PARIS
roller_coaster
(C'était Paris ou rien ce soir, j'avais besoin de sortir. Je respirais plus à la maison faut dire qu'enfermée dans un appart en banlieue avec un frère bon à rien ça aide pas. J'ai eu de la chance il pleuvait pas (une première depuis plusieurs jours...) alors j'me suis habillée avec mes fringues de la veille, deux coups de mascara et je suis sortie. Une jeune fille de 17 ans (ou presque) qui en avait mare de sa vie de "pré-adulte" parce qu'elle n'était ni complètement adulte ni complètement ado, voila à quoi je me résumais une fois assise au fond du bus la tête posée contre la vitre froide. Je me sentais fatiguée, comme vide. J'avais pas vraiment tort j'étais vide parce que j'avis jamais réellement vécu quelque chose mais à 17 ans (bon d'accord 16) tu voulais que j'ai vécu quoi?! C'est pour ca que je suis sortie aussi parce que... une fois penchée sur l'eau verdâtre de la Seine bizarrement je me sens moins vide. J'ai le sentiment que je peux devenir ce que je veux et que si j'y arrive pas je pourrais toujours me jeter dans cette eau dégueulasse. (Je pense que la vie est trop courte, j'aimerais que l'on puisse vivre assé longtemps pour vivre tous ce qui nous tiens à cœur. Bref c'était une parenthèse). Paris est une grande et belle ville. Mais aujourd'hui je m'en foutais royal de la tour Eiffel, du Louvre ou des bâtiments Haussmanniens. J'étais là pour regarder et être regardée. J'aime les pousser à bouts ces inconnus dans la rue, dans le métro, au café; les hommes et les femmes. J'aime parler avec mes yeux leur raconter des secrets qu'eux seuls comprennent, parce qu'à ce moment précis je ne regarde qu'eux. Et d'un coup sans prévenir j'explose comme la bombe qui va les anéantir, qui va laisser d'eux qu'une bouillie de chaire, d'os et de sang répandue sur le sol comme sur une tartine (sale comme image hein? mais c'est ce que j'imagine...). On dit que les yeux sont les portes de l'âme. Personnellement mes yeux sont mon âme, si un jour je deviens je pense que je me suiciderais et hop un petit tour dans l'eau sale et opaque de la Seine. A Paris il n'y a pas de place pour la demi mesure, c'est tout ou rien un peu comme avec moi, c'est pour ça que je m'y sens si bien. Ces personnes quand je les regarde je les subjugue, ils sont comme envoutés et la je détourne mes yeux bleus et je les laisse déconfits. Et pendant quelques secondes ils se demande pourquoi je les ai regardé, qui je suis...
Ou alors c'est moi qui imagine tout ça. Quand je dis tout ça je parle des regards et des bombes. Peut être qu'ils ne se demande rien c'est juste moi qui délire. Finalement je pense que c'est plutôt ça je suis une putain de gamine de 16 ans qui veut se crée une vie imaginaire ou une personnalité imaginaire pour pallier un manque certain de contenant. Donc je suis vide. 16 ans et je me sens ridiculement petite et vulnérable face au monde immense qui s'étire sous mes pieds comme une masse vivante qui voudrait m'avaler parce que je ne vis tout simplement pas. Et voila je me fais bouffer à la fin je ne me noie pas dans la Seine, pas besoin je suis déjà morte. 16 ans et mes yeux bleus voient les mures se rapprocher dangereusement.) Bref c'était une parenthèse sur la réflexion déraillée de quelqu'un qui a passé la soirée à Paris.