Perfect Day

to-infinity-and-beyond

Il faut y croire avant de le voir.

3,2,1... C'est la nouvelle année. Les embrassades ne m'atteignent pas. A l'instant, même si mon seul souhait est de passer la meilleure année de toutes, ça paraît mal parti.

Le bac. Ce mot pend à la bouche de ma famille entière qui me tanne avec cet évènement. "Tu passes ton bac prochainement, non?", "Il va falloir t'accrocher pour avoir une mention!" et surtout, sans doute la pire de toutes les remarques prononcées jusqu'ici : "le bac, ce n'est rien. Ce qui compte, c'est ce que tu fais après". Encourageant.
J'ai recommencé les Frères Scott. Une manière de me sortir la tête un peu de tout ça. J'ai halluciné quand j'ai vu l'épisode où Gavin deGraw apparaît. Ce gars a une classe incroyable.

Il est moins de dix heures, pourtant, ma famille et moi sommes déjà levés, malgré un concept très simple que mes parents ne semblent pas connaître : les vacances. Cette année, nous les passons à Venise. J'ai mon Ipod coincé dans un coin de ma poche de manteau. C'est mon porte-bonheur, mon seul échappatoire. C'est la seule façon pour moi de ne pas couler petit à petit. Joshua Radin m'accompagne dans ma folle épopée à travers St Marc. Je me sens moi. Je me sens bien.

 J'ai arrêté de manger, maman pense que c'est à cause du stress. Tout ce que je sais, c'est que mon ventre se noue sans cesse, et que la simple odeur de la nourriture me rend malade. Le point positif, c'est que je vais enfin perdre les deux kilos de trop que j'ai pris l'été dernier.
Je rêve d'être ma sœur. Fine, belle et souriante. Elle rayonne. Alors que moi, je préfère me renfermer dans mes bouquins. Et particulièrement un : Nos Etoiles Contraires. Je rêve d'un Augustus.

L'année passe trop vite. J'ai maigri et je me réalimente petit à petit. Ma mère ne force pas trop sur les doses. Je crois qu'elle est toujours inquiète. Je dors peu et je travaille beaucoup ; il paraît que ce sont les clés de la réussite. Je n'en suis pas si sûre. Au fond de moi, je me sens comme une coquille vide ; j'ai beau chercher, je n'arrive pas à retrouver l'ancienne moi. Et ça me fait terriblement peur.
Je crois que mes parents n'ont rien remarqué. Mon père a fait découvrir à mes frères des vieux groupes de rock, comme il l'a fait avec moi quand j'avais leur âge : je suis fière d'entendre le plus jeune fredonner "Michelle" des Beatles. Le deuxième est plus branché sur l'électro. On ne peut pas tout avoir, dans la vie.

Bonheur suprême. J'ai eu mon bac, je suis dans la filière que je désirais. Les instants de stress ont été remplacés par une joie immense au fil de mon été, qui n'a pu être terni par rien, ou presque. La mort de Cory Monteith m'a chamboulée. La vie est parfois trop injuste. Et puis, à la rentrée, c'est Lou Reed qui s'est éteint. Et maintenant, je comprends mieux ce que disait mon père quand il parlait du Velvet Underground : "c'était le plus honnête des groupes."

Bientôt, 2014 va arriver. Cela sonne comme une promesse. Pas de tricheries, de mensonges. Juste ma vie, qui s'entremêle à celle des autres.

 Bonheur total.

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