Partie d'échecs

Lui : 
Ton petit pion monte à l'assaut, l'est mignon, l'insolent
Il aura beau péter plus haut, moi je passe bien devant

Elle : 
C'est sans compter mon cavalier. J'ai cru entendre hennir

Lui : 
Sauf que coincé dans son carré, il ne peut se dégourdir

Elle : 
Qui sait si je détrône le Maître ? Je la sens cette partie 

Lui : 
Mais, non ma chère, l'art des échecs échappe aux simples d'esprit

Elle : 
Tout est affaire de patience, feintons la soumission 
Discrètement menons la danse, ouvrons la valse des pions

Lui : 
Quel est le plan qu'elle nous prépare ? Ma tactique : Attaquons !
Ta dame est prise en enfilade, par mon fou ce vieux fripon

Elle : 
Quelle chanceuse, la veinarde ! Je n'ai pas ce plaisir
Mon cheval blanc fait des ruades, pour venir la secourir
Beaucoup d'éclats pour peu d'effets, ça vraiment, c'est les mecs !

Lui : 
Attends un peu, j' vais t'en montrer, là je te mets en échec

Elle : 
Le temps de parer ce coup bas...

Lui : 
J'aime ce jeu baroque. Je prends ton fou ne m'en veux pas

Elle : 
C'est à moi voilà je roque

Lui : 
Mais comment donc ? Ma dame ! Ma reine ! Se peut-il ? Impossible !
Tu l'as cloué, femme cruelle. Sans pitié, mais c'est horrible !

Elle : 
Comme tu préfères les demoiselles, te voilà bien puni
Face à mes tours, mes sentinelles, tu sauras ce qu'est la vie

Lui : 
Tac, tu le payes de ta tour ; viens ma douce, abdiquons

Elle : 
Toc, j'emporte ton pauvre fou ; il n'en est même pas question

Lui : 
Viens sous les draps livrer bataille

Elle : 
Je crierai victoire, car mes appâts matent ton roi

Lui :  
Ma bell' je n'aime que toi

Elle et Lui :
Blancs contre noirs sur l'échiquier, face-à face, lutte à mort, 
Joue contre joue sur l'oreiller, jeu d'amour, encore, encore !