PAPA

misskatt


La nuit était chaude et le parfum des fleurs sauvages se répandait dans la maison aux fenêtres ouvertes. Fiona décida de se lever, ayant renoncé à essayer de se rendormir. Vêtue d'une nuisette blanche elle descendit dans le grand salon qui donnait sur la baie. De loin elle voyait un rocher rond émerger de l'eau, comme une boule noire inquiétante. Elle alluma une cigarette et s'assit en face de la fenêtre.
-Tu ne trouves pas le sommeil, ma fille ?
Fiona sursauta en entendant la voix de son père.
-Papa ? Mais tu es arrivé quand ? Tu as voulu me faire une surprise !
Elle se jeta dans ses bras et y resta blottie un instant.
Le vieil homme s'assit dans le fauteuil en cuir, jambes croisées, l'air las. Ses cheveux blancs brillaient sous le clair de lune et ses yeux clairs un peu délavés se plissaient lorsqu'il souriait.
-Ma chérie, je ne fais que passer, je voulais juste te voir, dit-il en prenant la cigarette de la bouche de sa fille.
-Tu n'as pas encore arrêté cette saloperie ? Il écrasa le mégot dans le cendrier.
Elle ne protesta pas et se rassit sur le vieux tabouret.
-Papa, tu m'as tellement manqué…Mais, tu ne devais arriver que dans deux jours ! C'est bien toi ça !
-J'avais tellement de choses à te dire…
-Nous avons le temps ! Tu pourras me raconter toute ta vie, pour la centième fois papa !
Ils se regardèrent longuement. Ils avaient les mêmes yeux, la même allure.
Le vent se leva et il emporta des centaines de pétales blancs. Ca ressemblait à de la neige. Elle frissonna un peu et tira un plaid sur ses jambes.
-Raconte moi l'histoire de quand tu étais petit, s'il te plaît.
-Je n'ai plus le temps Fiona. Je suis venu te dire que cette fois-ci c'était la bonne.
Elle ne comprenait pas ce que son père lui disait. L'horloge sonnait deux heures du matin.
-Attends ! Je vais faire du thé, papa ! A la menthe ! Ton préféré …
Elle se dirigea vers la cuisine, et s'apprêtait à allumer quand un souffle froid lui frôla le dos. Elle retourna au salon. Son père n'était plus là.
-Papa, papa ? Elle alluma toutes les lampes en parcourant les pièces une après l'autre. Lorsqu'elle fut à l'étage le téléphone sonna. Elle descendit très vite l'escalier de pierre noire.
-Allo ?
-Fiona ? Tu es réveillée ? La voix de son frère résonnait étrangement dans la nuit.
-Tom ? Qu'est-ce qui se passe ? Tu as vu l'heure ?
-C'est papa… Oh, Fiona ! Ses valises étaient prêtes, il était si heureux…Tom pleurait.
-Papa ? Mais il est ici Tom ! Il était là il y a deux minutes, il a du sortir et…
-Papa est mort Fiona, tu m'entends ? L'interrompit Tom.
-Cette fois ci son cœur n'a pas tenu. La crise cardiaque à été fatale….
Fiona ne dit rien. Les larmes coulaient lentement sur ses joues pâles.
Elle regarda le grand fauteuil en cuir, vide, et sentit flotter le parfum de son père.
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