Oui, un dimanche après midi . Août - 7 -

Dimanche 3 août 2014 - 15.30 -

    Et ce sont peut-être les dimanches d'août qui sont les plus terribles quand le soleil donne et fait fondre le bitume, que vous imaginez des milliers de vacanciers s'ébattant dans les éclats et scintillements aveuglants de la mer dont vous commencez à oublier les couleurs et les senteurs du varech, alors que vous, vous êtes seul ou seule, mais seul ou seule  à deux aussi ...

    Il n'y a plus de voitures occupant les trottoirs, il y a des places de stationnement en nombre. La rue est chaleur de déserts bitumeux, et les punis de l'été ont fermé leurs volets pour moins voir  et souffrir du soleil, et moins penser grand air et libertés...

   Alors on peut se mettre au lit, et dormir tout bêtement, se passer en replay la dernière retransmission du spectacle de Bigard sur W9 ou regarder sur Arte un reportage sur les derniers éléphants en Thaïlande...

    Et c'est ainsi qu'écrivant il est déjà l'heure ou presque du goûter, une petite glace, mais après ? Et en attendant le film - moi j'aime beaucoup Jean-pierre Bacri, il a mon caractère joyeux et optimiste - du dimanche soir que rien ni personne ne nous oblige à regarder . 

    Le repassage ça va bien mais on va pas repasser à longueur de week-end, alors donc je prends mon crayon et je commence à le suspendre au dessus de la feuille blanche, et voici la mine prise d'un tremblement, il y a comme une attirance, entre la feuille et la mine de crayon, ça miaule, ça couigne, ça ronronne, ça frôle, ça feule, et hop voici la mine qui pique sa pointe sur la feuille et qui hésite, dessine quelques lettres, écrit quelques phrases, tiens voici Candy la fille du voisin, elle me plairait bien la fille du voisin oui mais la fille du voisin, mais une fille c'est interdit aux plus de ... Et puis quoi, bon ! allez je me'envoie un grand verre d'eau ouf ça va mieux, je retombe sur madame de Sévigné ben oui moi j'ai pas Musso, Gavalda et toute la bande ... On frappe à la porte, ce sont les gendarmes, on a lu que d'après votre adresse Ip vous passez bien du temps sur ... Quoi, quoi quoi monsieur le gendarme, vous surveillez mes adresses Ip ! Nous avons une commission rogatoire ... Donc vous trifouillez dans mes neurones, vous scannez mes neurones, vous les soumettez à l'imagerie à résonance magnétique ... ! vous connaissez le cours de mes pensées les plus intimes ...

   - Les plus perverses monsieur !

     Stop, j'arrête ! c'est bien gentil de se lancer dans une histoire, mais maintenant voici la mine du crayon qui sèche, moi qui tire la langue, ou vais-je .. Il faut un mois, trois mois, deux ans, trente ans pour écrire un roman, oui y' a les nouvelles, oui la nouvelle ... Okey  ! j'y vais pour la nouvelle, j'ai chaud ça perle, j'ai la fin de l'histoire, ils m'emmènent -  les  gendarmes ! faut suivre -, garde à vue, mais le juge ne me met pas en examen, il a dit au gendarme enquêteur, un jeune qui débute, il lui a dit moi j'ai quarante ans, à mon âge vous verrez que que l'on aime bien les filles des voisins et quand vous on vous scannera les neurones gare ! l'on y découvrira un sacré fatras de bizarreries, allez libérez cet homme, ça n'a jamais fait de mal à personne de regarder la petite blonde du voisin. Si Dieu n'aimait pas les filles il ne les aurait pas créées, on les vexerait et on le vexerait à ne pas les regarder et puis hein la beauté d'une femme n'est que la minceur de sa peau .

   Ouf, je m'en suis tiré, oui d'accord, y 'a du déchet, y 'a à redire mais c'est tout d'un jet, et voyez en une demie-heure j'ai le corps de ma nouvelle ... Mais c'est ça la littérature, se lancer, écrire, brouillonner et après reprendre ...

    Et d'abord je ne dirai pas " Je " " J'ai ", je commencerai ainsi : 

" C'était un beau dimanche du mois d'août deux mille quatorze, monsieur  Peaufine achevait sa sieste quand la sonnerie de l'entrée le fit violemment sursauter. Il fut debout d'un coup, torse nu et en caleçon. Il courut pieds-nus vers la fenêtre et derrière les rideaux perçut deux grandes bêtes de gendarme. Il vacilla. ... "

    Bon je lève la plume ça fait quand même plus d'une heure que j'y suis ...

                                                µµµ