Partie 23
Soda Pop
Le festin qui suit est digne des plus grandes fastes de Soliman le Magnifique (1) les mecs ! Mes amis Craquitos et Casse-Dalle les tenanciers de la taverne d'à côté, organiseraient les mêmes, qu'il faudrait qu'ils mettent le prix du couvert à six cent mille barreaux anciens pour sélectionner la clientèle, éviter la farouche bousculade, le siège de leur Chapelle à dents ! Faut y participer pour y croire !
Comprendre pourquoi la capitale du Grand Froid Nordique en arrive à réchauffer autant l'atmosphère en si peu de temps reviendrait à expliquer à un DSK l'utilité de se passer de son kangourou blanc (2) en plein mois d'août au Carlton ! Evident.
C'est si tellement gaillard que j'ose pas vous le décrire. D'abord, vous diriez que j'invente, triste comme je vous sais. Notez qu'on organiserait des navettes de chariotes à l'international pour permettre aux touristes Francs, Lombards, Avars, Saxons (Westphaliens, Angariens, Nordalbingiens et Ostphaliens) Celtes (Brigantes, Silures, Pictes et Scots) Vandales, Bretons, Aquitains, Sarrasins, Bysantins, Turcs, Kiptchaks, Mamelouks, Petchénègues, Angles, Frisons, Jutes, Burgondes, Varègues, Alamans, Goths, Wisigoths, Slaves (Abodrites, Wilzes, Linons, Sorbes, Nordliudi et Carinthiens) et j'en passe, parce que tu commences à me suriner ton impatience !... d'accéder à ce spectacle grandiose, qu'on saurait encore loin de la renommé orgiaque en question !
Mais je préfère y aller mollo pour la description. Entre ceux qui me lisent, ceux qui m'élisent et ceux qui me maudissent, y'a vite fait de se faire médailler ou sodomiser. La frontière est fine. La Vérité, faut se l'habiller des fois que ça choque. L'attendre à sa sortie du bain avec un peignoir de velours grand ouvert pour éviter de choquer ou d'éclabousser ! C'est pourquoi je me méfie. Mon petit roman à deux balles est en jeu sur ce coup, je vous le dis. C'est pas pour moi, je m'en fous ; d'ailleurs je me fous de tellement de choses me concernant que par moments, je me dis qu'il faudrait peut-être bien consulter un toubib du cerveau ; aller à Lourdes ou à Fatima pour me faire miraculer sur les bords...
Bon, maintenant que je vous ai fait saliver des glandes inférieures, faut quand même que je vous donne une idée de la chose.
Donc, le festin...
Ah ! Mes couilles Messire Lecteur ! Cette vision bachique ! (rendons hommage à Bacchus) ...
Le banquet officiel a lieu dans la salle basse de l'étage inférieur du Palais Royal, communément appelée « la Cale basse » (parce que potiron, potimarron, citrouille, concombre, pâtisson ou coloquinte feraient un peu « courge » non ?) Un Open space culinaire, avec en son centre un escalier en colis de maçon, en colique de maçon, en collier de maçon...bref tu m'as compris !
Imaginez une pièce assez vaste haut de plafond avec un aquarium taillé dans la masse sur tout un côté du mur, hmmm ? Dans l'aquarium il y a des poissons, ce qui jusque-là n'est pas propre à stupéfier l'auditoire que vous êtes, mais en compagnie des poissons nagent aussi des guerriers blonds entièrement nus qui parviennent à rester 40mn sous l'eau en ne respirant qu'à travers des tiges de roseaux et leur pouce qu'ils se placent dans le rectum (pour ne pas que ça cicatrise !) Le bassin en question est chauffé et ils sont au nombre d'une demi-douzaine. Ce sont les Six Sirènes (3) du Roi Harald 1er .Tout ce beau monde évoluant gracieusement au milieu d'algues en caoutchouc du regretté hélas Homère (4) tellement bien imitées qu'Alain Bombard s'y serait laissé prendre...
Au signal du Roi, les baigneurs délaissent leurs roseaux et jouent les tritons dans l'eau chatoyante et translucide. Les gaziers en question se poursuivent alors dans l'onde, se rattrapent, se palpent les pochettes-surprises, se roulent des pelles, se carrent les doigts dans le cyclope arrière, font mille et une papouilles à en faire dégueuler le plus hétéro des sexuels. Spectacle époustouflant dont le ralenti alliant le slow motion et la qualité d'image en 4K apporte comme une touche superbe, pareille aux schönen contes de fées germaniques...
(à suivre)
(1). Suleyman ou Soliman le Magnifique (1494-1566) : Fils de Selim 1er Yavuz « le terrible » qui fut le premier à porter le titre de Calife, et qui tua ses frères et neveux pour éliminer tout prétendant au trône. Très proche de ces Janissaires (ordre militaire très puissant composé d'esclaves d'origine chrétienne et constituant l'élite de l'infanterie de l'armée ottomane à l'apogée de l'Empire Turc) il en adopta partiellement le costume. Cependant, c'est bien sous le règne de Suleyman, que l'Empire ottoman devient une puissance mondiale colossale. Celui qui avait étonné et fait trembler le reste du monde près d'un demi-siècle, était maudit par une Chrétienté également fascinée par ce prince au faste incomparable, entouré de milliers de serviteurs somptueusement parés, dans des palais regorgeant d'or et de pierres précieuses. Au surplus, ses pires ennemis reconnaissaient l'ordre et la justice qu'il faisait régner dans ses États, sa sagesse et sa piété, la régularité de ses mœurs et sa loyauté devant l'adversaire. Le règne de près de 46 ans de Soliman demeure le plus long de l'histoire de l'Empire ottoman !
(2). Le gros slip blanc, avec les poches révolvers sur les côtés pour dégainer plus vite, hein !
(3). "Six Sirènes" est une variante nordique de Sissi Reine... de son vrai nom Élisabeth Amélie Eugénie de Wittelsbach, duchesse en Bavière, puis, par son mariage avec l'empereur François-Joseph, impératrice d'Autriche et Reine de Hongrie. Elle est née le 24 décembre 1837 à Munich, dans le royaume de Bavière, et est morte assassinée le 10 septembre 1898 à Genève, en Suisse.
(4). élastomère ! (type de caoutchouc synthétique)