Pop Up
Pop Ism
Pop est un concept maintes fois utilisé mais jamais expliqué. Ce texte se propose d'y remédier.
Mais que recouvre le mot “Pop”? Rarement terme ne fut autant utilisé sans être clairement expliqué, ni même défini. Pop peut rassembler en son sein l’Art, la Politique, l’Economie et la Philosophie. Voici donc une notion à l’aura quasi mystique, une sensation s’exprimant par de multiples biais recouvrant les paradoxes les plus vifs et dont l’approche tend à annihiler la raison à mesure qu’on se saisit de son essence.
Pop, à la base contraction de popular se voit pourtant réduit à un concept artistique le vidant complètement de sa substance. Pop art de Warhol, Pop musique des Beatles. Mélodies enivrantes et sucrées associées à des collages aux couleurs vives et fluorescentes. Apologie nihiliste d’un Postmodernisme érigeant le marché comme divinité suprême. Culture vulgaire dont les productions s’oublient aussi vites qu’elles se consomment mais qui, aussi bien dans le mépris que l'adoration, ne laissent indifférentes.
Pop est la traduction des symptômes d’une postmodernité advenue ou à venir, l'expression des ruptures, des manques et des pathologies d'une période se croyant post-historique. Ainsi en va de la mort de DIEU qui en disparaissant révèle la base sur laquelle l'homme modela son infinie puissance: le VIDE.
Rupture avec l’histoire en tant que "Grand Récit" menant à une finalité telle qu’envisagée depuis Hegel et Marx. Ainsi l'Histoire n'est plus ce long métrage aboutissant à une rédemption heureuse de la condition humaine mais un espace où les évènements flottent au sein d'un univers dénoué de toute logique. Telle une boîte à outils, on pioche en son sein sans se soucier du Contexte.
Manques induits par cette perte d'ancrage historique et spirituelle ; pathologies que ces pertes ont entraînées et que la psychanalyse tente de guérir. Tension permanente entre le sacré et le profane, le populaire et le savant, la foi et le doute. Alliance schizophrénique de termes irréconciliables que l’on tente de concilier, synthèse du passé, du présent et du futur, réappropriation du passé dans le présent au sein d'une réalité devenant, à mesure que la science et la technique progressent, toujours plus virtuelle.
Pop est un Langage au sens Saussurien du terme, un Inconscient au sens Lacanien du terme, et un Rêve au sens freudien, liant signifiés (concept, idée exprimée) et signifiants (vecteur par lequel on cherche à représenter cette idée) par une opposition à la fois spatiale et / ou temporelle. Le Pop exprime l'inconscient d'une époque et l'esthétisme par lequel celui-ci s'exprime. Cette structure s'apparente alors la Scène de rencontres improbables desquelles émergent du sens (concept), le Laboratoire de fictions révélatrices de vérités (précepts), le Théâtre d’expériences rejouant sans cesse la gamme des émotions (affects). Par association, correspondance, substitution, condensation ou sublimation s'articulent les signes composant sa modalité languagière et émergent de nouveaux signes qui par la suite deviendront peut être eux aussi des signifiants au sein de plans différents. Duchamp, avec son urinoir, en exposa la méthode: déplacer un signifiant de son contexte pour le replacer dans un autre afin de créer un signifié nouveau. Véritable piraterie symbolique, son sabordage n’est jamais gratuit. Ainsi donc l’artiste, le philosophe, le scientifique ou le militant, deviendraient de véritables pirates dont le drapeau ne recouvrerait que le procédé mais singulariserait l’expression.
Pour cette raison, le Pop dévoile une multitude de routes qui se suivent, se croisent ou même s’opposent. Chacun de ses utilisateurs s'exprime au travers de sa matrice d'une manière qui, bien que singulière, n'en demeure pas moins unique pour autant. Logiciel de la subjectivité, son programme façonne notre identité en y intégrant des données le plus souvent contradictoires mais sans pour autant parvenir à en effectuer la synthèse. La foi divine s'estompant à mesure de l'agonie de Dieu, la transcendance devient de plus en plus critiquée et seule l'ironie, aboutissant au cynisme, permet de suivre une éthique à laquelle de moins en moins croient. La Croyance, sapée de sa base divine, peut néanmoins se réincarner au sein du jeu dont les règles demeurent, du moins se doivent de l'être, respectées bien que n'émanant d'aucune source sacré, transcendante. Sous les coups de sa logique, la société tend à se fragmenter en tribus, multitudes interdépendantes possédant leurs propres signes.
Ainsi, des valeurs ayant perduré durant des siècles et qui à présent souffrent d'une perte de crédibilité se voient réinvesties par le jeu. Car la participation implique l'acceptation des règles pourvues qu'elles s'appliquent équitablement à tous les joueurs, libre ensuite à chacun de tenter l'expérience. Manière d'éprouver le divin sans avoir à s'aliéner au profit d'une entité trop lointaine pour nos existences.
Le Pop correspond donc au langage de notre temps, et l’adopter c’est se retrouver dans la position d’un joueur se jouant des représentations. Le comprendre c'est apprendre à déchiffrer les inconscients individuels et collectifs et anticiper, pour mieux l'accompagner, l'Evénement. Le maîtriser c'est posséder les outils pour créer et les armes pour détruire. Dés lors, nommer Pop le langage utilisé par les sociétés postmodernes, ou en voie de le devenir, et étudier son fonctionnement interne c’est étudier la façon dont la philosophie et la science produisent et transmettent du savoir, l’art créé du beau et la politique cherche à influer sur nos vies. Dès lors devenir sémiologue c’est apprendre à déchiffrer son environnement pour en devenir l'acteur.
Je suis d'accord avec vous. C'est amusant car je suis en train de refaire blog et je me disais que ce texte n'allait pas coller....
· Il y a environ 14 ans ·Pop Ism
Certes, votre exposé a le mérite d'être percutant, mais n'est-il pas un peu trop intellectuel? Je pense pour ma part que si l'on souhaite toucher un public populaire, il vaut peut-être mieux faire usage d'un vocabulaire à sa mesure... Bon ça n'est que mon avis, cependant, je ne crois pas au décès de l'entité créatrice qu'elle populairement accrétée sous l'étiquette du monothéisme comme celle inverse. Et c'est peut-être tant mieux de ne pas lui substituer un pyrrhonisme humain excessif, car je ne crois pas que cela soit le bon pour contourner l'idée de l'apocalypse.
· Il y a environ 14 ans ·robert-henri-d
Bravo jolie texte.
· Il y a environ 14 ans ·Remi Campana