Poubelles
Cécile Johanet
Tôt le matin. Je viens de me lever. Je jette un oeil par la fenêtre. Ma rue est encore parsemée de ses poubelles vertes. Elles ont été sorties pour l’arrivée du camion poubelle.Lui, je ne l’ai jamais vu mais je devine qu’il connaît ma rue. Il connait ses poubelles aussi. Il a l’air d’avoir l’habitude de les fouiller. Chaque matin. J’ai jetté un coup d’oeil par la fenêtre par hasard, sans le vouloir. Et par hasard, j’ai vu cet homme qui a commencé sa journée en fouillant les poubelles de la rue Berzélius. La rue va jusqu’au numéro 80 environ. Il a le temps avant l’arrivée des éboueurs. Il trouvera peut-être quelque chose à manger. Ou une fringue. Ou des bouts de cartons. Quelque chose à récupérer.Le jour où j’ai déménagé, j’ai mis sur le trottoir devant chez moi tout ce dont je ne me servais plus : assiettes en trop, couverts en trop, verres, habits, étagères, CD, Chaussures, brochures, papiers, etc... Une heure après, tout avait été minutieusement fouillé, renversé, cartons ouverts, assiettes, habits, étagères disparus.Nous sommes en 2010, à Paris, dans le 17e arrondissement, le quartier des ambassades et des médecins-praticiens-chirurgiens-plasticiens hors de prix.