Pour ne pas oublier

Quelques brides d'optimisme viennent parfois embrumer mon cerveau et ses facultés à réagir. Je suis parfois bercée dans la douce odeur qu'apportent ces élans de folie, ces moments de repis dans un espace où les doutes et la peur sont plus que jamais omniprésents. Je suis fatiguée. Fatiguée par toutes mes manies et mes habitudes d'autodestruction qui m'empêchent de voir à quel point le monde peut sembler beau, à quel point je suis chanceuse simplement d'être là et de pouvoir vivre tout ça.

C'est déjà bien au-delà de tout ce que je m'étais imaginé, j'étais bien trop occupée, dans mon coin, à gentillement me torturer l'esprit avec toutes sortes de problèmes en réalité inexistants et tu m'es tombé dessus lorsque je m'y attendais le moins, lorsque j'étais trop préoccupée par moi pour me soucier des autres. Je ne sais pas si je mérite ce qui m'arrive, ni même si ça m'était réellement dédié mais tu es là, et je ne sais pas pourquoi non plus mais je me sens différente. Comme si je m'étais laissée surprendre par une averse ou un orage. Tu sais, ce genre d'ouragan qui détruit tout, ne prévient pas, et qui recule seulement après avoir bouleversé quelques petites vies bien tranquilles.

Je me suis toujours laissé penser que la vie était simplement un jeu, avec un tas d'obstacles et des récompenses, et j'en suis à présent consciente. Je ne sais toujours pas où je vais ni même qui me suivra mais je me surprends à espérer que je ressentirais toujours ce sentiment d'appartenir à quelqu'un ou à quelque chose et que je pourrais m'accrocher à cette idée comme si ma vie en dépendait, comme si c'était ma seule chance. J'ai toujours su que je voulais vivre ma vie passionnément. J'ai toujours pensé que tous ces moments si douloureux me mèneraient quelque part et me voilà aujourd'hui, prête à décider ce qui est bon pour moi. Je sais pertinemment que je me tromperais encore, que mes décisions auront parfois des conséquences si dévastatrices qu'elle m'emporteront avec elles, je ne sais où, afin de me détruire et de me détruire encore pour avoir la possibilité de me reconstruire autrement. Je pense que c'est à nous de faire ces choix, c'est à nous de choisir d'avancer vers quelque chose qui ne nous apportera plus seulement de la satisfaction mais plutôt un panel de sentiments jusqu'ici inconnus. Il ne faut pas accorder tant d'importance à ce qu'on s'apprête à vivre sachant qu'on ne le revivra probablement plus jamais. Tout est tellement éphémère, tout passe si vite, le moment présent est dans nos mains et l'instant d'après il se confond déjà avec toutes ces pépites qui scintillent au fond de nous.

On devrait tous être terrifié par l'idée qu'on finit toujours par tout nous enlever un jour ou l'autre mais au lieu de ça on trouve d'autres sources d'inquiétudes en en oubliant l'essentiel.