école, je mâche mes mots, il est carrément resté dans les années 60.
Si vous l'écoutiez parler... Pour lui c'est l'homme qui doit mettre le pain sur la table et la femme s'occuper du ménage.
A ce propos, le seul truc pour lequel elle aurait réellement besoin de son aide c'est pour faire les courses mais il préfère de loin passer son samedi à la pêche.
Bien sûr Lisa pourrait aussi se faire livrer ses courses comme Madame Ann, la voisine d'en face.
Elle l'observe souvent à travers les rideaux de sa fenêtre prendre plaisir à donner son pourboire dans sa chambre à coucher au jeune livreur.
Sans d'autres moyens, elle se retrouve à faire les courses toute seule ma pauvre Lisa, soumise à son confort et au conformisme de son arriéré de mari.
En passant dans les couloirs du centre commercial, elle s'arrête devant la vitrine de cette nouvelle boutique. Non, pas celle qui vend des cigarettes électroniques, l'autre, juste à côté. Le magasin de lingerie coquine : "POuRNOuS CHIC".
D'abord elle hésite à rentrer mais le sourire de la vendeuse qui est plus jeune qu'elle la rassure.
Une fois à l'intérieur, elle est forcée d'admettre que cela ne ressemble pas à l'idée qu'elle se faisait de ce genre d'endroit, ce n'est pas un sex-shop pour libidineux, rempli de poupées gonflables et de magazines pornos.
Au lieu de ça, c'est de la lingerie et des bijoux qu'elle découvre dans les allées de la boutique, des parures de charme.. La vendeuse lui conseille d'en essayer mais notre Lisa n'oserait pas et puis qu'en penserait son mari?!
Finalement elle craque sur un ensemble soutien-gorge culotte et c'est en passant à la caisse qu'elle découvre dans la vitrine comptoir un objet qui attire son attention.
Alors que la vendeuse l'encaisse et lui tend le lecteur de carte bancaire son regard est focalisé sur l'accessoire en plastique de forme phallique brillant, comme absorbé.
La vendeuse ayant remarqué l'attirance de sa cliente pour le sex-toy, le sort de la vitrine pour le lui présenter et propose même une remise sur son prix.
Les joues de Lisa rougissent. La vendeuse sûrement sensible à sa réaction quelque peu juvénile, dépose l'objet dans son sac en lui adressant un clin d'œil complice.
Troublée, en partant notre femme au foyer en oublie sa carte dans le lecteur. La vendeuse la rattrape en lui tendant sa carte que Lisa prend sans oser la regarder.
Sans même avoir fait ses courses, ce pourquoi elle était initialement venue dans la zone commerciale, Lisa repart chez elle, son petit sac en plastique dorée à la main.
Petit sac en plastique opaque pour ne pas que l'on devine ce qu'il contient, que son militaire de mari ne voit cela.
Même s'il est bien loin de pouvoir le faire, a des kilomètres de là en mission dans une contrée hostile, à discuter avec Serge son Sergent (ça ne s'invente pas, imaginez quel aurait été son prénom s'il était colonel!).
Un grand moustachu à la coupe aussi carrée que ses épaules, raconte qu'il lui arrive souvent d'entendre des tas d'histoires de militaires revenant de mission trouvant leur femme au lit avec un autre ou pire les serrures de la porte changées à leur retour.
"C'est ce qui s'appelle revenir en héros" commente son sergent avant d'ajouter à l'attention de Patrick "si tu veux un bon conseil, fais lui des gosses c'est ce qu'on fait tous".
Pendant ce temps, en son absence sa femme redécouvre le plaisir de rester au lit, des grasses matinées et des longues siestes.
Le brave soldat revient enfin du front, avec pour sa femme un cadeau, une statuette de bois représentant un guerrier Kanak en érection. En somme une représentation de son alter ego aborigène.
Toute contente elle l'embrasse tendrement, mais à peine a-t-elle le temps de savourer ses retrouvailles qu'elle se retrouve allongée sur le lit les vêtements partiellement arrachés.
Elle se débat gentiment d'abord puis tombe à genoux par terre, se retrouvant ainsi la tête entre les jambes de son mari. Il en profite alors pour lui maintenir la tête vers le bas.
"Femme au foyer, femme à bibelots, femme à objets si vous voulez mais pas femme-objet! Ah, ça non! Je refuse de me faire considérer comme un vulgaire trou!" pense-t-elle.
Il lui plante son doigt dans la commissure des lèvres, tire comme un hameçon pour lui faire ouvrir la bouche et y rentrer sa bite.
Lisa essaie de la garder fermée et reçoit une baffe.
Et quand vient l'idée à son mari de lui pincer le nez, cette fois ça fonctionne, celui-ci profite de la brèche. Par réflexe elle mord son cher et tendre qui est plutôt fort et dur à l'instant présent.
Elle parvient enfin à le repousser pour reprendre sa respiration.
Fou de rage, il donne des coups de poing dans le mur, se met à fouiller la chambre à coucher à la recherche d'un amant. Il commence par son armoire, puis sous le lit. Heureusement pour Lisa, elle avait caché son godemichet, son jouet-pour-adulte, son sex-toy, son Don Juan d'Autriche, son dildo si vous êtes canadien.
Hélas la seule chose qu'elle ne parvient à cacher c'est son air épanouie, les couleurs retrouvées sur son visage, cette lueur espiègle qui illumine son regard et ça le rend encore plus suspicieux, imaginez!
Les larmes aux yeux, elle réalise avec une certaine malice qu'elle a bien fait de cacher l'objet de sa jouissance dans le seul endroit où il ne pénètrera jamais : sa cuisine.
En son fort intérieur elle pense: "et lui qui ne sait pas ce que je fais maintenant quand il me dit de retourner à mes casseroles".