Peut-on sortir de notre caverne ?
Jean Marc Kerviche
Peut-on sortir de notre caverne ?
Les uns croient ceci, les autres cela. Tout dépend de ce qu'on leur a mis en tête. Et ça commence dès l'enfance… un peu comme on entre dans une caverne.
Une caverne où on ne te demande pas de réfléchir. On t'impose des vues, des idées, des pensées, sans libre choix. On exige de toi que tu te conformes à ce qui est dit, proféré, institutionnalisé. Il faut que tu te conformes au groupe auquel tu es censé appartenir et que tu y adhères sans discussion, sans alternative. D'autres avant toi ont tenté de s'y opposer. Ils ont été obligés de renoncer à leurs réticences, taire leurs critiques et réprimer leurs velléités, puis une fois les habitudes acquises et reconnues comme telles, rien ne peut les faire changer, même l'évidence, car il se trouvera toujours quelqu'un pour les dissuader de suivre leurs nouvelles orientations avec comme menace tacite de se retrouver seuls à errer sans protection dans des territoires ou environnements préalablement décrits comme possiblement hostiles et insécures. Alors, inévitablement s'insinuera dans les têtes un sentiment de paranoïa latente qui les fera revenir vers ceux auxquels ils sont censés appartenir… ce groupe qui les a constitués et qui représente ce à quoi ils se sont conformés… sans pour autant en avoir réellement conscience.
Cette fameuse caverne que j'évoquais plus haut, cette allégorie professée à l'origine par Platon. Tout le monde la connait, chacun sait ce qui s'y passe, on imagine, devine, fabule selon les ombres, lumières, formes floues, indistinctes, fluctuantes et dansantes. On invente, tâtonne, se soumet à ce qui est raconté et décrit, et, en ignorant superbement la réalité des choses, on finit par croire ce qui est dit, toutes ces histoires, certaines à dormir debout, hallucinantes et improbables, des récits épiques d'un autre âge qui construisent et nourrissent l'imaginaire. Ces contes et légendes, sourates, versets, psaumes, prières et évangiles de toute sorte et de toute origine et ce, depuis des temps immémoriaux. Toutes ces chimères, les unes comme les autres qui, jadis, maintenaient et assujettissaient les hommes dans l'ignorance la plus crasse où l'illettrisme et l'analphabétisme étaient le lot commun des peuples. Oui, on rêvait, et l'on se satisfaisait de l'ignorance dans laquelle on évoluait dès lors qu'étaient assouvis tous nos besoins primaires : manger et dormir, asservis comme les bêtes…
Plus le monde avance, plus l'instruction est diffusée, plus sont démontrées la futilité de ces thèses et doctrines, plus nous prenons conscience des réalités auxquelles nous sommes confrontés. Nous sortons peu à peu de nos cavernes, accédons à la liberté de penser, à la réflexion libre même si celle-ci est encore soumise dans certaines parties du monde.
Seulement voilà, il faut se rendre à une autre évidence. Plus est démontrée l'inanité de ce qui nous a été jadis insufflé et ce, tous les jours, plus nombreux s'en tiennent à ces histoires et fadaises ancestrales comme si ne leur satisfaisait pas cette liberté à laquelle quelques-uns aspiraient à une époque où tous étaient soumis.
Et comme ce jeune oisillon placé devant le vide avant son premier envol, lui, apeuré à l'idée de devoir se jeter hors d'un nid qui le retient encore, la plupart d'entre nous tardent à rejeter leurs croyances, chimères et habitudes ancestrales auxquelles ils pensent dépendre encore sans réellement en avoir conscience. Bien au contraire, par crainte, ils s'y accrochent.
Quand donc sortirons-nous réellement de notre caverne ?
Nouveau né à peine sortie d'une caverne que l'on retombe dans une autre. Merde, c'est la vie de caverne! :o))
· Il y a plus d'un an ·Hervé Lénervé
On passe son temps à se bercer, d'espoirs, de rêves, d'illusions parce que la réalité de la vie nous mène à la décrépitude et l'inexistence.
· Il y a plus d'un an ·Jean Marc Kerviche
Autrement, le moral, ça va ? :o))
· Il y a plus d'un an ·Hervé Lénervé
L’homme est si faible qu’il ne peut affronter la réalité à tel point qu’on la lui déguise pour lui permettre de vivre sans se soucier de ce à quoi il est destiné : la décrépitude et l’inexistence.
· Il y a plus d'un an ·On lui fait croire qu’il y a une vie après la mort, que les derniers sur la terre seront les premiers au ciel, que ceux qui auront vécu dans la misère durant leur existence et qui auront souffert de la domination et de l’esclavage vivront éternellement dans la félicité, que ceux qui auront fait le sacrifice de leur vie parce qu’on le leur demande disposeront après leur disparition de soixante-douze vierges pour combler leurs attentes, et que d’autres seront accueillis les bras ouverts sur une terre qui leur a été promise… Et ça marche.
Y a-t-il de mensonge plus éhonté que de faire croire au travestissement de la réalité ?
Quels que soient les maux que nous avons endurés jusqu’ici nous devons savoir, et toujours avoir en tête en permanence, que nous n’avons pas encore éprouvé les pires…
Rappelons-nous une pensée de Cioran :
« Toute existence est, nécessairement, un processus de décomposition… »
A part ça tout va bien !
Jean Marc Kerviche
Ouf, j'ai cru que tu étais souffrant. :o))
· Il y a plus d'un an ·Hervé Lénervé