On s'en branle

Alexandre Papazof

Ça va mieux en le disant....

Ton carpaccio de légumes bio de saison sur lit d'écrasé de panais aux chandelles : on s'en branle ! 

Ta partie de bowling avec ta fille et ta mère : on s'en branle ! 

Ton chat trognon dans un carton de déménagement : on s'en cogne ! 

Le temps que tu as mis pour parcourir ton semi-marathon : on s'en balance ! 

Ton message pour les vrais amis que si ils nous trahissent c'est vraiment rien que des gros nuls : mais on s'en branle bordel ! 

T'as vraiment que ça à foutre d'étaler ta vie sur les réseaux sociaux ? Et en plus tu imagines que ça puisse nous intéresser ? Tu te prends pour Nabila ou quoi ?

Tu attends quoi ? Tu veux que je te trouve super ? Tu veux que j'ai envie d'être toi ? Tu veux que je donne de l'attention, de l'affection ? De la tendresse ? 

Tu veux quoi au juste ? M'épater ? Me surprendre ? Me faire préférer toi à tous les autres ? Tu veux mesurer l'amour qu'on te porte ? 

Regarde-moi !

Je ne fais pas tout ça.

Moi, je viens te plaquer au mur et t'assaillir de questions.

Ça c'est du lourd !

Je viens brasser du vent pour te faire sentir mon pet. Ça pue, hein ? 

Moi je te propose autre chose que toutes ces futilités, je te propose de lire mes textes, c'est comme un selfie, mais c'est toi qui es sur la photo, c'est toi le sujet, je me mets en retrait et braque le projecteur sur ton regard...  mais tu restes muet. Muette.

Tu ne saisis pas la perche, tu ne prends pas le temps de saisir la profondeur de mes propos, la profondeur de ton puits mental, la profondeur de ton bassin émotionnel. Ta mécanique cérébrale ne permet pas cette temporalité verticale. 

Comment il faut te le dire ? Ta vie je m'en tamponne le coquillard, je m'en bats les couilles, je m'en contrefous, c'est toi qu'elle doit intéresser ! 



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