Paris est à moi

Salim Shelow

Dimanche 23 octobre matin. Je viens de déposer mon fils à la gare de Lyon. Il part en vacance. En rentrant, je passe sur le pont de Bercy. Touché par l'instant, il faut que j'écrive...

Deux Signes Flirtent en surface
Un doux vent repeint les voiles flottants
La voix un peu enrouée
Je chuchote chaque mot venu se poser

Je te rencontre enfin
Paris matin
Le fleuve passant
Le pont de Bercy

C'est encore moi qui te regarde 
Le réveil plein d'idées
Je n'ai pas su me recoucher

Les villes bruits

Scooter hurlant au feu tout juste vert
Les railles et leurs trains glissants
Concert sourd
Chants de cliquetis 
Chœur de grondements

Je n'entends plus la nuit
Je retrouve la vue
Mon ombre sous la voûte 
Le rayon dans le dos

J'ai d'abord traversé d'un quai à l'autre
Intrigué par ce défilement de sombres et lumières
J'ai préféré fermer les yeux

Inondé par un million d'impressions
Entre la chaleur lumineuse d'un Soleil radiant 
Miraculeuse force, indispensable présent
Et la fraîcheur imposante de cette sculpture vivante
Jouant pleinement son rôle, harmonieuse convenance

Revenu au milieu
Finalement assis
Je suis la pièce principale
Paris magique?

"Salim est un roi"

Le silence entre toi et moi est un secret
Je le crierais sur tous les toits 
Que personne ne le saurait 

Je n'ai plus grande crainte,
Je rêve même pour trois
Chacun de mes souffles est un signe de foi

Le regard sur la Seine
Je n'écoute plus les sons
Je suis seul avec toi

"Paris est à moi"

Retrouver la paix
Oublier rancœurs
L'aube et la fin de la nuit

Le souvenir frais 
Mon petit parti
Il m'a laissé son sourire

Octobre et lumineux
Tu charmes comme tu changes
Je ne t'ai jamais cherché
Et te retrouve encore une fois

Automne et désireux
Mon impossible miroir
Tu me reflètes tout l'espoir

Je suis bien comme je suis
Agréable instant
Nous sommes comme nous sommes
Créature et création

Un passant venu m'interrompre,
A dos de vélib,
Me parle sans dessein
Demandant d'où je viens
"T'es du Congo?
- Non de Mayotte"
On rigole un peu
"Et t'écris quoi? 
- C'est juste un texte.
- Mais tu veux percer comme Rohff?"
On rigole encore
Je lui réponds que je ne fais qu'écrire
Je passais là et il fallait que j'écrive
Il repart amusé
Exclamant approximativement des mots de chez moi
"COUEZI! MADABA! NDJEMA..."

Retombé d'où j'étais
Je suis comme réveillé
D'histoire inachevée

Mais rien de grave
C'était toi Paris
Tu m'as salué
Puis tu es partie

A notre prochaine histoire...

 

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