Perpio

evrasgarmild

Une petite fille qui a peur du noir affronte la colère.

Le sombre, un bleu nuit qui envahit, le charbon recouvre un monde. Elle doit avoir sept ans à peine et regarde les ombres au dessus d'elle et la peur instinctive. L'animal effrayé en elle se retourne sur lui même, le poil frileux électrise les neurones de la petite fille. Son doudou du tissu le plus doux lui servait de catalyseur, plus que jamais, elle y mit tout son chagrin. Elle souffrait de la peur d'être seule car ce qui se rapprochais n'était même pas vivant, cela n'avait l'apparence que d'une brume occulte. Plus les secondes passent, plus elle rétrécit, elle redevient petit bébé, implorant dans son coeur la tendresse de sa maman. Minuit va bientôt sonner, et elle demeure si seule, si petite et triste. Le froid arrive et se répand harmonisé au frisson de la petite bête dans son crâne minuscule. Des yeux presque dans les larmes de la nuit, elle regardais le ciel, tremblotant à cause du froid. Elle était passée de la petite fille aux allumettes à son fantôme. Les réverbères de la rue ne suffisaient plus, elle se sentait délaissée, sans personne à part son léger drap de tissu à tête de peluche. Ce doudou et son animal intérieur étaient aussi réconfortants sous la nuit qu'un chocolat chaud en hiver. Mais ici, le froid n'offrait pas les extrêmes rigolades de la neige que l'enfance adorait, elle aurait attendu l'hiver pour ça. 

Perpio, le doudou se diminuait. Et la petite se mit à courir comme pour lui prier de revenir, sinon, elle partirait. Sans son tendre bout de tissu, elle redeviendrait bientôt de la poussière, une esquisse d'entité. Elle voulait que les fibres se recolle, mais la vie ne fonctionne pas comme ça et l'amour n'a pas tout les pouvoirs. Elle cria le nom de Perpio, priant pour son retour. Ses pieds nus devenaient blancs et salles tendis que la chaleur de son doudou s'estompait. Elle chercha la présence de sa mère, d'un père, d'un grand frère protecteur ou d'une grande soeur bienveillante. Même un ami, un camarade de jeu pouvait prendre la place de Perpio, mais il mourrait bientôt. Les larmes coulent toujours plus, trace miniaturisée de la chaleur restante. Elle cria le nom de Perpio, mais elle n'avait plus que des fils dans la paume. Le bruit de la masse s'effondrant de son poid plume ressemblait à un petit ricochet, celui qu'on réussit quand personne ne nous voit. Allongée sur le dos, le bout de chou n'est plus qu'un linge froid, un paquet de cotton en forme de poupée. Les fils de Perpio volaient au vent. La tristesse était seule trace d'émotion sur le visage de la petite fille, seule, sans cri. L'animal en elle ne bougeait plus non plus et un dernier souffle sortit de ses lèvres tremblotantes. 

Ce qui tremblait à présent, était la peluche spirituelle de la petite, son animal, sa haine, personne ne l'avait sauvée du froid. Le totem flamboyait en soignant les larmes gelés. Ce petit bonbon fond. Perpio l'attendait. Le miel de l'atmosphère est mort en cette nuit et la rage de Perpio sera toujours dans la ruelle pour que tous aient peur et souffrent. Comme la petite que l'on avait pas voulu sauver. 

Tu sais quoi faire, sort et offre lui ta flamme, crevette. 

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