Portrait 1. Louise.
Luce
Au détour d'un carrefour, les mains ballantes et en manque d'amour, Louise se frotte le visage et renifle. Elle a les yeux rougis et les mains qui grattent.
Frénétiquement, le vent claque son visage. Elle sent l'air pénétrer ses pores, les microbes s'agripper et les chagrins l'enrhumer. La pollution l'effleure et les passants l'éraflent. Peut-être même le contraire, elle n'en a que faire.
Ce matin, tout allait bien. Elle vivait une vie médiocre, pas méprisable, pas enviable non plus: personne n'aurait voulu être Louise et Louise n'était personne. Elle n'avait pas assez de peau, de cheveux, de poils, de membres, de cœur.
Elle n'y avait jamais vraiment réfléchi, avant, à tout ça, à la vie. Elle guérissait son corps quand il était malade, peignait ses cheveux, se maquiller parfois. Elle ne se regardait jamais vraiment. Elle était là, sans y être: une silhouette parmi tant d'autres, avec le visage qui renifle, les mains rougies et les yeux qui grattent.