Plongée en salle trouble
Yeza Ahem
Quelle beauté surprenante ! Quelle clarté ! Quelles couleurs ! Je n'en crois pas mes yeux.
Et pourtant, je n'en suis pas à ma première exploration de cette partie du site. Maintes fois déjà j'ai déambulé entre ces colonnes, admiré ces sculptures, vestiges peu à peu effacés par l'érosion du temps. Mais cette fois, le champ de pierres est surmonté par une nuée de méduses, transparentes, transformant la lumière qui le traverse et l'irise de teintes chaudes et froides, se reflétant sur toutes les surfaces qu'elles caressent. Le sol lui-même en semble transformé, mouvant, comme suivant le ressac d'une onde qui se répercuterait sur chaque pilier, chaque plaque, creusant peu à peu le centre de la salle aux mille colonnes, ces colonnes qui semblent s'être rapprochées par affinité, mêlant monstres, végétaux et héros dans un entre-lac inextricable. Je plonge encore un peu plus, un son assourdi semble venir du dehors et accentue la sensation enveloppante d'être dans un cocon accueillant bien que curieux. Et curieuse, je le suis de regarder ces décors que le sculpteur n'avait pas prévu pour nos yeux horizontaux, habitué à créer pour des êtres qui doivent lever les yeux vers son art, vers les cieux.
Mais le temps passe, et l'air me manque. Alors, finalement, je retourne à la lumière grisâtre du dehors.
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