Pen - Chapitre Quatre

Julie Vautier

Arthur décide de faire appel à un tueur à gages pour éliminer l'assassin de sa femme. Arthur n'avait pas prévu que son tueur à gages serait une gamine de dix-huit ans.

Les effluves de café s'accrochent à ma veste.

Je marche, j'ai froid.

Je resserre les pans de ma veste.

Je cramponne mon sac.

Je cramponne les six mille dollars qu'il contient.

Personne ne me volera mon sac.

Personne n'osera.

 

Dans le parc de la ville, je trouve un banc.

Je m'y assois et je réfléchis.

Johnny Cave, rien que ça.

Il en a de bonnes, lui.

Il serait plus simple de buter le président.

Johnny Cave.

Pourquoi pas Bruce Springsteen tant qu'on y est ?

 

Je repense à cet homme au Dolly's.

Arthur Kingdom.

Sa silhouette perdue sur la banquette mitée.

Son café au lait froid.

Il a l'air d'être un homme simple.

Sans histoire.

Pourquoi voudrait-il la mort de Cave ?

Peu importe.

Ça ne me regarde pas, après tout.

 

Sur mon banc, je réfléchis.

Je réfléchis à un plan.

J'ai tué de plus gros poissons que Cave.

Je devrais pouvoir y arriver.

Après tout, je suis Pen.

Le meilleur élément de l'agence.

J'ai déjà tué des hommes politiques.

Des artistes locaux.

Des pères de famille respectables.

Des clodos.

 

Je vois passer des jeunes de mon âge.

J'aurais pu être comme eux.

J'aurais pu aimer sortir le soir avec mes amis.

Boire une vodka en écoutant le dernier titre de Rihanna.

Me saouler la gueule.

J'aurais pu.

La vie en a décidé autrement.

 

Je passe quelques coups de fils.

Je trace une première esquisse de plan.

Ce sera simple et efficace.

Comme moi.

Simple et efficace.

Je range mon téléphone.

Mes contacts savent quoi faire.

 

Je reste un moment sur mon banc.

Je suis bien.

Il fait froid, mais je suis bien.

Le vent caresse mon visage.

Mes cheveux.

Il passe par les mailles de mon écharpe.

Va et vient.

J'aimerais être aussi bien au quotidien.

 

Je vérifie l'heure.

Je dois y aller.

Je prendrai le bus.

C'est plus rapide.

Je veux arriver rapidement.

C'est jeudi aujourd'hui.

Je dois y aller. 

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