Poison perdu
My Martin
Germain Nouveau
Pourrières, Var, 1851 - idem, 1920 - 69 ans
"Mon esprit fait la planche"
Germain Nouveau suit des études au petit séminaire d'Aix-en-Provence puis prend un poste de maître d'études dans un lycée de Marseille
Paris - fin année 1873, Arthur Rimbaud (19 ans) se lie d'amitié avec Germain Nouveau, poète provençal (22 ans) qui a fréquenté le Cercle zutique (cercle informel de poètes -dont Verlaine, Rimbaud-, peintres et musiciens qui se réunirent à partir de septembre-octobre 1871) - discret disciple de Stéphane Mallarmé
Mars à juin 1874 - Germain se rend avec Arthur à Londres en mars 1874. Germain aide Arthur à la copie des "Illuminations" (le titre n'est pas de Rimbaud)
Sexe ?.. Pas sexe ?..
Germain a-t-il participé à la rédaction des poèmes ? Ou simple aide, recopie, d'anciens poèmes ?...
Années 1920, polémique initiée par André Breton ("Flagrant délit", 1949) - Germain Nouveau, précurseur du surréalisme
... "Poison perdu", ne figure pas dans les éditions courantes des poèmes de Rimbaud
1895, poème inclus dans une édition -incomplète- des poèmes de Rimbaud
1898, non retenu dans l'édition par le Mercure de France
...une épingle à tête d'or ...
Pointe d'un fin poison trempée,
Je te prends, sois-moi préparée
Aux heures des désirs de mort.
Germain revient seul à Paris en juin 1874.
Germain et Arthur ne se reverront jamais. Germain et Verlaine resteront longtemps amis
1878, il est employé au ministère de l'Instruction publique
1884, il enseigne au Liban
Il revient en France, fréquente les cabarets à Montparnasse. Il vit au Quartier Latin et compose les poèmes amoureux des "Valentines"
Il enseigne épisodiquement, comme professeur de dessin
1891, crise de folie mystique, il est interné à l'asile de Sainte-Anne et à Bicêtre. Il compose l'un de ses plus beaux poèmes, "Aux Saints"
Il traverse plusieurs crises mystiques et entreprend une vie de mendiant et de pèlerin, s'inspirant de saint Benoît Labre
Benoît-Joseph Labre, né le 26 mars 1748 à Amettes (diocèse de Boulogne-sur-Mer) et décédé le 16 avril 1783 à Rome, est un pèlerin mendiant français qui parcourut les routes d'Europe. Surnommé le « Vagabond de Dieu », il est considéré comme un fol-en-Christ
Le fol-en-Christ abandonne ses biens matériels et mène une vie de transgression des conventions sociales, dans un esprit religieux
1899, Germain mène une vie de chemineau mystique, sous le pseudonyme d'"Humilis"
Il voyage en Italie, Espagne, Algérie. Il est à Alger lorsque l'un de ses amis, Léonce de Larmandie (Bourrou, Dordogne,1851-1921, écrivain), publie à son insu ses "Poésies d'Humilis"
Il revient vivre de charité publique dans son village natal de Pourrières (Var). Il vit dans une masure (1911-1920), où il meurt, à l'âge de 69 ans
Son œuvre, ignorée pendant sa vie, est recueillie et pour l'essentiel, publiée après sa mort
"Dixains réalistes" 1876
"La Doctrine de l'Amour" 1881
"Sonnets du Liban" 1883 - les deux premiers furent publiés dans la revue "Le Chat Noir" de Rodolphe Salis, le 31 janvier 1885
Set Ohaëdat
Je vous fus présenté, Madame, dans la salle
De marbre frais et sombre où vous passiez les jours
Au bruit de ces jets d'eau monotones des cours
Damasquines ; l'or blanc cerclait votre bras pâle.
...
Kathoum
... ton esclave...
Chargé de t'acheter le musc et le santal,
Met sur un meuble bas ta carafe en cristal
Où se trouble le flot brumeux de l'araki.
"Valentines" 1885
***
Saint Benoît-Joseph Labre
Amettes, Est de Boulogne-sur-Mer, Pas-de-Calais, 1748 - Rome, Italie, 1783 - 35 ans
Sa vie inspire la dévotion de Germain Nouveau
1766, Âgé de 18 ans, veut entrer dans la vie monastique
1767, il se présente à plusieurs couvents - partout refusé : trop jeune, santé fragile, angoissé, trop porté à une excessive austérité, peines d'esprit qui donnent à craindre pour sa tête, ...
Il choisit une vie de mendiant et de pèlerin, va de sanctuaire en sanctuaire - il parcourt à pied plus de trente mille kilomètres en Europe - France, Espagne, Suisse, Italie
1777, à 29 ans, il se fixe à Rome et fait le vœu de ne plus se laver (vermine, odeur crasse), ce qui choque au siècle des Lumières
Il passe six ans dans les ruines du Colisée et meurt à 35 ans, en 1783
1881, il est canonisé par le pape Pie IX - fête le 16 avril, St Benoît-Joseph Labre
La presse de libre pensée donne libre cours à ses sarcasmes : pou canonisé, vénérable salaud, honorable saligaud, miasme volontaire,
fumier odorant, ...
"Le Vagabond de Dieu"
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Arthur Rimbaud
Charleville, Ardennes, 1854 - Marseille, Bouches-du-Rhône, 1891 - 37 ans
"La poésie ne rythmera plus l'action, elle marchera en avant."
1870 - 16 ans, premiers poèmes
1871 - Paris, fait la connaissance de Paul Verlaine (1844-1896, de dix ans son aîné)
1872, vie en Angleterre et Belgique
1873, Bruxelles, veut quitter Verlaine qui le blesse avec son revolver
1873 - (trois ans de poésie) avant de tourner la page, d'entrer dans le silence, Arthur (19 ans) rédige des poèmes en prose, "Une saison en enfer"
Se libérer de toutes les entraves, de tous les interdits, remettre le monde en question
1875, Arthur (21 ans) est à Stuttgart (Allemagne), pour apprendre l'allemand - il a un emploi de précepteur - brève rencontre avec Verlaine (2 jours, puis Arthur renvoie son ancien amant, qu'il ne supporte plus) - Arthur a envoyé la liasse de feuillets -pas un manuscrit en tant que tel- des "Illuminations" à Germain Nouveau, pour publication - Verlaine a récupéré le courrier et avec sa famille (son beau-frère, Charles de Sivry 1848-1900 - musicien, compositeur, chef d'orchestre), veillera à faire connaître le texte
Les "Illuminations", publication 1886
1886, la revue La Vogue (instigatrice du mouvement symboliste en 1886) publia le recueil "Illuminations" -sens anglais : enluminure, gravure coloriée-, alternance de vers libres et de prose poétique
Suite d'images aux violentes couleurs - le monde se métamorphose à travers les visions intérieures du poète
"Une saison en enfer", 1878
Bruxelles - l'édition fut abandonnée par Arthur (24 ans) chez l'imprimeur à Bruxelles (facture impayée) - retrouvée seulement en 1901 - peu à peu distribuée à partir de 1911
Vie aventureuse - Allemagne - 1875, Italie - 1877, îles de la Sonde (Insulinde) - 1879, Chypre
1880 (26 ans), commerce à Harar (est de l'Éthiopie) et rend des services à l'empereur Ménélik II (1889-1913) au Choa - sud de Éthiopie des hauts plateaux - contrebande, trafiquant d'armes, trafiquant d'esclaves
"Changer la vie" ?
1891, retour en France - Marseille, amputé de la jambe (cancer du genou)
Partir, partir... Voyager... Connaître Zanzibar, Panama - rêve lancinant
"J'irai à Zanzibar"
Arthur meurt à l'hôpital de la Conception en 1891 (37 ans)
C'est faux de dire : "Je pense." On devrait dire : "On me pense." Je est un autre.
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