Pen - Chapitre Dix

Julie Vautier

Arthur décide de faire appel à un tueur à gages pour éliminer l'assassin de sa femme. Arthur n'avait pas prévu que son tueur à gages serait une gamine de dix-huit ans.

Des éclats de voix.

Ça résonne.

Je l'écoute s'énerver tout seul.

Sans comprendre.

Il dit que j'abuse de sa générosité.

Il est gonflé.

 

Mes doigts s'agrippent à l'enveloppe.

Il le remarque.

Il pose des questions.

Il pose toujours des questions.

Trop de questions.

Tout le temps.

 

Je baisse les yeux.

Mon flingue est propre.

Il n'a jamais été aussi propre.

Il est tentant de s'en servir.

Je secoue la tête.

Mauvaise idée, Pen.

 

Il fait le tour de la table.

Il attrape l'enveloppe.

Maintenant, c'est moi qui m'énerve.

Je veux la reprendre.

Tout de suite.

Je tends la main.

Peine perdue.

 

Il est trop grand.

Plus grand que moi.

Il m'insupporte.

Je veux mon enveloppe.

Cinq mille dollars s'y trouvent.

Je les veux.

 

Il pose encore des questions.

Il secoue l'enveloppe.

Je ne la quitte pas des yeux.

Je ne dis rien.

Il la secoue.

Pluie de billets.

 

Je veux les ramasser.

Il m'en empêche.

Je veux le frapper.

Il m'évite.

Il est agile quand il veut.

Je me débats.

Il me ceinture.

Je veux crier.

Je ne le fais pas.

 

Je me calme.

Peu à peu.

La colère, la panique.

Une larme.

Je l'essuie.

Je ne pleure pas.

 

Il me relâche.

Il me regarde.

Il sait qu'il a été trop loin.

Attentes des deux côtés.

 

Nous regardons les billets.

Il ne pose plus de questions.

Même s'il en meure d'envie.

Je dois lui parler.

Je veux lui parler.

J'ai envie de lui parler.

 

C'est ça qu'on appelle la confiance ?

C'est fou ce que la confiance ressemble au désespoir.

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