Pérégrinations champêtres
Sylvain Hellin
1 EXT. Jardin du relais de chasse - JOUR
Une voiture arrive devant un relais de chasse profondément enfoncé dans une forêt. Le temps est agréable et les rayons du soleil filtrent à travers les feuillages. La voiture s’arrête. Deux individus (CHARLES et RICHARD) en sortent. Richard (le conducteur) est vêtu d’un costume noir, chemise blanche et cravate noir fine. Il observe rapidement les lieux et fait le tour de la propriété avant d'entrer à l’intérieur. Charles (siège passager) est vêtu d’un jean et d’une chemise partiellement déboutonnée et aux manches relevées. Il s’étire et s’assied nonchalamment sur le capot de la voiture, admirant le paysage. Richard ressort de la maison, la mine réjouie.
Richard
L’endroit est parfait, on va être
comme des coqs en pâte.
Charles acquiesce d’un signe de tête approbateur.
Richard
Bon allez, au boulot.
Les 2 hommes sortent une cagoule et se couvrent le visage avant de se diriger vers le coffre de la voiture qu'ils ouvrent. Une jeune d'une vingtaine d'année y est bâillonnée et attachée. Elle les observe d’un air terrifié et prononce des sons inaudibles en raison de son bâillon.
Charles
Pas la peine de t’essouffler jolie cœur, on ne comprend rien à ce que tu racontes.
Charles tente d'attraper la jeune fille, mais celle-ci se débat vigoureusement.
Charles
Arrête de gigoter, tu ne trouves pas qu’il est un peu tard pour essayer de nous échapper?
Sophie se débat de plus belle, Charles ne parvient toujours pas à s’en saisir.
Richard
T’as besoin d’aide? N’hésite pas, je sais à quel point c’est difficile de maîtriser une gamine
de 17 ans ligotée et bâillonnée.
Charles lâche Sophie.
Charles
Non c’est bon, j’ai une technique infaillible.
Il assène un brutal coup de poing à Sophie, qui s’évanouit et cesse instantanément de se débattre. Charles la charge négligemment sur son épaule et se dirige vers la maison. Richard, légèrement surpris, le suit à l’intérieur après un instant d’hésitation.
2 EXT. Jardin du relais de chasse - JOUR
Charles et Richard sortent de la maison, enlèvent leurs cagoules et s’installent sur deux chaises de jardin.
Richard
T’es sûr que tu l’as bien attachée?
Charles
Mais oui t’en fais pas. Et puis tu sais, avec ce que je lui ai mis dans les gencives, elle n'est pas prête de s’enfuir la petite.
Charles sort une cigarette et se met à fumer, tout en regardant le paysage et en s’enfonçant davantage dans sa chaise. Richard l'étudie du regard.
Richard
Pourquoi t’as accepté ce boulot? Ça n’as pas l’air d’être dans tes habitudes.
Charles
J’avais encore jamais essayé les kidnappings, alors quand le vieux TOM m’a proposé celui-là j’ai saisi l’occasion.
Richard
Attends t'es en train de me dire que c'est ton premier kidnapping?
Richard a un rire à la fois méprisant et dépité.
RICHARD
Dire que ce gros enfoiré m'a certifié que t'étais un pro. Si j'avais su que t'étais une bleusaille je n'aurais jamais accepté cette foutue mission.
Charles
Excuse-moi de te dire ça, mais s’il y a une bleusaille ici c’est toi. Comment est-ce que tu peux encore croire au baratin de TOM. Il suffit de l’écouter parler une heure pour qu’il te raconte qu’il a déjà tué
un ours à mains nues, grimpé au sommet de l’Everest à poil, sauté Scarlett Johansson et même descendu Kennedy.
Richard lui jette un regard noir, s'apprêtant à riposter, mais lorsqu'il voit l'air complètement détaché et neutre de Charles, regardant le ciel d'un air vague en tirant nonchalamment une bouffée de sa cigarette, il lâche l'affaire, et se calme.
Charles
Des nouvelles du père?
Richard
Toujours aucunes.
Charles
Il n'a pas l'air tellement soucieux de la santé de sa gamine celui-là.
Richard
Pas tellement non, c'est sûr que c’est plus simple avec les parents poules, qui acceptent sans broncher toute tes conditions et te vont même jusqu’à te filer même plus de pognon pour te mettre de bonne humeur.
Charles
Ça t'est déjà arriver de tomber
sur des gens comme ça?
Richard
Non, mais qui sait, peut-être que
celui-ci sera le premier.
Richard reçoit un message sur son téléphone. Son visage s’éclaire, il ouvre le message.
Richard
Quand on parle du loup, voilà la réponse du père.
Charles
Alors?
Richard lit le message et son visage se renfrogne, il se tourne vers Charles et lui lit le message à voix haute.
Richard
"Il est hors de question que je verse un seul centime à des tocards de votre espèce, maintenant rendez-moi ma fille avant que j’appelle la police bande de minables!"
Charles
Mouais. C’est pas encore pour cette fois le papa poule.
Richard
T’as vu sur quel ton cet enfoiré nous parle?
Charles
N’en fais pas tout un plat, il nous prend simplement pour deux petites frappes; il ne nous a jamais rencontré et il ne sait pas à qui il a à faire.
Richard
Je rêve où t’es en train de prendre sa défense?
Charles
Mais non, je t’aide à relativiser voilà tout, tu t’énerves beaucoup trop facilement.
Richard
Je ne m’énerve pas mais ça me fait chier. Merde c’est vrai quoi, on est des professionnels et ce type nous parle comme à de vulgaires voleurs de poules. C’est vexant.
Charles
Bon eh bien si tu es un aussi grand professionnel, agis comme tel et trouve un moyen de débloquer la situation.
Richard
C’est tout trouvé, on va lui arranger sa gosse bien comme il faut et lui envoyer une photo, quand il verra l’état dans lequel on l’a mise il comprendra vite à qui il a à faire!
Charles
Quoi tu veux esquinter la petite?
Richard
Ah pardon je ne t’ai pas proposé, tu veux le faire? Remarque on peut aussi s’y mettre à deux.
Charles
Bof c'est pas trop mon truc de cogner.. Tuer je ne dis pas, mais la torture non.
Richard
Moi ça ne me déplaît pas plus que ça. Il m’arrive même d’y prendre un certain plaisir.
Richard se lève, enfile sa cagoule et rentre dans la maison. Charles reste dehors à flâner au soleil.
3 Ext. jardin du relais de chasse - Jour
Richard ressort de la maison, son téléphone dans la main, l’air satisfait.
Richard
Mission accomplie! Tiens, admire le travail.
Richard tend son téléphone à Charles. Charles s’en saisit et fait défiler les photos. Richard attend ses commentaires avec intérêt.
Charles
Mais qu’est-ce que c’est que ce travail de sagouin.
Le visage de Richard s’assombrit aussitôt.
Richard
Pardon?
Charles
C’est un boulot d’amateur ça. Pour quelqu’un qui n’aime pas être pris pour un guignol on ne peut pas dire que tu sois très consciencieux. Si tu envoies ça au père il va vraiment te prendre pour un nain.
Richard
Alors ça c’est la meilleure, être taxé d’amateurisme par un type incapable de lever le petit doigt sur une gamine. T'auras le droit de critiquer mon travail le jour où tu seras capable de faire mieux, en attendant tes remarques tu peux te les foutre au cul.
Charles se lève calmement, sans un mot, enfile sa cagoule et se dirige vers le coffre de la voiture qu’il ouvre. Il en sort une caisse à outils et pénètre à l’intérieur de la maison, sous l’oeil intrigué de Richard.
4 Ext. jardin du relais de chasse - Jour
Charles sort de la maison en essuyant ses mains couvertes de sang avec un torchon, le téléphone de Richards dans la bouche. Il jette le torchon et tend son téléphone à Richard avant de s’asseoir.
Charles
Tiens, ça c’est du travail soigné.
Richard prend le téléphone d’un air dubitatif, mais sitôt le regard posé sur le téléphone il fait les yeux ronds.
Richard
Mais t’es un grand malade, le père ne va jamais croire que sa fille est toujours en vie avec une photo pareille! Qu’est ce que tu lui as fait pour la mettre dans cet état là?
Charles
Disons que j’ai laissé libre court à mon imagination.
Richard envoi la photo au père.
Richard
Eh ben, je suis bien content de ne pas savoir ce qui se passe dans ta tête. Tu sais que tu as tous les pré-requis pour devenir un sacré tueur en série?
Charles ricane doucement.
Charles
Eh eh, excellent.
Richard
Qu'est-ce qui est excellent?
Charles
Que tu me dises cela. Parce que, figure toi que je suis déjà un tueur en série, et ton commentaire me flatte au plus haut point.
Richard observe Charles pour tenter de deviner si celui-ci plaisante pendant un bon moment. Charles soutient son regard en souriant.
Richard
Tu bluffes.
Charles
Véridique. Veux-tu que je te raconte comment je procède ? A ta place j'en profiterais, peu nombreux sont ceux qui ont la chance de connaitre cette histoire; et plus rare encore ceux qui sont toujours de ce monde aujourd'hui.
Richard
Je t'écoute mon gars, fais moi le plaisir de me décrire ta passion morbide.
CHARLES
Ma marque de fabrique, c'est de mélanger le meurtre et la peinture.
5 INT.Intérieur d'un musée - jour
(Suite en image de l'histoire de Charles - les images défileront au rythme de la voix de Charles)
Charles erre dans les allées du musée, regardant certaines toiles distraitement, d'autre avec plus d'attention, jusqu'à s'arrêter sur un tableau en particulier, qu'il regarde alors avec fascination.
CHARLES
(V.O)
Avant de choisir mes victimes, je commençais par choisir un tableau, celui qui me provoquais la plus forte impression. Je le regardais pendant des heures, j'essayais de m'en imprégner, de l'assimiler, d'être capable de le reproduire en mémoire jusqu'au moindre détail lorsque je fermais les yeux, comme s'il était toujours devant moi.
6 EXT. route de campagne - jour
Charles est au volant d'une voiture, sillonnant les petites routes de campagne, la radio allumé et le sourire aux lèvres.
CHARLES
(V.O)
Puis, quand l'œuvre faisait partie intégrante de mon être, je prenais ma voiture et je me baladais dans la campagne, sans but précis, en me laissant guider par les hasards de la route, jusqu'à ce que je trouve une maison qui dégageait la même énergie que le tableau.
Charles fixe une maison au loin et roule dans sa direction. Il s'arrête au niveau de l'entrée et descend de sa voiture. Il s'avance jusqu'à la maison et ouvre la porte d'entrée. Il tombe nez à nez avec une femme qui le regarde sans comprendre. Il sort son arme et l'abat. Le bruit du coup de feu attire son mari qui arrive au pas de course. Charles l'abat avant que celui-ci n'ai eu le temps de prononcer le moindre mot. Le silence se fait, Charles tend l'oreille. Il entend des bruits de pas à l'étage. Il monte calmement, entre dans une chambre et voit un adolescent au fond de la pièce, pétrifié de peur, une batte de baseball à la main. Charles le descend à l'instant où l'adolescent s'apprête à bouger.
CHARLES
(V.O)
Je m'y arrêtais alors et entrais tuer tous les occupants.
7 INT. salon de la maison de campagne - jour
Charles est occupé à peindre sur le mur du salon, en utilisant le sang de ses victimes en guise de peinture.
CHARLES
(V.O)
Je rassemblais ensuite les cadavres dans la pièce qui deviendrait mon atelier, sortais mon pinceau et me mettais à reproduire la toile étudiée avec leur sang.
8 INT. SALON DE LA MAISON DE CAMPAGNE - JOUR
Charles se tient face à son œuvre maintenant terminée : une reproduction parfaite de la toile observée au musée. Il se saisit du téléphone du salon et compose un numéro. Il porte le combiner à son oreille, on entend la tonalité.
CHARLES
(V.O)
Dès que c'était fini, j'appelais la police et je rentrais chez moi, vidé à jamais de la toile que j'avais tant étudié.
9 EXT. jardin du relais de chasse - jour
Charles et Richard sont toujours assis sur leurs chaises de jardin.
Richard
Attend, c'est toi celui que toutes les feuilles de choux appelaient "l'artiste"?
Charles
Lui-même.
Richard
Eh bien mon vieux c'est un honneur de bosser avec un type de ta classe.
Richard s'incline respectueusement vers Charles.
Richard
Maintenant je comprends mieux pourquoi tu m'as pris la tête avec la photo de la petite. J'ignorais que j'avais à faire à un esthète. Désolé de t'avoir traité de bleusaille.
Charles
T'en fais pas c'est oublié. Et toi, t'as déjà tué?
Richard
Oh oui, beaucoup même.
Charles
Aurais-je à faire à un confrère meurtrier?
Richard
Pas exactement. Contrairement à toi, moi je faisais ça pour des raisons bassement financières.
Charles
Alors là tu m'intéresses, gagner de l'argent en tuant. Aurais-tu trouvé la poule aux œufs d'or?
RICHARD
J'avais trouvé une technique assez lucrative en me baladant sur internet.
10 int. chambre de richard - nuit
Richard est installé sur son bureau, dans la chambre de son appartement. Il navigue sur le net et consulte des chats de rencontre. Il créé un profil, choisissant comme photo de profil celle d'une belle femme d'une trentaine d'année, fort aguichante. Sur l'écran on voit s'afficher le pseudo choisis 'Jolie_miss_60'
RICHARD
(V.O)
Je me faisais passer pour une fille sur des chats douteux et je donnais rendez-vous à des pervers dans des endroits paumés, sous prétexte de s'envoyer en l'air discrètement.
11 EXT. lisière de foret - nuit
Richard attend caché derrière un arbre, en manteau sombre, son arme à la main.
RICHARD
(V.O)
Après j'allais les attendre au point de rendez-vous.
Une voiture s'avance et s'arrête à quelque metres de lui. Le conducteur sort de la voiture, son regard scrutant les ténèbres à la recherche de quelqu'un. Richard sort de sa cachette, l'arme braqué sur le pauvre homme.
RICHARD
(V.O)
Tu aurais dû voir la tête de ces types se décomposer lorsqu'ils réalisaient qu'ils s'étaient fait avoir.
Un rictus cruel se forme sur le visage de Richard, qui fait feu la seconde suivante. Il s'approche du cadavre, lui prend son portefeuille et sa montre, puis s'installe au volant de sa voiture et s'engage sur la route.
RICHARD
(V.O)
Je profitais du spectacle quelques minutes; puis je les descendais, piquais leur pognon et revendais leurs bagnoles.
12 EXT. JARDIN DU RELAIS DE CHASSE - JOUR
Charles et Bernard sont installés sur leurs chaises de jardin.
Charles
Mais alors toi aussi tu as fait les gros titres de la presse, c'est bien toi qu'on surnommait "les liaisons dangereuses"?
Richard
Tout à fait. J'ai eu un peu de mal à m'habituer à ce surnom au début, mais maintenant je le trouve plutôt classe.
Charles
Alors c'est à mon tour de te saluer, j'adore ce que tu as fait.
Charles salut Richard, qui n'est pas peu fier que Charles le reconnaisse également comme un partenaire de valeur. Un nouveau silence s'installe, mais cette fois il marque une communion entre deux êtres qui se respectent mutuellement. Puis Richard regarde sa montre. Le mouvement laisse apparaitre son arme attachée sous son veston, que Charles remarque.
Charles
Qu'est ce que t'utilises comme flingue?
Richard sort son arme qu'il manipule devant Charles pendant sa démonstration.
Richard
Berreta 9 mm CZ 100. Structure en polymère, visée laser, 15 cartouches dans le magasin. C'est l’arme la plus puissante et la plus précise qu’un homme puisse posséder en ce bas monde. Ça m’a coûté un bras mais je ne le regrette pas. C'est la classe hein?
Charles
Bof.
Richard
Bon je constate qu'une fois encore tu mets un point d'honneur à me contredire. Qu'est-ce que t'as toi?
Charles
Ça.
Charles sort un vieux révolver bien lourd qu'il pose sur la table.
Charles
Il n'a aucun gadget, même pas de nom, mais il fait des trous plus gros qu'une balle de golf dans mes victimes.
Richard
A condition que les balles atteignent leurs cibles. Ça m'étonnerait que cette breloque soit capable de toucher quoi que ce soit.
Charles
Ça dépend, entre les mains d'un vrai tireur ça fonctionne très bien.
Richard
Qu'est-ce que tu sous-entends par là? Tu crois que tu tires mieux que moi c'est ça?
Charles
Je n’ai pas dis ça. Simplement tu as besoin d’un gadget ridicule qui coûte un bras pour faire le même boulot que moi avec du matos rudimentaire. Après c’est à toi d’en tirer les conclusions qui s’imposent.
Richard
Richard se lève, sort son arme et se dirige vers la forêt. Charles le regarde s’avancer, avant de se lever et de le suivre.
13 Ext. Forêt - Jour
Charles et Richard s’avancent dans la forêt. Richard est attentif et scrute la forêt à la recherche de quelque chose. Charles le suit sans trop comprendre ce qu’il a en tête.
Charles
Si tu cherches un bon endroit pour un duel, j’ai vu une clairière tout près d’ici.
Richard se met à rire.
Richard
Un duel? Mais non. Si je voulais te tuer je t'aurais tiré une balle dans le dos, je n'aurais pas prit le risque de faire un duel. On va faire un concours de tir.
Ils font quelques pas supplémentaires, puis Richard s'arrête, il a trouvé ce qu'il cherche et le montre à Charles.
Richard
Et ça, ça sera notre cible.
Richard pointe le doigt vers un petit oiseau posé sur une branche à une trentaine de mètre de leur position.
Charles
Ça me va.
Les deux hommes sortent leurs armes, se mettent de profil par rapport à l'oiseau, le bras tenant leur arme tendu le long de leur cuisse.
Richard
On ouvre le feu à 3. 1.. 2.. 3!
Les deux hommes lèvent leurs armes et font feu simultanément. L'oiseau disparait dans un nuage de plume. Au même instant un cri de douleur retentit. Les deux hommes se font face, s'apprêtent à parler mais un gémissement chargé de souffrance les retient. Ils tournent les talons et se dirigent vers la source de la plainte.
Charles
On dirait bien qu'on a touché un type.
Richard
Ça y ressemble ouais. Fait chier.
Richard et Charles continuent de s'enfoncer dans la forêt. Ils finissent par tomber sur un chasseur allongé dans l'herbe, les mains crispées sur son ventre couvert de sang. LE CHASSEUR les regarde d'un œil où se mêlent incompréhension et appel à l'aide.
Charles
Oh regarde, un chasseur.
LE CHASSEUR
(D'une voix extrêmement faible)
S'il vous plaît, aidez-moi.
Charles lui met un coup de pied dans le ventre. Le chasseur gémit et se tord de douleur.
Charles
Toi ta gueule.
Richard
Qu'est-ce qu'on va faire de lui?
Charles
Procédons par ordre. Avant de savoir ce qu'on va en faire, je veux savoir qui l'a aligné.
Charles se penche sur le chasseur et commence a déboutonner sa chemise, sous l'œil révulsé de celui-ci qui souffre autant qu'il panique.
Richard
Quel intérêt?
Charles
Disons que ça serait un bon moyen de nous départager. Celui qui a réussi à envoyer un pruneau à travers un piaf directement dans le ventre d'un chasseur mérite bien d'être sacré vainqueur, ne serait-ce que pour la beauté du geste.
Richard
Ça se tient.
Charles ouvre en grand la chemise du chasseur. On y voit deux impacts de balle (dont une beaucoup plus grosse que l'autre). Charles et Richard se regardent médusés.
CHARLES
Alors ça c'est pas banal.
Richard
Ce type est tout de même incroyablement malchanceux. Encore se prendre une balle perdue ça peut arriver, mais deux!
Charles
D'un autre côté, qu'il s'en prenne une ou deux le résultat est le même.
Charles imite la tête d'un macchabée. Le chasseur est encore plus terrifié.
Richard
Bon et maintenant on en fait quoi?
le chasseur
(faible et suppliant)
Par pitié, emmenez-moi à l'hôpital.
Charles
On pourrait l'attacher à un arbre et finir notre petit concours de tir avec lui, ça serait une manière ludique de traiter le problème.
Richard
Mais qu'est-ce qui ne tourne pas rond chez toi! Même les chevaux qui ratent une haie on les abat proprement, alors on va achever ce pauvre homme dignement, ok?
Charles
Ok.
le chasseur
Pitié, je en veux pas mourir
Richard
La mon vieux vous en demandez un peu trop, il fallait réfléchir avant de vous balader sur un champ de tir.
Charles
Allez on a perdu suffisamment de temps comme ça, surtout que ce gars là n'a pas l'air d'apprécier l'idée de sa mort très sereinement.
Richard l'abat froidement.
Charles
Problème réglé.
Richard
Pas tout à fait, avec les bruits des coups de feu et ce cadavre de chasseur dans les parages, on ferait mieux de bouger de planque.
Charles
L'idéal serait de transporter directement la gamine au point de rendez-vous... Au fait que devient le père?
Richard sort son téléphone et constate qu'il a un nouveau message.
Richard
Ah bah il a répondu! Depuis un petit moment en plus. Je n'ai rien entendu.
Charles
Alors il accepte de passer à la caisse?
Richard
Un peu qu'il accepte. Ta petite photo l'a complètement anéanti, désormais il dit amen à toutes nos demandes. On lui donne rendez-vous sous le pont dans une heure?
Charles
Ouais c'est parfait. Allons nous préparer et charger la gamine.
Charles et Richard retournent au relais.
14 Ext. jardin du relais de chasse - jour
Charles et Richard arrivent devant le manoir. Ils enfilent leurs cagoules, ouvrent la porte et s'immobilisent juste après en avoir franchi le seuil.
RICHARD
Putain j'étais sur que tu l'avais attaché comme un manche.
Deux coups de feu partent, Charles et Richard tombent raide morts sur le sol.
FIN