Peut-on encore écrire ?

Non. Ce n'était pas possible. Je ne pouvais pas avoir cette prétention, du haut de mes vingt printemps, d'écrire, de m'auto-nommer écrivain. Dante et Balzac n'ont-ils déjà pas tout célébré, critiqué, révélé? L'homme peut-il encore ignorer les machineries de la Divine et Humaine Comédie? Et pourtant, la marguerite qui borde un chemin fait-elle de l'ombre à la rose sublime cultivée sous une serre ? Les petites mains qui donnent naissance aux créations des grands couturiers leur sont elles inférieures ? Il y a le génie de l'idée, mais il y a aussi celui de la réalisation. Alors oui, j'assume de prendre non pas la suite mais la même direction que les monstres sacrés de la littérature, car j'estime que chacun en ce monde peut et doit se tailler une place au soleil, et chaque esprit, même le plus faible, peut révéler une immense vérité sur l'homme.

Je ne suis pas grande, je ne suis pas bien vieille et si peu expérimentée, mais comme l'a dit un Grand, la valeur n'attend pas le nombre des années. Ce ne sera pas parfait, chers lecteurs, il y aura des fautes, des longeurs, des lourdeurs, mais ma maison tiendra debout, car elle est construite avec amour et force, elle n'ira pas très haut peut-être, mais elle ira ardemment.