Overdose Moderne - fin
Guillaume Vincent Simon
L’air est jaune, la réalité fuit…
Au Bourget flotte une atmosphère stupide, une réalité falsifiée, comme trompée par l’espoir qui renaît, encore une fois, le jeu tourne à la faveur de ce qui ont en eux le pouvoir de faire de leur vie une comédie.
Les jets alignés brillent du reflet puant de notre orgueil, et ils s’envoleront la haut, là où tous les pauvres rêveraient de nous voir rester…
Sur place, tout avaient été prévu pour que les puissants que nous sommes puissent se remettre des émotions que nous venions de vivre, la perte de tous ce que nous avions, la perte de tous ce qui constituait notre patrimoine, et surtout de nos certitudes.
Un monde qui s’est d’un seul coup effondré, barbare et remarquable, notre monde vint de disparaître, du moins, ce à quoi nous étions attaché.
Le pouvoir est une chose étrange, qui passe de main en main d’une manière récurrente, c’est un jeu vicieux dont tout homme rêve, une preuve de plus de sa soit disante toute puissance ridicule, à laquelle seul lui ne peut que croire en toute innocence, un jeu, oui il le conquiert, il l’atteint, et en faisant tout pour le garder, il le perd, bêtement, car le pouvoir fait briller les plus viles passions, et toutes passions quelles qu’elles soient, vous rend fou, et vous conduit à votre destruction.
Nous avions perdu le pouvoir, mais nous étions nés avec, nous étions désarmés, et perdus comme ces gosses dans la rue qui errent et qui sont perdus car ils n’ont plus de repères, ou qu’ils n’en ont pas, la sensation terrible de la solitude, comme une sorte de mutilation sociale, brutale, on nous avait amputé.
Je ne vis même plus demain, pour la première fois l’idée que ma mort, si proche soit elle, serait dans ces conditions m’effrayait, je ne compris plus vraiment alors pourquoi tous était vraiment finit. La passion et la jalousie devaient être les armes d’aujourd’hui, et nous ne les avions jamais eus, ces armes là.
En toute quiétude, sans que le ciel ne soit couvert de quelque nuage, nous étions là, certainement pour la dernière fois, douche massage, évidemment repas préparés par le Nôtre et encore une fois, nous jouions, même au précipice d’une mort évidente et éminente, nous jouions les faux hommes, ce qui font semblant d’être civilisés et éduqués, alors que leurs pulsions chics sont les mêmes que celle des pauvres qui veulent bouffer, et qui sont prêt à tout pour ca.
Le soleil à travers nos lunettes de soleil, la délicieuse brise qui caressait notre peau satinée, assis dans ce transat à boire, à fumer et à discuter de choses et d’autres, il y régnait comme un goût d’avant, nous, l’air pollué du Bourget, entouré d’un impressionnante troupe qui nous permettait de vivre pour faire semblant, nous étions pourtant tous condamnés à mort, et nous profitions de nos derniers moments.
Nous avons passé la nuit à regarder I télé, pour constater l’ampleur du désastre, toutes les villes avaient été touchées par cette vague de vengeance populaire, à priori un autre camp comme le nôtre avait été mis en place à l’aéroport de Nice, mais la nuit dernière il fut attaqué et après les avoir tous exécutés, les insurgés les avaient jetés dans la mer. Nous étions le dernier regroupement de riche de France, nous faisions le dernier rallye de France. Nous avions peu dormis, l’angoisse d’une attaque nous occupait l’esprit, plus que lors de nos fuite.
La nuit passa pourtant, et au petit déjeuner, les majordomes nous convirent à nous installer dans les jets qui ronflaient de nouveau, l’évacuation allait avoir lieu. Un à un, nous gagnèrent l’intérieur beige de nos Falcon, nous nous installâmes par groupe de quatre pour un court voyage.
Les 41 Falcon réunit pour l’occasion se préparent à décoller. Nous quittons ce que fut la France.
Et certainement notre monde, nous étions damnés.
Dernière demeure.
La sueur dégouline sur mon corps, cette sensation bizarre, une chaleur écrasante, mes membres qui ne répondent plus. La musique me perce les tympans, et les gens autours me regardent, je suis encore seul, le club est plein à craquer, les lasers dans la fumée dessine des formes joyeuses, ma tête s’écrase contre mes épaules, j’ai mes yeux qui se flouent, les gens ne sont plus que des formes, des contours abstraits et angoissant, je bois.
Dans l’avion, les informations nous apprennent que le camps du Bourget avait été saccagé, nous en avions réchappé de peu, le ciel est paisible, les nuages de la Bretagne et de l’Atlantique m’apaisent, nous ne devrions plus vraiment tardé à atterrir.
Le porte-avion se dessine de plus en plus précisément, la masse grise au milieu de l’immensité bleue, nous sommes obligés de rester en altitude le temps que les premiers avions se posent ; la folle course semble s’arrêter. Mon cœur se calme, et mes yeux se détendent. L’avion amorce sa descente. Tout est finit, je finis mon Whisky.
Les palpitations se font de plus en plus fortes, j’ai l’impression que mon cœur s’efforce de mes maintenir éveiller. La musique est de plus en plus forte, les gens de plus en plus rapide. J’ai l’impression de tomber – je vois un verre couché sur le côte, je suis sur ma table, affalé, je vomis tous ce que je peux, j’ai affreusement mal à la tête, j’ai la coke qui me sors du nez, je saigne de partout. Les formes qui ressemblent à des gens courent et s’agitent autours de moi, ils sont flous et je n’entends plus rien, je suis plein de gerbe. L’obscurité.
Une fois sur le pont du navire, nous fument invité à poursuivre notre chemin vers un yacht qui était abordé contre le navire.
Une fois à bord, le bateau parti. Nous regardions au loin s’effacé le porte-avion. Je ne savais pas où nous allions.
Dans la nuit, l’équipage nous réveilla brusquement, et nous força à aller sur le pont. Nous étions piégés, les insurgés avaient pris le navire lors de son départ de La Rochelle, le sang vola, et dans les faisceaux de projecteurs, comme sur un scène, nous nous regardions mourir un à un, mon voisin fut tué par une balle. Je sentis alors une affreuse douleur dans mon abdomen ; le sang se répandit sur mes vêtements blancs. Je tomba sur le pont, plein de sang. L’obscurité.
FIN