"Pas de cadeaux pour Noël "

cedricmoire

3 ème nouvelle tirée de mon futur recueil LES GOUFFRES DE LA TERREUR


Hôpital psychiatrique -New Jersey- 00H30


Gran Smith , l'infirmière de service , déambulait dans les couloirs étriqués de la section B4 ( lieu d'enfermement pour  psychopathes et schizophrènes dangereux ) lorsqu'elle entendit l'un des malades crier à tue tête des obscénités. Craignant que les autres tarés se réveillent en  entendant ce malade mental , elle décida d'aller le calmer immédiatement .Elle se dirigea donc vers la chambre capitonnée N9 , lieu d'où provenaient les cris d'injures et de haines.

* * *

Les couloirs menant à la cellule N9 étaient sombres et Gran Smith ressentait une légère peur s'insinuer petit à petit dans son corps. Les murs qui l'entouraient semblaient par l'action de la pénombre "vivant". On aurait dit qu'ils se mouvaient dans ce puits de ténèbres où avançait l'infirmière.

C'était idiot et  elle le savait mais ce soir quelque chose clochait. Jamais auparavant elle n'avait eu si peur de la nuit et des ombres nuisibles et froids de l'hôpital. Pourtant dans son subconscient un panneau "danger" s'était soudainement éclairé.

Machinalement elle chercha dans la poche de sa blouse blanche les clefs de la cellule capitonnée et les trouvant les fit tinter entre ses doigts. 

Le maniaque s'était tu . Elle aurait voulu rebrousser chemin en cet instant , s'en aller loin de cet "endroit maudit" mais son travail consistait à soigner tous ces fous et elle le savait. Déserter ne mènerait à rien sauf peut être à refaire gueuler l'enflure se trouvant dans la cellule N9.

Elle prit donc son courage à deux mains ; fit tinter une nouvelle fois les clefs de la cellule dans sa main droite gantée  et continua vers la chambre du fou.

* * *

Enfin elle arriva vers la N9 , chercha sans sa poche gauche de sa blouse une lampe de poche et l'ayant trouvé éclaira d'un faisceau lumineux une partie de la porte de la cellule. Le halo lumineux éclaira ce qui suit : PATRICK FLESH CONDAMNE. MOTIF DE LA PRÉSENCE :TROUBLE PSYCHOTIQUE (TUEUR DANGEREUX AYANT ASSASSINE SA MÈRE ET SON PÈRE AVEC UNE HACHE). NUMÉRO MATRICULE CONDAMNE 0679.

Gran Smith frissonna en lisant l'encadré.Il faisait froid dans les couloirs .Le chauffage était en panne depuis deux jours maintenant et les ouvriers attenant à l'hôpital n'avaient pas encore trouvé d'où provenait le problème. Mais son "frisson" n'était pas essentiellement dû à l'absence de chauffage dans ces couloirs. Non!.Rien allait ce soir ...Rien..Et la peur revint aux galops comme un cheval lancé en pleine vitesse dans les landes perdu d'un pays où seul la nuit a élu domicile.

Elle balaya du faisceau lumineux la porte de plomb de la cellule capitonnée et demanda à son interlocuteur invisible s'y trouvant si tout allait bien.

"Monsieur Flesh? chuchota-t-elle en se tenant très près de la porte pour qu'il l'entende . Est- ce que tout va bien?"

Pas de réponses. Elle réitéra sa question et cette fois-ci l'homme derrière la porte répondit. Une réponse assez claire.

"Non . Je suis malade...Aide moi "ma nursie" disait il en ricanant. "Aide moi..."

"Vous savez très bien que je ne peux pas vous ouvrir sans l'autorisation de la sécurité. Hors à cette heure ci , il n'y a personne a part moi. Voulez- vous des cachets pour dormir? "

"JE SUIS MAL JE VOUS DIT. J'AI MAL ET JE VEUX QUE VOUS VENIEZ ME VOIR. SINON JE CRIS ENCORE PLUS FORT...PLUS FORT...PLUS FORT!"

Il s'était remis à hurler de plus belle et s'il continuait tous les autres seraient également réveillés et là ça serait un barnum pas possible...Alors elle décida d'aller à l'encontre de la sécurité.

"OK!...ok!...Ne criez plus monsieur Flesh. Je vais vous ouvrir et vous faire une petite piqûre . Vous dormirez ensuite comme un bébé. Reculez- vous de la porte s'il vous plaît."

Elle chercha la clef de la N9 , les fit tinter dans ses doigts et ouvrit la porte du prisonnier.

Les murs semblaient se mouvoir alentour , l'air semblait figé , le temps arrêté.

Elle poussa fort la porte de plomb sa lampe de poche éclairant par paliers réguliers la petite cellule capitonnée.

Elle entra .

Et elle mourut.

* * *

Patrick Flesh , malignement caché derrière la porte dans la pénombre attendit la pauvre infirmière.

Dès qu'il avait vu "sa nursie" entrer , quelque chose d'étrange s'était passé en lui. Il devait tuer. C'était une envie folle . Un besoin. Il devait tuer.

Il s'était empressé de lui sauter dessus écrasant de son corps musclé de sportif la pauvre petite carcasse de "sa nursie".

Elle s'était débattu et elle avait même très bien lutté pour "une nursie" mais il avait eu quand même l'avantage.

À un certain moment , dans la pénombre de la cellule , il avait vu qu'elle essayait de  s'emparer de la seringue traînant sur les coussins capitonnés de sa chambre car dans le choc de sa chute elle l'avait laissé échapper.

Là , à cet instant , il avait revu la scène du meurtre de ses parents : lui en train de les découper avec la hache , eux criant , hurlant , le sang éclaboussant le joli tapis persan.

Et une rage folle s'était alors emparé de lui et des éclairs de folie dans les yeux  il s'était rué sur la main de l'infirmière qui essayait , en vain , d'attraper la seringue .Il lui  la tordis  avec une rage folle puis ne pouvant plus rein faire contre lui Gran Smith avait subi les sévices de son bourreau.

Patrick Flesh l'avait étranglé et roué de coups. Lorsqu'il vit le sang imprégné totalement la cellule , il comprit qu'elle était morte et s'en réjouie. Enfin il était libre et sorti de la cellule laissant en son sain la pauvre infirmière dont la blouse était rouge grenat désormais.

Prudemment sans faire de bruit , il s'était dirigé vers les escaliers de sortie de l'hôpital .Auparavant il avait bien pris soin d'emprunter dans la chambre 5 ( lieu réservé aux pères Noël des enfants de l'hôpital) un joli costume de papa Noël.

Après être descendu par les escaliers de services , il se trouva enfin dehors. Une légère brise l'accueillit et s'engouffra dans sa fausse barbe blanche.

La neige , blanche et pure , tombait lourdement sur le New Jersey.

Il remonta son col et pénétra dans la nuit .

Il n'avait qu'une seule idée en tête : tuer...tuer  et encore tuer.

* * *

Il devait rejoindre Derry . Il le savait très bien .

Après s'être enfui de l'hôpital il se dirigea vers l'autoroute grondant de fureur à cette heure- là et la longea à pied. Puis voyant qu'il n'arrivait rien comme ça et malgré sa folie bien ancrée dans sa tête de psychopathe il entreprit de faire de l'auto- stop.

L'attente fut de courte durée.Un aimable camionneur l'invita dans son "monstre de la route" .Ils firent route tous deux vers Derry. Le routier avait bien remarqué le costume de père Noël de son passager mais il n'en fit cure. Quoi de plus normal qu'un père Noël pendant les fêtes de fin d'année.

Arrivé à Derry Patrick Flesh remercia le chauffeur d'une drôle de façon. Il avait remarqué un couteau ( servant surement pour le casse- croûte du chauffeur) traînant sur la plage avant près du siège passager. Il s'en empara et s'en servis sur le pauvre routier qui ne comprit en aucune façon ce qui se passait. Il reçut douze coups de couteau dans le ventre et s'effondra dans la cabine chauffeur.

Les mains ensanglantées , le faux père Noël se dirigea vers sa maison. Il voulait faire une surprise à sa petite fille qu'il n'avait jamais connue.

Dans la nuit noire , alors que la neige commençait à tomber fortement , il titubait comme un clodo qui a trop bu et de sa voix de maniaque  il susurrait aux ombres s'étalant devant lui :

"Mais cette fois- ci petite fille il n'y aura pas de cadeau pour Noel"

Et il ricana tout en se dirigeant vers Dexter Lane Cottage 501 District Avenue , lieu où il avait vécu , lieu où il vivrait pour l'éternité.

Depuis la mort de l'infirmière à l'hôpital psychiatrique du New Jersey quatre heures s'étaient écoulé.

Le cauchemar ne faisait que commencer.

* * *

Dexter Lane Cottage District avenue - 6H00


Jane Flesh ne dormait pas encore. Elle avait connu   une de ces nuits blanches  qu'elle redoutait.Les cauchemars l'avaient réveillés trop tôt et couvert de sueur elle n'avait pas pu se rendormir . À chaque fois elle le voyait , lui , son bourreau , son ancien compagnon , l'erreur de sa vie de femme. Patrick était toujours là et même si elle savait que son ancien mari se trouvait dans un hôpital psychiatrique loin , très loin d'elle et de sa petite fille , ça n'empêchait pas de le voir toujours dans ses pires cauchemars.

Elle se rappela soudainement les moments qu'ils avaient passés ensemble avant qu'il devienne le psychopathe dangereux qu'il était aujourd'hui.

"Pourquoi Patrick? demanda-t-elle à la vitre de l'armoire Louis XVI devant elle , pourquoi ne pas avoir accepté l'échec?..Regarde ce que tu es devenu.Tu n'es plus rien ..Plus rien pour tous ceux qui t'ont aimé."

Elle stoppa là son monologue et essuya ses larmes qui avaient fait couler son fontin. Elle referma les couvertures de son lit , mis ses chaussons de toile blanche et debout , fâce à l'armoire ancienne s'étira.

Tout a coup , la porte s'ouvrit violemment et en un instant elle crut voir Patrick une hache a la main venue pour la tuer. Mais cette vision d'horreur s'estompa bien vite et soulagé elle vit sa petite fille de quatre ans aux cheveux semblant ornés de pépites d'or à la mine réjouit se précipitant les bras ouverts vers elle .Une tornade blonde venait de rentrer dans la chambre .Elle portait une jolie robe couleur fraise et de jolis mocassins noirs et sa mère le remarqua aussitôt.

"Regarde maman ce que tante Danièle m'a acheté .Une jolie robe tout en couleur et des machins pour les pieds."

Jane Flesh partit d'un rire franc et embrassa avec fougue sa petite fille.

"Princesse , les "machins " comme tu dis ça s'appelle des chaussures et ceux que tu portes aux pieds se nomment "mocassins" 

"Comme l'animal maman?. Le morkassin?"

De nouveau Jane ne put s'empêcher de rire aux éclats. Que ça faisait du bien de rire. Elle oubliait pour un temps toutes ses nuits de cauchemars.

"Ma chérie l'animal c'est un marcassin  et non ce que tu portes aux pieds ce n'est pas un animal mais juste des chaussures pour tenir tes jolis pieds dodus."

"Ils sont pas "doudu" mes pieds. Ils sont je sais plus comment on dit...T'arrête de te moquer de moi maman!"

"Oui j'arrête. Princesse , tu es très belle aujourd'hui. Mais la prochaine fois que tu veux me montrer quelque chose frappe a la porte avant d'entrer .On est d'accord?. Bien maintenant file et va t'amuser."

Elle embrassa sa petite fille sur les joues , amoureusement.

Mais la petite lui tira la veste de son pyjama insistante.

"Oui Mary  , qu'y a- t-il encore?. Tu veux me dire autre chose?"

"Maman?"

"Oui ma princesse?"

"Tu crois qu'y va passer le papa Noël ce soir?"

"Bien sûr que oui ma chérie. Comme toutes les années tu sais.Pourquoi tu me demandes une chose pareille?"

"Eh! ben , j'ai fait un rêve cette nuit . Le papa noël était bien là mais il était méchant et il avait un gros truc pointu a la main et il disait que je n'aurais pas de cadeau pour Noël."

"Ce n' était qu'un affreux cauchemar ma belle et les cauchemars ce n 'est pas fait pour te rendre heureux tu sais" dit elle ironiquement  à la petite.

Mary eut un sourire éclatant et embrassa sa maman.  Avant de partir elle lui dit qu'elle l'aimait et que c'était "la plus merveilleuse des mamans".

"Amuses- toi bien chérie " dit sa mère en retour avec des larmes  aux yeux.

Jane Flesh s'habilla puis descendit les escaliers.

Un petit déjeuner copieux préparé par Anna la gouvernante l'attendait. Elle l'engloutit très vite. Elle était en retard,  prit ses affaires et alla travailler au collège de Derry où elle officiait en tant que professeur de lettres.

"Bonne journée et bon Noël " lui dit Anna avant qu'elle n'ouvre la porte d'entrée.

"De même Anna " répondit Jane à la domestique.

Elle ferma la porte de la maison , prit son vélo de ville , mis son sac sur le " porte-bagage " et s'en alla dans ce matin gris de décembre.

Nous étions le 25 du mois!

* * *

Dexter Lane Cottage 501 District avenue - 19H00


Patrick Flesh , encombré par son attirail de père Noël  ainsi que la hache qu'il avait trouvée près de la remise du garage , avait attendu derrière les buissons de la roseraie toute l'après- midi. Il avait froid mais il se dit qu'enfin la neige ne l'embêterait plus .Elle s'était mise à tomber vers la fin de matinée et n'avait pas arrêté jusqu'au milieu d'après midi .Mais il en avait cure de tout cela.L'heure de la vengeance approchait. Encore deux heures d'attente dans le froid glacial de l'hiver et le massacre commenceraient.

Ankylosée , il se remémora son plan .D'abord il devait s'occuper de la vieille gouvernante ( il ne l'avait jamais aimé celle- là . Cette vieille peau qui voulait toujours tout savoir sur tout et se mél-lait des affaires des autres comme si elle en avait quelque chose à faire...).

"D'abord je tue cette vieille peau d'Anna. Ensuite je m'occupe de la mère et la petite je me la garde  pour la fin."

Tout allait bien se passer et il serait enfin venger. Tapi dans les buissons de la roseraie il attendit son moment. Prédateur , il frapperait bientôt.

* * *

Jane Flesh se tenait près de la cheminée.

Il était maintenant huit heures du soir et elle se reposait dans le salon en écoutant de la musique classique. Mary dormait sur le canapé à trois places , à ses côtés.

Petit à petit le sommeil s'empara d'elle aussi.

Elle fut réveillée à neuf heures du soir par la voix de la domestique qui lui disait avec sa pointe d'accent cubain qu'elle s'en allait car elle avait fini ses taches et qu'elle leur souhaitait à toutes deux un très joyeux Noël.

Après ce petit interlude , Jane se rendormit mais rêva une nouvelle fois de son bourreau.

* * *

Patrick Flesh , toujours caché derrière les buissons de la roseraie , vit la bonne sortir de la maison.

C'était le moment!!

Il prit le manche de la hache et sortit de sa cachette . Il faisait nuit désormais. Aucune étoile dans le ciel ne pouvait le trahir .Seule la  lame de la hache brilla de son reflet assassin. 

Il s'avança , lentement , tel un chat sur des boîtes de conserves . Lentement il s'approcha de sa victime. Il ne faisait aucun bruit. Le chat savait se tapir dans l'ombre et le prédateur savait le faire aussi.

Anna lui tournait le dos. Elle n'arrivait pas à fermer la porte de la maison et jurait dans sa langue latine.

Il arriva près d'elle. Elle vit une ombre mais c'était trop tard. Pas le temps même de crier.

Il leva la hache au- dessus de lui et asséna à sa pauvre victime un coup mortel. L'arme transperça la  tête de la pauvre Anna , la coupant en deux . Il s'acharna ensuite sur "la vieille peau" lui portant des coups répétés . Il ne restait plus rien de la gouvernante.Les crépis des murs alentour , d'ordinaire d'un blanc immaculé , étaient désormais couverts de sang et de bouts de chairs disloqués. 

Un sourire de contentement empreint d'une folie certaine figea les traits de Patrick Flesh.

* * *

Un bruit métallique réveilla Jane.

Elle se leva de son fauteuil .Le feu de la cheminée brûlait encore .

Elle se rendit compte soudainement que sa petite fille n'était plus sur le canapé.

Surprise , elle l' appela. 

"MARY!!...MARY!!...Où es- tu ma chérie?...MARY?"

Le bruit métallique s'arrêta.

Après un long moment , une voix lointaine de petite fille lui répondit.

"Maman!!...J'suis a l'entrée...Je regarde la neige tomber..."

Un autre silence , plus pesant celui- là.

Jane s'était rapproché de la cuisine lorsqu'elle entendit crier sa petite fille.Ne comprenant aucunement ce qui se passait Jane cria a s'en faire péter les cordes vocales .

"MARY! .MARY! "

Elle courut à perdre haleine vers la porte d'entrée. Celle- ci était entrouverte. Des flocons de neige rentraient à l'intérieur. Voyant nulle part sa petite fille , elle jeta un coup d'œil dehors. Rien. Aucune trace de Mary. Elle referma doucement la porte .

À cet instant elle étouffa un cri . Sur la porte d'entrée , en lettres de sang , était inscrit ceci :

SALUT JANE. JE TIENS TA FILLE! MA FILLE! SI TU VEUX LA REVOIR VIVANTE TROUVE MOI. TON CHER ET Adoré PATRICK.

La peur s'envola aussitôt chez Jane et seule la haine se matérialisa dépassant toutes les limites de l'espace temps . Patrick était de retour!

Un jeu ? l voulait jouer à CE jeu ? Avec elle? .Hé bien il allait s'en mordre les doigts car quand elle le trouverait elle le tuerait de ses propres mains.

Elle fouilla dans la commode près de la porte d'entrée et y trouva le magnum 47 avec ses munitions . Elle l'avait acheté il y a peu craignant que ses cauchemars deviendraient  réalité. Elle s'en empara et commença a chercher son psychopathe d'ex-mari.

Le sang sur la porte d'entrée commençait à sécher.

Le JEU avait commencé.

* * *

Dexter Lane Cottage 501 District avenue _ 00H00


Découragée , Jane Flesh s'assit sur la dernière marche de l'escalier familiale.

Elle avait cherché Patrick dans toute la maison . Pendant trois heures il l'avait nargué. Pendant trois heures elle avait entendu son rire sarcastique résonner dans toute la maisonnée. Trois heures...Pour rien!

"Où es -tu caché espèce de salop!" cria- t-elle au vide de la maison étrangement dénuée de bruits.

Rien .Aucun souffle , aucune respiration , aucun halètement qui n' aurait pu le trahir. Le néant.

Elle serra son pistolet entre ses doigts si forts qu'elle s'en fit mal au poignet .Il fallait qu'elle le retrouve. Il tenait sa fille. Ce MANIAQUE tenait sa petite fille et Dieux seul sait ce qu'il pouvait lui faire!

Elle se remémora les pièces de la maison qu'elle avait visitée.

Au rez de chaussé tout d'abord avec le vestibule , la cuisine , le salon Louis XIV et la cave. Rien!

À l'étage ensuite avec la chambre de sa fille , la chambre d'amis , sa propre chambre , la salle de bain et l'armurerie. Rien non plus!

Alors où pouvait- il être ? .Tout a coup elle se rendit compte qu'elle avait omis de visiter une pièce et comme dans les dessins animés la petite ampoule s'alluma au- dessus de sa tête pour lui signifier qu'elle avait trouvé . Elle avait oublié le grenier!.Pourquoi n'y avait elle pas pensé plus tôt . C'était le lieu idéal pour se cacher!

Un sourire vengeur revint sur ses lèvres . Elle se redressa subitement et se dirigea vers le grenier.

* * *

Elle arriva vers ce dernier. La porte de chêne , vermoulue , menaçait à tout moment de se détacher de ses gonds couverts de rouille .La serrure étant cassée , elle n'eut aucune peine à ouvrir la porte. Un drôle de bruit de tôles froissées se fit entendre lorsqu'elle  l'ouvrit. C'est à cet instant précis qu'elle sentit quelqu'un se déplacer dans la pièce sombre comme une nuit d'hiver. Elle resta a l'entrée . Elle commença à parler à son interlocuteur invisible sur un ton calme , posé sans animosité.

"Patrick , je sais que tu es là. J'ai un pistolet à la main et je n'hésiterais pas a m'en servir si dans les deux minutes qui suivent tu ne m'a pas rendu ma petite fille. Tu as compris?"

La porte de l'enfer , gueule d'un démon de l'obscurité. Un silence de mort s'empara de la pièce horriblement sombre qui se trouvait devant elle.

Tout a coup , alors qu'elle ne s'y attendait pas , son interlocuteur lui lança un projectile à ses pieds. Elle cria lorsqu'elle  découvrit ce que c'était : une tête de poupée ensanglantée dont le front était fendu en deux. Juste une poupée!.Elle poussa un soupir de soulagement .Elle avait cru sur le coup qu'il lançait vers elle la tête coupée de sa propre petite fille!

"Qu'est- ce que tout cela signifie? " dit- elle nerveuse .

A ce moment , elle vit une petite silhouette que l'on poussait de la pénombre jusqu'à elle. Sa petite fille , le joyaux de sa vie . Elle était là , libre . Patrick ne disait rien.

"MAMAN!!!...Je t'avais dit que le père Noël serait méchant ce soir!! "

Jane Flesh se précipita à l'intérieur du grenier et prit sa petite fille dans ses bras la couvrant de baisers. Elles pleuraient toutes les deux.

Jane Flesh , emportée par ses sentiments, ne voyait pas que Patrick , grotesque avec ses habits de père noël , était sortis de sa cachette et se dirigeait vers elles. Il tenait sa hache levée au-dessus de sa tête prête à asséner un coup mortel à son ex- femme. Un rictus de tête de mort se profila sur ses lèvres de maniaque.

* * *

Ce fut la petite fille qui vit Patrick en premier.

"MAMAN!!!...LE PÈRE NOEL!!!" Cria-t-elle à l'encontre de sa mère.

Jane lâcha aussitôt sa fille et prit son pistolet dans sa main droite. Elle le pointa vers son ex- mari. On aurait dit un zombi avançant vers sa proie.

"Patrick!!...Reste où tu es.Ne fais pas un pas de plus .Je vais tirer je te préviens!"

Pas de cadeaux pour Noêl....Pas de cadeaux pour Noêl... répétait- il inlassablement tout en avançant , la hache au - dessus de la tête , un rictus de dément au bords des lèvres..

Un pas....Un autre pas...Un autre encore....

"Patrick!!...Ne me force pas à appuyer sur la détente."

Pas de cadeaux pour Noël....Pas de cadeaux pour Noël....

Jane était aux abois. Elle n'avait pas l'intention de le tuer mais s'il ne s'arrêtait pas tout de suite et s'il ne posait pas sa hache il savait le risque qu'il encourait. Elle l'avait prévenu.

"Patrick , dernière chance , reste où tu es et tout se passera bien. Si tu avances encore par contre je ne pourrais rien faire et je te tuerais. Patrick! Tu sais très bien que je n'y suis pour rien dans tout ça. Tu as perdu ton travail que tu aimais tant. La chance n'a pas été à tes côtés dans tes recherches ensuite. Mais je n'y suis pour rien . Petit a petit je t'ais vu t'enfoncer dans la dépression puis la folie s'est emparé de toi . Je n'ai rien pu faire. J'étais incapable de te venir en aide. La corde avait cassé entre nous . Tu es devenu un psychopathe Patrick et tu as tué des gens car tu ne pouvais plus voir le monde tel qu'il était. Mais tu ne m'auras pas , ni moi , ni ma fille.Alors stop! N'avance plus.."

"TA GUEULE!!" Aboya- t-il 

A cet instant , à un mètre de distance de Jane  , il lui lança sa hache . Le projectile  , peu maniable et facile à esquiver , se planta dans la porte en bois du grenier. Les gonds rouillés se détachèrent et l'ancienne porte tomba lourdement sur le sol poussiéreux du grenier.

"NON! NON! cria Patrick des larmes de fureurs dans ses yeux de dément.

Alors , dans sa tête malade , il se dit qu'il fallait qu'il trouve une porte de sortie à ce fiasco et à son échec personnel. Il vit la petite fenêtre du grenier.

Avant que Jane comprenne ce que son ex -mari avait l'intention de faire il était déjà trop tard.

Patrick , vers la fenêtre , la fit voler en éclat par un coup de pied bien ajusté.Il se jeta alors dans le vide et atterrit lourdement sur les dalles de maison. Le sang recouvrit la neige laiteuse .C'en était fini .Mais Jane n'oublierait jamais les dernières paroles de Patrick en se défenestrant :

PAS...DE...CADEAUX...POUR....NOËL....

* * *

Après s'être toutes deux calmées , Jane et Mary , appelèrent la police et une ambulance.

Lorsque Dick le shérif du comté entendit le nom de Patrick Flesh , il frissonna d'épouvante et demanda à Jane si tout allait bien . Elle lui répondit que maintenant que son ex- mari était mort elle avait retrouvé la sérénité.

Elle apprit une autre chose ce soir du 25 décembre. Patrick était recherché pour meurtres depuis depuis deux jours déjà.

Désormais , il ne tuerait plus .Il avait enfin trouvé "l'exit final" a sa vie et son échec se fondait désormais derrière le masque invisible de la mort. Rebus de la société il avait été , ange déchu il serait.

 Il était temps d'aller se coucher pour Jane et Mary . Demain serait un autre jour.

* * *

Le lendemain matin , Mary découvrit des cadeaux vers le sapin.

"Tu vois ma chérie , dit Jane à sa petite fille la regardant pleurer à chaudes larmes , le père Noël est bien passé. Je l'avais bien dit non?"

"Maman? dit la petite fille avec une petite voix éraillée par les pleurs.

"Oui?"

"Je t'aime!"

"Moi aussi Mary , je t'aime"

Elle regarda sa fille défaire ses cadeaux de Noël  et pleura de bonheur en voyant la joie dans les yeux de Mary.

On était le 26 du mois de décembre et le cauchemar était enfin terminé!






Signaler ce texte