Par la vitre du train

aporie

      Le train s'ébranle, déséquilibrant les passagers qui, n'ayant pas trouvé de place assise, ont finis par se résoudre à rester debout. Lui, il est là, à moitié assis sur sa valise, entre deux voitures, et il regarde le paysage passer de plus en plus vite au travers de la vitre. A mesure que le train avance, lui se sent s'éloigner. Plus les secondes défilent, plus le train va vite, et plus le trou dans sa poitrine (vient-il de naître ou a-t-il toujours était là ?) semble s'agrandir. 

      Il voit une silhouette passer, du coin de l'œil, et l'espace d'un instant, son cœur s'arrête, puis s'emballe. Il sait pourtant, que ça ne peut pas être elle, mais quand il la cherche du regard, il ne peut s'empêcher de reconnaître la forme d'une épaule, ou bien la couleur de ses cheveux. Mais le train avance toujours, et lui s'éloigne encore. Il s'éloigne de cette femme qu'il aime, trop peut-être, à laquelle il s'est attaché trop vite, il s'éloigne de ses amis, ces hommes et ces femmes qui l'aide à respirer, à ne pas sombrer, et de cet endroit dans lequel il lui semble pouvoir être lui-même, au moins un peu.

      Il s'éloigne d'une vie, une qui lui fait encore tenir à la sienne, et alors que le paysage défile toujours inexorablement par la vitre du train, il se met déjà compter le temps qui lui reste avant de revenir, avant de monter dans le train qui le ramènera auprès d'eux.


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