Paris Morose
maelle-thma
Les gens s'entassent, s'écrasent, se bousculent et se compressent, plus un mot ne se fait entendre à part le brouhaha des moteurs déchaînés. Et moi, je suis là, assise sur ce parquet trop sombre, encore taché par la tasse de café. Paris, ville gouvernée par l'air irrespirable, par le ronronnement des voitures essayant de rattraper leurs retards. Retard causé par un nombre incalculable de machines qui s'entrechoquent, et qui dévient. Depuis quelques temps, le monde devient plus sombre. Il s'effondre sous nos pieds, se déchire et se brise encore et encore. Mon espoir en l'humanité peu à peu s'efface, comme des souvenirs d'une autre époque dont je n'ai pas encore pris conscience. Et je cherche au fond de moi, l'espoir de nouveau lendemain plus rayonnant et moins macabre. Pourtant moi qui suis assise, je fixe en vain le plafond de cette chambre trop petite, trop sinistre. Espérant comprendre pourquoi mon âme sonne creux, et pourquoi mes larmes ne parviennent à glisser le long de mes joues bouffies. Il y a peu de temps encore Paris dansait de ses lumières, tandis que les gens trop soucieux de leurs plaisirs, traînaient jusque tard à l'intérieur des ruelles, plongées dans l'obscurité sans fin des nuits pluvieuses. Dansant et chantant parfois avec quelques grammes en eux. Je regrette ces jours où l'humanité savait encore dire je t'aime, au monde, aux femmes et aux hommes. Mais maintenant plus rien n'a d'importance, seul survivre à ce nouveau monde est primordial. Je me souviendrais encore longtemps de ces jours qui ne parvenaient pas à chasser l'ennui, trop présent et trop ancré en nous. Je me souviens avec tristesse les moments passés avec elle. Elle qui m'a sorti de cet état léthargique, qui a su faire renaître en moi, l'envie non d'exister, mais celle de vivre. Mon existence, avant que ces yeux ne se posent sur mon corps détruit par le temps. N'était finalement que le reflet de notre monde, pollués par les machines et par les gens. Personnes hypocrites cherchant à vous faire sombrer dans les profondeurs de leurs mondes. Elle a su trouver ma faille, et a réussi par je ne sais quel miracle à recouvrir mes cicatrices, encore saignantes et brûlantes. Et maintenant que ses yeux se sont détachés des miens, je ne peux empêcher les ténèbres de mon cœur reprendre possession de mes entrailles. Si je t'écris, c'est pour que tu puisses comprendre mon geste, mais avant tout pour te dire que l'humanité se meurt comme les feuilles de l'automne. Nous sommes perdus à jamais dans les méandres de nos pensées. Pardonne-moi mon amour, mais mon sang est à nouveau noir et mon corps pourri de l'intérieur. Je guette ce plafond et je ne vois qu'une possibilité pour lui et pour moi.