Odyssée

ender

Paris, Esplanade de la défense

Les étoiles de mer agitent les bras et gueulent vers le ciel

Les autoroutes sont constipées

Les voitures traînent leur cul comme vous traînez vos vies

Un jour les chiottes déborderons et descendrons manifester dans la rue

Même votre colère s’évacue dans les canalisations

Les camions citernes succèdent aux arroseuses

Les rotations aux rotations

Tout croule dans un délire infernal

Comme si le monde se vomissait

Vous êtes les nègres de vos propres spectacles

Un jour vous démocratiserez la thermodynamique

Et l’homme du futur chiera dans son froc

Ou sur la cuvette de ses W C

Chacun vit de sa plus petite différence

Les cimetières d’autos compressées s’élèvent comme des Népals d’ordure

Le ventre des villes s’écoule dans une menstruation sans fin

Les chiens lapent le sang des trottoirs les lendemains de fête

Les enfants des ghettos se saoulent à la gazoline et se perforent l’estomac

Puis crèvent les yeux injectés de sang tournés vers le ciel

Même la misère est une mise en scène

Vous êtes les héros de vos propres spectacles

L’Europe libérée descend chaque soir le rideau de fer sur ses vitrines

Les réducteurs de tête contemplent leur création

au plus haut des buildings

Océan de smog

Dépossession

Le soleil se larve et projette son ombre comme un maléfice

Par dessus les tours et les enseignes

Et vous écrase

Sur les trottoirs les ombres passent

Et vous les piétinez comme on vous piétine

Vous êtes les victimes de vos propres spectacles

Les périphériques vous enserrent comme des vulves de chiennes

Dans le silence de la nuit

Intestins montés en réseaux les trains les métros les rues

Vous dégueulent devant vos portes

Les déchargent creusent la terre

Vous ne léguerez à vos descendants que des cratères d’ordures

Elles nourrissent déjà tout un peuple d’oiseaux et d’insectes

Processions d’aérogares langage codé recodé soumis à la loi et à la règle

Les paroles s’arque-boutent les unes aux autres

La colonne des bibliothèques est pointée sur l’infini

Asymptotes fonctions exponentielles

Un jour on vous fera apprendre des catalogues de formules de formulaires

Les mots appartiennent aux réducteurs de tête

L’homme qui se tait devient meurtrier

Indiens accroupis les pieds dans l’urine à l’entrée des stations

Ils tendent la main pour de l’argent

Le sang l’ordure et le sexe s’entremêlent

pour former le corps des villes

Les insectes dressent leurs antennes sur le toit des immeubles

Les calices géostationnaires déversent leurs amen

Vous mangez

le visage tourné vers vos téléviseurs

comme des chrétiens au repas de Dieu

Transubstantiation universelle les miracles s’accomplissent

dans un flux grandissant

Equinoxes en devenir perpétuel

Jardins ouvriers au bord des autoroutes

paradoxes

Cercles des bretelles

Anachronismes en collision

Vos ramifications toujours plus drues s’acharnent à tapisser la terre

S’enracinent dans les consciences

Maintenant les signes ont abolis la frontière du monde solide et des esprits

Déjà vos femmes se font boulonner clouter incruster du métal

dans la chair

L’Avenir a été englouti par la circularité du temps

Et les prophéties se vérifient d’elles-mêmes

Sucre

Océan

La mer se change en merde

Les fumeurs de haschich dessinent des ronds dans l’air et font des O majuscule avec la bouche

Tout ce qu’ils tiennent leur échappe

Ils plongeront dans un sommeil hachuré ou sans rêves

L’opéra de Fitzcarraldo dérive quelque part atomisé dans l’espace

Cuvette gravifique

Même vos rêves sont soumis à l’attraction

Et vous ramènent dans le cul du monde

Vous êtes votre propre cauchemar

Explosion démographique

Il n’y a pas d’harmonie possible en ce monde

Les êtres qui veulent s’aimer se dévorent

Des cadavres de fer blanc s’échelonnent le long des voies ferrées

Les condoms usagés montent à l’assaut des remblais

Les bars vous éjaculent à 2 h du matin

Cris et jouis et l’orgasme couve sous le bulbe des auditoriums

On a enlevé les anneaux de fer du nez des taureaux

Vos femmes ouvrent les cuisses et lancent leur sexe en avant

Le blackout surgit déserts glacés

Amoena

Amoena

Je suis toujours vivant.

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