Poisson en pagaille

Clément Moutiez

A la pêche aux noms...

Ma femme me dit l’autre jour de préparer le repas car belle-maman vient dîner à la maison. Et attention, elle n’aime que le poisson… Moi, j’y connais rien en poiscaille  alors pour trouver une idée je suis descendu au bar en bas de chez moi. Les clients y sont comment dire, très spéciaux, ils ont leur gouaille bien à eux qu’il faut comprendre .

Ce n’est pas eux qui allaient m’aider me dis-je sur la route, et pourtant…

Accoudé au zinc, avec les loups de mer, les maquereaux du quartier qui surveillaient d’un œil de merlan frit leurs morues sur le trottoir, j’ai commandé à boire pour faire mouliner mes neurones .

Très vite, j’expose mon problème à mes acolytes qui (très vite aussi) m’invitent à trinquer et comme ils disent dans leur vieux patois d’estaminet : «  qui boirons, vairon ! »

Après plusieurs liches, ma gorge n’était plus seiche et mes méninges ont mis le turbo. A ma droite, mon voisin se recommande une troisième omelette-frite, ce qui laisse la serveuse muette, et voilà qu’il me lance : « Qu’est-ce que tu veux quand ça a faim ça r’dine ! »

Intrigué par mon autre voisin qui renifle sa piquette comme un Château Margaux, je me mets à le dévisager et voilà qu’il me dit : « J’ai le nez comme un aigle : fin. »

Evidemment, la discussion est vite partie sur la politique :

- « T’as vu la dernière sur DSK ?

- Ouais, il a l’anguille qui frétille celui-là ! Dès qu’il peut enlever son slip, et bien…il l’ôte…

- Il doit avoir le bout du grondin bien rouget à force!

- En tous cas, qu’est-ce qu’elle a dû prendre la femme de ménage sur le sol carrelet de la salle bain du Sofitel !

Tandis qu’un autre prit sa défense :

« Après tout il a raison, on est libre de faire ce qu’on veut : Alors vive la raie publique ! »

Me pointant du doigt la serveuse rousse assez attrayante, il me dit : «Alors, Tu loubines les loches de la roussette comme un goret? Faut dire qui sont pas maigres…C’est vrai qu’on se payerait bien une petite mirandelle derrière le comptoir avec elle, mais attention j’espère que t’as pas peur de la castagnolle car son mec c’est un vrai barracuda. Le dernier qu’a rêvé d’une petite épinochette vite fait bien fait avec elle, il a fini en sandre. Si t’as une touche t’as plus qu’à prier saint-pierre … »

Décontenancé, je commandai alors un autre bogue de bière.

« Tu baliste ? » insiste l’autre. T’as raison de ne pas faire ta grand-gueule, si tu veux pas finir brochet comme un grenadier qu’a dégoupillé trop vite…

J’ai alors tenté de justifier mes yeux baladeurs : « Mais non c’est l’escolier autour de son cou que je regarde ». Je ne sais pas à qui je mentais le plus… 

En sortant du bistrot, je n’avais toujours pas avancé sur ma recette mais  je me suis quand même dit dans le tacaud qui me ramenait chez moi: « Qu’est –ce qu’ils me font ma raie ! » Je compris alors qu’ils n’avaient fait que me tendre des perches

Alors, je me suis dit : " qu'il était tant que j'aille au Pageot pour passer une bonne nuit !"

A la pêche aux noms...

Ma femme me dit l’autre jour de préparer le repas car belle-maman vient dîner à la maison. Et attention, elle n’aime que le poisson… Moi, j’y connais rien en poiscaille  alors pour trouver une idée je suis descendu au bar en bas de chez moi. Les clients y sont comment dire, très spéciaux, ils ont leur gouaille bien à eux qu’il faut comprendre .

Ce n’est pas eux qui allaient m’aider me dis-je sur la route, et pourtant…

Accoudé au zinc, avec les loups de mer, les maquereaux du quartier qui surveillaient d’un œil de merlan frit leurs morues sur le trottoir, j’ai commandé à boire pour faire mouliner mes neurones .

Très vite, j’expose mon problème à mes acolytes qui (très vite aussi) m’invitent à trinquer et comme ils disent dans leur vieux patois d’estaminet : «  qui boirons, vairon ! »

Après plusieurs liches, ma gorge n’était plus seiche et mes méninges ont mis le turbo. A ma droite, mon voisin se recommande une troisième omelette-frite, ce qui laisse la serveuse muette, et voilà qu’il me lance : « Qu’est-ce que tu veux quand ça a faim ça r’dine ! »

Intrigué par mon autre voisin qui renifle sa piquette comme un Château Margaux, je me mets à le dévisager et voilà qu’il me dit : « J’ai le nez comme un aigle : fin. »

Evidemment, la discussion est vite partie sur la politique :

- « T’as vu la dernière sur DSK ?

- Ouais, il a l’anguille qui frétille celui-là ! Dès qu’il peut enlever son slip, et bien…il l’ôte…

- Il doit avoir le bout du grondin bien rouget à force!

- En tous cas, qu’est-ce qu’elle a dû prendre la femme de ménage sur le sol carrelet de la salle bain du Sofitel !

Tandis qu’un autre prit sa défense :

« Après tout il a raison, on est libre de faire ce qu’on veut : Alors vive la raie publique ! »

Me pointant du doigt la serveuse rousse assez attrayante, il me dit : «Alors, Tu loubines les loches de la roussette comme un goret? Faut dire qui sont pas maigres…C’est vrai qu’on se payerait bien une petite mirandelle derrière le comptoir avec elle, mais attention j’espère que t’as pas peur de la castagnolle car son mec c’est un vrai barracuda. Le dernier qu’a rêvé d’une petite épinochette vite fait bien fait avec elle, il a fini en sandre. Si t’as une touche t’as plus qu’à prier saint-pierre … »

Décontenancé, je commandai alors un autre bogue de bière.

« Tu baliste ? » insiste l’autre. T’as raison de ne pas faire ta grand-gueule, si tu veux pas finir brochet comme un grenadier qu’a dégoupillé trop vite…

J’ai alors tenté de justifier mes yeux baladeurs : « Mais non c’est l’escolier autour de son cou que je regarde ». Je ne sais pas à qui je mentais le plus… 

En sortant du bistrot, je n’avais toujours pas avancé sur ma recette mais  je me suis quand même dit dans le tacaud qui me ramenait chez moi: « Qu’est –ce qu’ils me font ma raie ! » Je compris alors qu’ils n’avaient fait que me tendre des perches

Alors, je me suis dit : " qu'il était tant que j'aille au Pageot pour passer une bonne nuit !"

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