Pensée de cendres

Emilie Decamp

La tempête avait cessé. Pour laisser place à une plaie béante, sanglante… Ma vie n’était restée qu’un tas de cendres sur le parvis d’une église, un trou énorme dans un monde qui s’en foutait. Parce que, oui. Au fond, qui se soucie qu’une inconnue s’est encore fait avoir ? Et que jamais ne cicatrisera les blessures de sa naïveté ? Pas grand monde. Alors, j’attends. J’attends, seule et en poussière sur les marches, que quelqu’un -n’importe qui- me ramasse et me reconstruise. Ou me jette. Qu’importe. Tant qu’il y a une fin. C’est toujours la fin, l’important. Les débuts sont toujours tristement illusoires. On se laisse déborder par des sensations inconnues qui ont vite fait de s’essouffler, de disparaitre. Au fond, ma vie est un énorme soufflé. Elle a connu son summum à la fleur de l’adolescence. Quand la naïveté n’était pas encore une faute grave. Mais après avoir réussi avec brio les premières années de mon existence, tout est retombé. Flasque et inerte. Emplie de frustration et d’amertume. Voila ce qu’est ma vie, elle est…sans vie. Morte. Et je reste là, débris de vie sur des blocs de béton.

Signaler ce texte