Pilotes
boukinoli
Pilotes
Fanions qui claquez cœurs déchargés
Conduisez vos enfants qui s’évadent
Vos steppes vos enfants courage
Dans la nuit que la salive lunaire
Bleuit à peine
Pilotes
Pendant que le chien muselé s’étire
Et que s’ébranlent les wagons grelottants de bruits
Ouate gaze conduisez soufflez sur
Les enfants de la terre au perchoir éthéré
Pilotes de la nuit
Nos têtes qui détalent les talus
Les enclos les bornes les pylônes
Brises épouvantails agitent leurs grelots
Comme de braves moutons défilant dans les rêves
Pilotes de la nuit
Les airs familiers scandent de bizarres images
Et les fruits des vergers incendiés
Sur les haies se savourent
Et s’offrent les taillis à la boue qui ruisselle
Et les ronces d’épines embourbées
Aux tuiles des toits rouges grises sous l’orage
Pilotes de la nuit
Vous qui connaissez la trompeuse torpeur
De cette bave languide de cette bave obscure
Et les braiements nocturnes sous l’éclair
Vous qui voyez
Les fourmillements d’étincelles de la nuit
Les roues cerclées de bronze
Qui déferlent des nues en fracas
Le gong harcelant du tonnerre
Les cascades de peur précipitées au lit
D’une source tranquille
La mastication hurlante d’une chose étranglée
Qui ne passe spasme
Et ces nuques qui se tendent
Et de poignes brisées
Râles rues et chemins creux
Herse dans le fossé
Pilotes de la nuit
Tournez notre cœur palpitant vers le fleuve
Vers cette ample cage de racines et de sucs
Vers cette gorge multiple et infinie
Vers l’envers et le tout endormis
Ou faisant semblant
Pour ne pas effrayer notre course hasardée
Pour ne pas nous blesser
Cires à peine refroidies
Devant son bouillonnement terrible de cœur en fusion
Pilotes de la nuit
Tournez nos brides males et femelles
Dans nos bassins puisez
Et que germe
Là ou le chaos en dépit nous enlace
Des blés roux de moissons jamais vues.