Partie D'échecs
nooneknows
UNE PARTIE D’ ECHEC
A celle avec qui j’aime à jouer, donner, prendre et recevoir…
Pour nos jeux,nos règles et derrière eux, cet amour incommensurable que je lui porte.
Hambourg, XVIII ° siècle, par une nuit d’avril, (encore fraîche… )
Caché dans le creux d’un tronc de chêne, la tête inversée, le hibou observe les alentours. Seul l’éclat de ses grands yeux nocturnes jaillit de la pénombre. Quelques bruissements, l’intrigue…La nuit qui paraissait étonnamment calme, semble se charger d’une moiteur toute électrique…
Absorbé par les pions blancs, je n’ai pas entendu le vent entrer et pousser lentement cette fenêtre, négligemment laisser ouverte. J’abandonne notre partie d’échec entamée et ce damier sur lequel nous avons pris l’habitude de nous affronter avant de passer à d’autres jeux. Un instant, sans la fermer, je reste à cette fenêtre. Le vent s’est levé avec la Lune. Elle trône au milieu des nuages, comme une majestueuse complice. Ses lueurs pales jouent avec les ombres, … Devant mes yeux, la cour du palais se transforme, tout s’obscurcit comme si la nuit voulait notre relation discrète... secrète… Au loin quelques arbres frémissent. Un orage se prépare... Un sourire léger, plein de malice, se dessine sur mon visage. Et, je me demande amusé, si grondements de tonnerre et claquements d’éclairs suffiront à couvrir ces abandons de voix qui sont les vôtres. Ces petits murmures gémissants qui deviennent au plus fort de la nuit, hurlements…
L’heure approche, il sera bientôt minuit…
Je quitte ma nudité pour une chemise. Méthodiquement j’allume quelques bougies et brûle quelques encens rapporté de mes voyages. L’odeur du chèvrefeuille se marie si bien au parfum suave de la fleur d’opiacé. Atmosphère d'alcôve chaude, et envoûtante, imperceptiblement sensuelle... Un verre de Vin à la main, je contemple à la lueur des bougies, un long moment, ce petit boudoir arrangé. Les dernières toiles que j’ai faites de vous y trônent fièrement, attirant de manière imperceptible mon regard obsédé. Si ce palais est à moi, ce petit salon est à vous. Il vous est dédié. Et tandis que j’y reçois vos hommages, vous y recevez mes honneurs… Alors que les flammes vacillent et que dansent les ombres devant moi, ce sont mes pensées qui s'échappent... Quitte à me brûler les yeux j’observe de manière hypnotique, cette coulée de cire, faire son chemin…Elle hésite, innocente à se laisser aller ; elle attend impatiente, elle attend d’être plus forte, elle attend de ne plus pouvoir résister. Il est magique cet instant où tout bascule, cet instant où cette femme-cire s’abandonne, pour dessiner son corps, doux, chaud, sensuel… A mesure que se consume la flamme indécente, vacillante, joueuse comme caresse, cette cire féminine se fait onctueuse, sensuelle et fluide…Nacrée comme une perle, précieuse elle semble vouloir faire durer son plaisir et se cristallise, pour mieux se retenir… Au contact de l’air frais de cette nuit d’avril, la cire se meurt lentement au pied de cet étrange appendice. Son désir se dissipe, mais le souvenir de son plaisir reste présent ; visible dans ce petit réceptacle de bois, par cette blancheur répandue…
Humeur badine, Inspiration coquine, Envie libertine... Je me mets en tête de vous écrire quelques mots… La plume agile, ne reste pas longtemps hésitante dans ma main. Elle se met à tracer finement des boucles et des traits, s’abreuvant chaque fin de ligne à l’encrier noir que vous m’avez offert… Qu’il me serait agréable d'avoir pour support votre chair... « Cet adorable frisson qui vous parcourt est-il du au froid ? Ou ne viendrait-il pas de mon souffle qui se dépose sur vous comme une brume, de mes mains qui vous touchent à peine, de cette plume qui vous parcourt... ».
Un hennissement m’extirpe de mes réflexions. Des bruits familiers d’attelage se rapprochent. Je les entends déjà dans la cour fouettant le gravier. Impatient, comme un enfant, je regagne la fenêtre, l’œil avide de vous revoir… Comtesse Macquart… Le cocher stoppe devant les marches ; une fumée dense s’échappe des naseaux de l’attelage qui peine à récupérer de leur course que j’imagine effrénée. Vous vouliez arriver avant l’orage. Mon cœur s’accélère, et palpite au moment où la portière s’ouvre. De l’intérieur du carrosse, émerge la naissance de vos fines chevilles habillées de ces bas blancs que j’aime tant voir sur vous. Alors que sonne pareil à un xylophone, le pendant de votre chaîne de cheville d’or et d’argent. Les mains retenant les bouffants de votre robe de Comtesse, votre laquais vous aide à descendre…Mon cœur s’arrête quand nos regards se croisent. Nous esquissons un sourire et je me retire dans la lumière tandis que vous entrez dans ma demeure…
Plus calmement, je plonge dans ce fauteuil de velours, saisissant mon verre de vin, et attends de vous découvrir, encore… Je perçois les bruits de vos pas et ceux de votre servante dans les couloirs, … s’approcher…, se rapprocher de moi et de cette nouvelle nuit infidèle…Je vous entends lui murmurer de vous attendre auprès de votre valet, lui conseiller de passer une nuit agréable… Quelle tendre débouchée vous faites… Le temps s’arrête quand vous entrez, Impériale dans la pièce. Nos yeux se parlent sans troubler le silence, nos visages se rapprochent, et nos langues se marient… Nos bouches se dévorent affamées par le manque. Nos plaisirs se mélangent…
Puis, l’œil plein de malice, vous vous retirez de cet échange, posant un doigt sur mes lèvres pour que je garde le silence. Prenant quelques pas de recul, vous vous retournez, faites glisser votre robe et commencer à dénouer les attaches de votre bustier. J’observe les jupons blancs qui vous couvrent encore amoureusement les jambes, me délectant d’une lampée de vin. Lentement, je vois votre dos se dénuder. Une à une vos épaules se livrent…votre dos se délivre…parsemé de grains de beauté… Mes sens impatients imaginent déjà pouvoir s’approprier cette poitrine désormais offerte ; Un appel aux caresses, aux baisers.. Cette poitrine qu’il serait sacrilège de cacher et folie de ne pas regarder. Puis, vos mains soigneuses, attirent lentement vos jupons plus bas, pour les faire glisser dans un bruissement de papillons jusqu’à vos chevilles. Vous ne portez plus que vos bas, m’offrant la plus belle des vues sur le vallon de vos reins, la naissance de vos fesses, et cette croupe, ferme et rebondie à damner un saint. Espiègle, vous porter par-dessus votre épaule un regard à mon attention, puis vous retourner doucement… A ma grande surprise, je découvre ce charme jusqu’alors chez vous inconnu. L’entre de vos cuisses n’est plus couvert par quelque duvets ou toisons. Quelle adorable indécence, quel merveilleux présent que celui là... Cette petite fente timide, paraît déjà si douce… Faussement farouche, espiègle vous jouez les pudiques en me cachant du bout des doigts la framboise de vos seins. Mais vos mains ne suffisent pas à masquer l’opulence de votre poitrine…tant convoitée par mes sens…
« Bonsoir Monseigneur, voici mon gage accompli, et ma dette de samedi dernier effacée… » me lancez-vous fièrement… (Sourires échangés) … En regardant le damier, vous poursuivez, « Si ma mémoire n’a point défailli en une semaine, c’était à moi de jouer le prochain coup ». Le pas léger marqué par l’assurance de votre caractère, vous gagnez en tenue d’Eve le grand échiquier. Vous soulevez votre Reine, et prenez mon cavalier. « Echec, mon ami. Il semblerait que cela soit à vous ce soir d’être au supplice… » Ma bouche esquisse un sourire auquel vous répondez : « L’auriez-vous fait exprès, mon ami ». « Allons Monseigneur, asseyez-vous et donnez-moi vos poignets ». Habilement, vos mains lacent autour de mes chevilles et de mes poignets la cordelette qui serrait votre bustier…
Lascive, sans le savoir ce soir vous vous abandonnez à mes caprices, en montant sur le lit à baldaquins, place de nos ébats. Voyeur libertin, j’observe les rondeurs de vos fesses se mouvoir avec élégance. Petites Fesses à la peau de pêche ce soir bien blanches…Petite croupe arrondie qui dessine du triangle de vos reins à l’entrejambe, une admirable ligne, faille de mes envies, qui dévoilent par moments et selon vos mouvements ce sexe tendre, objet de toute mon excitation…
Votre corps me fascine… Vous voici allongée sur le dos, m’offrant le doux spectacle de vos caresses lubriques. Perverse Comtesse… Vos yeux ne me quittent pas, tandis que vos mains aveugles remontent sur vos cuisses… Soupir de désir, murmure d’envie…Vos seins peinent à rester immobiles, entraînés au moindre de vos mouvements d’un coté ou d’un autre, dans une indéniable danse hypnotique. Vos mains les retiennent, les caressent, contournant sensuellement du bout des ongles d’audacieuses mouches… Ce crissement muet soulève vos ardeurs, et vos chairs. Un frisson vous saisit le corps, vous parcourt l’échine. Doucement, vos doigts saisissent le si merveilleux mamelon, le cueillant entre le pouce et l’index, le pinçant délicatement pour le rendre mur, durci par d’indécentes envies. Puis après avoir délicatement léché vos doigts arides, dans une gustation amoureuse, y déposant quelques gouttes de salive, vous écartez l’entre de vos cuisses. Votre attitude passe de malicieuse à provocatrice... L’œil vif, étincelant de vice, vous écartez un peu plus les cuisses comme une offrande délicieuse. Avides, vos mains glissent le long de votre ventre dans un moment qui me paraît durer une éternité. Elles filent soyeuses jusqu’à l’entrejambe, et le recouvrent entièrement ; puis s’appliquent à le masser légèrement, ondulant comme un pendule, écartant un peu plus à chaque mouvement nébuleux la chair froissée de vos lèvres charnelles. Vos doigts se délient, glissent un moment puis s’immiscent dans cette onctueuse intimité. Ils disparaissent en vous, troussant habilement un con gourmand, et réapparaissent par moments, scintillants, liés entre eux par ce fluide incolore… (soupir)… Je sens mon sang battre dans mon corps, mon vit dressé, excité par ce spectacle pervers. Et vous jouissez de me voir ainsi immobile. Vos mouvements s’accélèrent, votre voix se met à gémir par saccades convulsives. Mes pensées usurpent vos caresses… Et, j’observe médusé, l’indécent spectacle qui vous m’offrez ; cette outrecuidante lubricité, qui bande sans les toucher mes ardeurs masculines. La sensation que mon vit, déjà turgescent, va se déchirer.
Douce folie qui s’empare de vos sens et secoue votre corps.
Je vois vos doigts trembler consciemment sur le bourgeon rose qui naît de votre sexe ouvert et exploité. Ils y glissent, ils le frôlent, ils le pincent et le tire, l’attirant vers votre plaisir. Votre souffle s’accélère, jusqu’à atteindre une démesurée jouissance qui, secouant votre poitrine avec une violence exquise, vous arrache un cri de plaisir abandonné au secret de la nuit …
Excités par votre exhibition, désormais mes yeux se perdent dans l’éclat de votre envie, … A chaque aspiration, je respire un peu plus de ce parfum qui m’enivre. C’est une odeur d’opium qui se dégage de vous. Plus je respire, plus je me perds. Plus je me perds, et plus je suffoque. Le cœur palpitant, le souffle court, je vous désire… Le vit dressé à la lune, j’enragerais presque de me voir ainsi frustré. Mais sur la frustration, génitrice de mes désirs pervers, ma lubricité inconvenante l’emporte.
De cette voix grave qui vous fait fondre, je vous fais une requête : « Faites-moi jouir» Amusée et séduite par ma témérité, excité à l’idée vous emparer de moi, sans que je puisse bouger, vous vous tournez vers moi, un éclat plein de vice dans le regard. Avide de sentir ma virilité emplir votre bouche, concupiscente vous plongez sur moi, me léchant déjà ici et là …avec délectation,… avec application. Vos mains douces et expertes, saisissent mon membre glissant, l’empoignent et l’enfournent dans votre bouche affamée. L’objet tant convoité est pour vous une friandise, une gourmandise exquise. Votre langue agile s’applique à le lécher sur toute sa longueur, goûtant le mélange de nos liqueurs. Médusé, je la regarde jouer autour de mon gland. Je fixe obsédé, possédé, votre regard effronté. Mon sexe disparaît dans votre gorge profonde…
Mais lentement votre bouche se retire, libérant ma virilité. « C’est à vous d’être au supplice ne l’oublier pas… ». Vous vous éloignez glissant sur le sol, vous allongeant presque face à moi et me présentez vos petits pieds. Ils se posent sur mon sexe tremblant et poursuivent vos baisers par un habile massage. Vous vous plaisez à me surprendre. Le va et vient de vos précieux se fait rapidement plus soutenu. Mes muscles se tendent, mes mains enserrent mes liens, … Foudroyé par un plaisir fulgurant, par saccades convulsives, je me libère et me répands sur vous…sur eux…maculant vos pieds d’une nacre blanche.
Hambourg XVIII° siècle, par une journée de mai …
Partie de Campagne : annonce d’une suite
Aux extrémités des clochettes de muguet, perlent encore quelques rosées. Scintillantes petites gouttes qui se feraient sous ce soleil de printemps, étoiles du jour. Sous cette aurore pale, les jardins se font constellations, et je m’enivre du parfum de cet univers verdoyant qui frémit sous la brise… Les fontaines s’animent en jets puissants saluant la clémence de ce jour indulgent… Et comme surgissant de nulle part, des voûtes scintillantes se dessinent, dans les airs de cette cathédrale éphémère. Parfaite journée pour jouer encore les amants…
Devant moi, la toile à peine maculée de traits pastel, s’impatiente. Elle s’affame de ces beautés que je capture pour elle ; elle réclame d’être remplie et s’offre nue sous l’instrument de mes envies ; ce pinceau, agent agile qui s’applique à dépeindre en la caressant. Cette tige, qui du bout des poils la détaille et l’habille comme certaines pudeurs sur corps féminin. Dans un silence religieux, le pinceau dessine, et appose quelques émotions rosées à cette aurore évanescente. Un répit le temps d’embrasser quelques couleurs, que le bleu et le rouge se mélangent pour un outrage violacé ; un détail floral d’opiacé. Sensualité matinale toute artistique, qui m’enivrant de ce plaisir de créer, éveille mes pensées surréalistes…
Une envie de vous, comme d’une jeune effarouchée, couchée sur ce parterre d’herbe ondoyante, ce tapis familier, pour un plaisir bucolique. Impatient comme un jeune adolescent, je prendrais à peine le temps de vous défaire d’un jupon, vous laissant la blancheur innocente de quelques vêtements, pour auréoler votre impudeur. Une main pour seul guide, et le poids de mes perversions pour vous clouer au sol, tandis que de vous, je prendrais possession. La teinte vermillon de vos joues incandescentes naissant à chaque étreinte... Je me ferais le peintre de votre émoi. La bouche entrouverte comme pour laisser filer les souffles gémissants de cette merveilleuse agonie, vous entendre blasphémer. Que vos yeux se retournent et que votre âme chancelle au moment où votre abandon sera total. J’ai l’envie obsédante de vivre ce rêve qui me hante depuis que les journées s’offrent plus clémentes. Un regard sur cet instrument choisi, ce jeu consenti, le damier de nos envies. Il trône impassible sur cette table ne bois de cerisier, au beau milieu de ces étoffes suspendues. Les branches de chêne comme armature, je vous ai préparé un baldaquin de nature. Un petit canapé pour vous étendre… Des draps blancs pour enveloppe intime, suffiront-ils à libérer vos envies libertines. Celles-là mêmes que vous n’osez qu’à travers nos parties d’échecs. Je vous ai eu connu enfant espiègle, je vous ai fait stratège divin. Mais j’ai dans l’esprit trop de vices pour qu’aujourd’hui votre corps m’échappe. De pions en pions, mes coups affûtés, je prépare mon gage en assauts réguliers. Vous ne manquerez pas aujourd’hui de me donner quelques idées.
La brise d’un baiser sur ma nuque ; vous êtes arrivée, glissante comme une feuille portée par le vent entre les draps qui nous entourent. Un frisson tonique me saisit l’échine, tandis que déjà votre parfum m’enivre. Je m’efforce pourtant d’être impassible, l’œil rivé sur le chevalet, affichant une sérénité de façade. Un souffle dans mon cou ; le temps que la malice vous gagne.
Vous vous amusez déjà de cette indifférence feinte. La peste en vous se réveille, quand plongeant votre doigt dans l’onctueuse texture colorée, vous tracez sur ma joue un trait de couleur. Le fard de mon visage ainsi violé gagne en décalage ; vous m’avez apposé la marque du libertinage. Un sourire : « Allez donc vous installer »
L’humeur légère égayée par cette journée ensoleillée, vous gagner les pieds nus, ce petit canapé esquissant un sourire à la vue de l’échiquier.
« N’est-ce pas ce soir que nous avions prévu de jouer ? »
« Permettez que nous nous mettions en appétit avant de commencer ». La phrase s’accompagne d’un geste désinvolte destiné à vous montrer le panier posé au pied du canapé. Sans attendre accroupie dans l’herbe jupons froissés, vous saisissez les brins torchés de la hanse et découvrez ces quelques mets rapportés de mes voyages. Exquise gourmande aussi impatiente qu’insatiable, vous soulagez déjà le sel de votre curiosité avec une lamelle de gingembre. Une fois, installée dans le canapé, face à l’échiquier, votre gustation indécente me livre au tourment de mes envies…
Aujourd’hui, je vous ferais muse et modèle, au fil de mes fantasmes ; et ce soir au fil de mon exigence je vous ferais soumise et infidèle. D’une subtile évocation à la pose indécente, me voici devant vous, rapidement les sens en éveil. L’audace cavalière, vous écartez vos jambes, entraînant les jupons à cuisses. Votre lubricité éclatante, me donne une vision toute aussi détonnante. Faire de vous l’incarnation du vice, comme une tentation suprême ; c’est ainsi que je vous vois. Attachée derrière vos airs de noblesse détachée, amourachée par ce fil cousu de mystère et de jeux. Attachée, comme une prisonnière consentante, objet volontaire d'être soumise aux caprices.
Il n’y aura pas de partie d’échec ici, juste la pose que je veux immortaliser, fixant sur la toile le crépuscule de vos inhibitions. Il ne manquerait à la scène que deux chérubins venus du paradis pour tenter au dessus de vous de vous enlever à mes folies. Comtesse, j’intitulerais le tableau d’un outrage : « Catin à aimer »
Hambourg XVIII° siècle, une nuit de juin qui se fait indécente…
(Dargaard ; My Phantasm Suprem)
Il ait des journées d’ensoleillement qui vous transportent dans les palais d’antan, des rayons dorées qui donnent à tous ce qu’il touchent l’apparence de l’or. Il y a quelque chose de Midas, dans les journées de juillet. Une opulence incontrôlable, qui découle en corne d’abondance d’un soleil implacable. Dans la tête, le désert de votre absence nourrit quelques mirages ; le poids de chaleurs qui vous accable,… et tandis que l’éclat du monde vous éblouit, vous goûtez devant moi, le malaise persistant d’une moiteur érotique ; chancelante. Votre ombre rôde dans mes esprits, quand le cœur en souffrance, je me languis de vous en secret. Ma poupée, ma catin, adversaire et complice, vous sans qui je ne suis plus rien. Dans le baroque de mes murs soudain trop lourd d’ornements, les silences soudain m’oppressent, et c’est dans un bris de verre que je romps leur sourde clameur. Où êtes-vous ?
Ramassant mes éclats de colère, distrait par mes envies, je saigne une main malhabile. Une perle fine prend sur moi vie, et dans le pourpre colore en claquant par heurt un sol coupant. « Au premier sang versé », voici que je me rappelle, l’un de nos jeux passés, le mois dernier.
Vous étiez venue me rejoindre une nuit sans lune. Dans ces obscurités de ténèbres qui présagent des enfers. Ensemble nous avions plongé dans les abîmes amers des douleurs infligés à nos chairs. Et ce soir là, l’échiquier ne fut pas le seul terrain où vos envies rencontrèrent mes obsessions. C’est sur votre corps même que nous avons scellé de nouvelles perversions. Des marques qu’encore vous portez aujourd’hui. La mise en échec de votre Dame, devait ce soir prendre tout son sens, et c’est celui de la décadence que j’avais choisi de lui donner. Il fallait ce soir que je vous révèle masochiste, pour répondre à mes sadismes précieux.
Dans notre boudoir j’avais ôté tous tapis de velours épais, toute couverture trop douce, épurant le passé de quelques douceurs.
Dès votre entrée, je vous avais détaillé,… l’envie de mordre aux lèvres.
Dans la lueur de ces bougies éternelles, éclairée comme une icône, j’aurais pu tomber à genoux, ému par cette prestance féminine qui vous rend divine, déjà vous étiez Diva. Finement maquillée, la paupière glamoureuse prolongée par des cils étirés courbés vers le ciel. L’intensité de votre regard se faisait éclair chaque fois qu’il s’abattait sur moi. Une décharge foudroyante au fond de l’âme, une lame plantée dans chaque organe. Votre bouche à demi close était déjà semble-t-il prête à donner autant qu’à recevoir. Ce petit écrin pulpeux de perversité qui se joue de mes sens quand vous vient l’envie de me goûter, le voici qui déjà, à mon encontre, libérait son opulence. Un baiser envoyé dans les airs comme pour narguer les anges. Un baiser dont votre main gracieuse se déleste quand au matin, vous quitter notre monde…
Docilement, sans un mots prononcé, l’issue inconnue, mais le jugement accepté, vous aviez commencé à peine entrée à vous effeuiller, comme une rose jouet du vent, comme une vicieuse empressée. Et je prenais le temps de vous observer, lentement vous délester, battant mécaniquement sur ma cuisse, une cravache sombre. D’un pas qui sans bruit sonna le début de mes hostilités, vous m’aviez rejoins près du fauteuil, vous agenouillant à mes pieds. Seule vous aviez prise l’initiative de baiser mes souliers, et remonter sur mes cuisses. Dans le regard quelque chose de diabolique, une fierté à vous soumettre de plein gré. J’aurais pu à ce moment, user de notre bandeau pour nouer dans les abîmes cet affront…mais je pris plaisir à vous montrer u’il fallu plus à mes sens pour perdre un contrôle que j’aime à garder. Il fallait que cette nuit, aucun de regard ne vous sauvent, j’allais donc les affronter à chaque étape de ce qui déjà avait commencé, votre éducation. Je vous ordonnais de lécher ma main tandis que de l’autre, je torturais un sein. La douleur eu le pas sur vos audaces, et le marquise disparut de vos prunelles en même temps que les souffle de la soumise comblèrent le vide. Le mamelon excité, pincé, pincé entre mes doigts, déjà saccadait votre posture. Du bout du pied, je forçais le chemin de vos cuisses serrées…pour un simple contact. Créer des vides à combler…
Je me relevais.
A genoux devant moi, comme priant les dieux, vous étiez prête à recevoir mes sacrements pervers. Dans vos yeux, je lisais votre prière. La malice de votre regard se porta à mon entrejambe, et vous me paraissiez semblable à une religieuse dévouée réclamant l’ostie. Ainsi pénitente, le regard presque innocent et la bouchée entrouverte vous tentiez ma faiblesse la plus grande. Mais il vous fallut attendre pour goûter au corps de ce Christ blasphémateur, que j’eu fini de vous absoudre. Les bras repliés, attachés derrière le dos, je vous demandais dans un murmure d’élargir l’espace qui séparait vos cuisses. Inspiré, je m’appliquai à détailler de la pointe de la cravache ces chairs que vous m’offrez. Et votre sexe ainsi offert, je me jouai de lui. Le contact froid vous électrisa, tandis que le claquement vous emportait en sursauts incontrôlés. Vous étiez docile à mes services, sujette au moindre de mes sévices. L’œil vif, et la main ferme, je claquai d’un rythme régulier et sans retenue votre intimité. Le rouge vif avait désormais remplacé le rosé originel de vos chairs. Vos pommettes à l’écarlate, vous laissiez échapper à chaque fouet un gémissement.
Je vous fis allongé le corps entier sur les carreaux d’un sol glacé. Et je laissais dans ma main, la cravache poursuivre sur vos chairs froissées son œuvre sadique. Claquement d’air aussi sonore que palpable quand le cuir s’écrase sur l’intérieur de vos cuisses, je jubile de vous voir torturée. Une décharge électrique, un frisson aussi incontrôlable que vos cris. Sur le dos allongée, je vous contemplais de haut, jugeais votre abandon et jaugeais vos caprices, comme je joue avec vos envies d’être mienne. Inutile de m’avouer votre goût pour la domination, vos penchants pour l’humiliation ; s’il est votre péché, il est mon obsession. En quelques battements de pendule, ma cravache scintillait déjà de l’onctuosité de votre abandon.
« Soyez sublime en disgrâce, couchez vous sur le ventre, que le contact du sol durcisse à présent vos seins irrités, pour les apaiser… »
La cravache avait rougi vos chairs, le fouet allait vous rendre vivante.
« Au premier sang versé » ; votre gage était de l’accepter. Et sur vous pauvresse démunie, j’abattais le cinglant baiser des lanières tressées. A mesure que se dessinaient sur vous les zébrures, je bandais mes instincts dépravés. Vos yeux fripés sous chaque feu, cherchaient entre deux coups, un exutoire pour soutenir cette intensité. « Au premier sang versé ». Vos larmes retenues ne purent empêcher de naître cette perle écarlate sur le haut de votre dos. Votre premier sang versé, pour une onctuosité qui déjà inondait vos cuisses.
« Présenter moi votre croupe que je l’honore comme il se doit. Soyez chienne, et préparez-vous à recevoir mes grâces ».
Les genoux douloureusement appuyés au sol vous balanciez vers moi vos fesses.
Mon sexe bandé comme un arc perlait déjà de larmes de joie. Une petite goutte d’envie vint à rencontrer votre pubis lisse et soigné. L’agréable fraîcheur de celle-ci, contrasta avec la chaleur qui se plaquait contre votre bas ventre par la suite. Je ne pus vous faire attendre plus. Mon sexe glissa lentement entre vos cuisses, stimulant votre bourgeon excité, puis s’enfonça délicieusement en vous comme une épée regagne son fourreau. C’est une lente pénétration qui sembla durer des heures. Cambrant mes reins au maximum, c’est entièrement que je vins à combler vos vides. Il fallu que je vous aime des deux cotés. Et, dans l’onctuosité d’un baiser obscène, je léchais le sang révélé ; nous nous retrouvions…Vos mains s’agrippaient à la chair de mes fesses, m’empoignaient, me griffaient. Ma pénétration qui s’accentuait…et vos sens qui se perdaient, en chaleur, en frissons…et en hurlements. Ainsi offerte, dans cette posture bestiale, je vous pris avec audace écartant votre croupe pour que la pénétration soit plus profonde. Puis, mes mains placées sur vos hanches, imprimèrent la cadence. Doucement brutal, mes mouvements se firent plus intenses, plus profonds. Mes reins se balançaient par à-coup. Le rapport se fit plus violent. Emporté dans cette chevauchée, je me laissai aller à vous fesser. Sans me laisser le temps de me reprendre, vous m’en réclamez encore. Et progressivement, vos fesses se teintèrent d’un rouge bien pervers…
Plus rien ne comptait autour de nous, le jour, la nuit, les rideaux laissés ouverts ou la morale. Nos langues se mêlaient, et nos désirs se mélangeaient. Nos esprits excités par ce jeu pervers s’affranchissaient de tout tabous.
Basculée en avant, dépossédée de votre corps, vous exerciez votre seule liberté en divers feulements... Je finis par libérer sur votre dos les ardeurs trop longtemps retenues et mes pulsions inassouvies. Je finis en maculant par saccades vos reins de longues onctuosités nacrées… « Au premier sang versé »
Ou êtes vous donc passée ?
Hambourg XVIII° siècle, une nuit …
Vous avez fini par la gagner, cette partie de sensualité. Vous avez fini par prendre revanche sur mes pulsions. A trop vouloir vous donner de gages, vous avez su me prendre, l’attention en même temps que le cœur. Je vous laisse avec plaisir ici écrire votre gage :
Je vous rejoins si sure de moi aujourd’hui. Dans ce carrosse émissaire, je mords déjà mes lèvres pour les rendre rouge. J’ai dans le cœur des souffles courts et entre mes cuisses quelques chaleurs, à savoir qu’aujourd’hui tout me serait permis. Il faut que je résiste à ses envies de relever mes jupes, et de laisser libre court à mes mains. J’ordonne souriante au cocher d’hâter ses chevaux et de faire jouet son fouet. Quand j’entends dans l’air le claquement vif du cuir, je ne peux contenir la déferlante qui trempe ma culotte, jusqu’au jupons. Clac, Clac… et dans le dos une brûlure qui s’éveille, à mesure que ma main se plaque contre mon intimité. Je relève sur mes hanches les froufrous de cette robe faite pour toi. Et dans ma tête, la récurrence de ma demande : Hâte-toi cocher, je suis sur le point de défaillir à la seule idée de le voir être mon jouet… Le visage à la fenêtre, fouetté par les odeurs de forets et cinglé par le vent, je cherche l’air qui manque à mon corsage. Je m’enivre déjà de vous. La morsure de vos baiser sur mes seins, et votre manière de meurtrir mes chairs en les aimant comme aucun autre amant. Vous le Maître, par mon coup d’échec je vous ferais mon esclave soumis. D’un coup à jouer, je vous mettrais math aujourd’hui. La fin d’après-midi sera mon moment, car je veux soir que soyons doux amants.
Quand j’arrive près de vous, vous êtes déjà le visage souriant. L’issue est annoncée, et vous l’aviez peut-être même fait exprès. Je vous sais capable de ces choses. Vous me délestez avec attention de ma cape de soie violacée. Il est temps que je reprenne mon calme, si je veux jouer de vous. Je me dirige vers la fenêtre, regarde le soleil à m’en brûler les yeux, comme un couronnement astrale. Je souris à l’idée d’avoir été votre Vierge Marie et votre Marie Antoinette…
« Qu’allez-vous jouer, chère amie ? » me lancez-vous d’un air accompli.
Sans bouger, je vous annonce le mouvement : « le Fou prends la Tour » … (un silence)
« Echec et Math, je crois… » oh mon dieu, s’il me voyait sourire comme une gamine…
« Quel sera donc votre gage marquise », murmurez-vous d’un ton mesuré.
Je ne réponds, rien, mes mots se mélangent à mes envies, je voudrais pleure, crier, vous imposer d’être à moi. Je voudrais souhaiter que jamais le soleil ne se couche pour vivre éternellement ce moment. Et tandis que les jambes tremblent, je commence à contre jour, à me dévêtir. « Mon gage sera contre courant ».
Un à un, les bas glissent, la robe tombe, et c’est en tenue d’Eve que je rejoins ce coin de salon. D’ici je peux mieux voir vos expressions, votre surprise. Les corolles de mes jupes et jupons de dentelles vous narguent. Mon sourcil fin se soulève, alors que mon regard ardent se fait ironique. Amas de dentelles et de soie, qui frôlaient la chaleur de ma peau laiteuse, vêtements délicieusement délaissés pour vous amener à mes folies perverses. C’est nue que je me dresse en Reine, vainqueur de vos jeux.
« Hummm, c’est à moi de prendre le contrôle, de vous, aujourd’hui Marquis.
A moi cette fois d’être reine et vous, d’être tendre cavalier soumis à mes moindres caprices ; soyez mon valet ».
Installée sur mon fauteuil favori, je laisse les rayons du soleil caresser ma peau d’insoumise, qui vous laisse voir monts convoités et vallées promises. Je me fais langueur à cette chaleur qui accompagne celle, naissante dans mes entrailles, elle se diffuse indiscrète dans mes antres les plus secrètes, que vous connaissez pour les avoir de mille façons déjà explorées. Mon regard se porte sur le tableau au dessus de votre secrétaire, montrant cette femme dénudée, sur cette toile accrochée, qui ne saura jamais la douceur ou la violence de vos baisers. Je les garde jalousement pour moi. Une caresse…
« Je veux vous mettre à la torture, vous le savez, je dois quitter pour quelques mois la province, ce gage sera peut-être le dernier. Puisse-t-il vous marquer d’une intarissable envie de me retrouver ; Votre gage, sera de me rhabiller ».
Le voici mon enfer, votre punition, et le seul moyen pour moi de vous garder. Savoir vous mettre au supplice que l’envie de retrouver ce corps ne soit plus qu’obsession, vous refuser la dernière étreinte, c’est rendre éternelle votre frustration. Caresse…
Vous voilà, à ramasser avec dextérité les soies, sur le sol, étalées. Une à une vous les prenez et de votre regard noir et brûlant vous les détaillez… Seriez vous en quête d’une quelconque ivresse ?
Vous vous enhardissez à me caresser avec. J’aime cela, je soupire légèrement, vous laisse faire frissonnante, consentante. Mon pied se trouve alors réchauffé par vos mains. Comment pourrais je m’empêcher de vous contempler dans vos libertinages tant appréciés, alors que vous poser vos lèvres insolentes sur eux, les embrassant comme si j’étais déesse, jusqu’à me les lécher. Mon regard devient puissant, tant je connais mon pouvoir sur vous en ce jour béni, et comme pour vous punir de votre hardiesse, je vous retire l’objet de votre convoitise repliant mes jambes sur mon petit fauteuil. Le sourire félin qui étire mes lèvres semble vous fasciner alors que dans une voix rendue rauque par le désir je vous rappelle à l’ordre.
« Allons Seigneur, vous avez perdu, honorez votre parole et mon plaisir… »
Mais je vois que ma posture vous donnerait presque plus de satisfaction. Mes yeux alors se plissent, ma main blanche aux ongles soignés lentement, descend vers mon bas ventre, partant dans une exploration indolente. Ma voix se fait alors murmure, enivrant, empli de vices …
« Rhabillez moi… »
Plaisir… extase… Vous voici pris à mon piège… à genoux, servile, comme le serait un valet, vous le noble seigneur que vous êtes.
Je vous observe, hautaine alors, que vous prenez délicatement l’un de mes bas de soie. Mon sourire en coin apparaît et d’un geste gracieux, calculé, je vous tends ma jambe fuselée. Un frisson me parcourt, alors que vos mains délicieusement attentionnées, déroule la soie jusqu’à ma cuisse. Mon souffle se saccade au baiser audacieux que vous venez de déposer .
Je m’applique à vous faire enfiler ce premier bas aussi soyeux qu’une caresse. Attentionné comme un écolier, vous déroulez le nylon jusqu’à la cuisse et redéposez audacieux un baiser à la naissance de ma chair tentatrice. Je vous laisse recouvrir le nacre de ma peau, qui maintenant voilé se fait mystère à deviner. Tandis que vos mains redessinent le galbe de ma cuisse retroussant le second de mes bas, je laisse s’échapper une de mes mains… la voilà qui devant vous s’applique à me procurer plaisir des sens… elle s’immisce … là… oui juste là… ou vous aimeriez vous-même vous faufiler. Mon regard se plonge dans le votre, vous nargue. Mon souffle s’accélère… mes seins se soulèvent et s’abaissent, accrochant les rayons de soleil complice qui souhaitent vous aider à me rhabiller. Ma tête se fait lourde et d’un mouvement souple, se réfugie derrière mon épaule. Le coin de ma lèvre se trouve alors prisonnière entre mes dents, trahissant le plaisir ressenti… Ondulation machinale… et l’un de mes doigts me trahit en pénétrant ma chair déjà onctueuse. Pénétration établie, une étape précieuse me permettant de jouer les chanteuses. Sirène aux mélopées de murmures, vous cédez à mes sons vos contrôles si prudes.
Mon regard voilé, je me fais libertine, et vous tend de ma main un doigt entouré mon désir écoulé, tel un nectar divin…goûtez-moi, enivrez-vous avec moi, un temps, puis…
« Continuez, je vais prendre froid »
Je vous sourie, telle la chatte que je suis devenue pour vous dominer. Vous semblez hypnotisé par mon intimité, et presque malgré vous, vous vous remettez à mon gage pervers. Le satin de mon sous vêtement qui pourrait me cacher à vos yeux vous prenez et dans un rire, je me lève, fière et droite, vous jaugeant de ma hauteur vous à genoux à mes pieds…
« Non !! La culotte… elle est à vous. »
Un très beau texte, très immersif. Merci
· Il y a plus de 13 ans ·nat