(Psycho) le cerveau

Hervé Lénervé

Les pingouins sur la banquise ont froid aux pieds comme tout le monde.

§26

 

 « Ce tetxe n'est copmosé qu'aevc des mtos dnot les  letrets snot rapetiréas aoiléranemt, selues la pemèrie et la dènrire lertte snot à la Bnone palce. Purtanot, vuos me lesiz snas torp de dicufitliés. »

Je pense que tout le monde a pu déchiffrer facilement ce petit texte, maintenant pour ceux qui n'y seraient pas parvenus, je donne la traduction :

« Les pingouins habitent la Pingourdie. Ils s'y mangent des igloos à la vanille et portent un sombréro et un short tyrolien à bretelle. Ils chantent a cappella des chansons de Gérard Lenorman en les rythmant de trilles de casserole. »

Tout ceci, tout cela, tout doux Bijou ! Pour montrer que notre cerveau, encore lui, rectifie les erreurs. Quand je pense que les puristes poussent des cris d'orfèvre avaricieux pour une malheureuse faute d'haurtograffe.

On l'avait déjà dit, les yeux voient le cerveau lit et nous, pendant ce temps-là, on peut dormir, cool ! Les yeux voient, si on veut, car à l'emplacement du nerf optique une partie non négligeable de la rétine ne peut pas être recouverte de bâtonnets, cellules capteurs de lumière et non cafteuses, comme certains médisants disent à tort. A cet endroit, l'œil ne capte rien du tout, il est aveugle comme l'autre Gérard, tout aussi chanteur, mais plus Montagne que Normandie, celui-là. Pourtant, nos images mentales ne sont pas trouées, blizzard autant qu'étrangle, non ? En fait, le cerveau, toujours lui, redessine le manquant. Les personnes peu douées pour le dessin s'en aperçoivent aisément, car à la contemplation  de « La naissance de Vénus » de Botticelli, ils regrettent toujours que le peintre ait peint le sexe de la Déesse avec le talent d'un enfant ayant redoublé sa maternel. D'ailleurs pour eux et seulement pour ceux-là, le cerveau a préféré rusé, il cache le sexe de la Belle par ses longs cheveux blonds. (C'est par cette astuce que les Beaux-Arts recrutent ses étudiants en première année. Ceux qui voient des cheveux à la place du sexe, à gauche ! Les autres à droite !) Mais arrêtez de dire « N'importe quoi ! Pfeu ! » sans arrêt, ça me perturbe à la fin et je finis par me mélanger mon latin et en perdre mes pinceaux.

Donc le cerveau, si on ne le sait pas que c'est lui le plus beau ! Disent les pieds. Allez ne soyez pas jaloux, les pieds, on vient de dire que vous dessiniez mal, cela ne vous suffit pas comme publicité. Je reprends, entre nous, ce n'est pas facile d'exposer un truc en étant toujours interrompu.

Une petite expérience sympa, si, si,  en psycho est de réunir des sujets devant un écran blanc dans une salle noire.

On leur demande d'appuyer sur un bouton dès qu'ils commenceront à apercevoir une image. On les prévient qu'ils vont voir ; tient… une orange… pour commencer. Puis on augmente graduellement la luminosité de l'écran. Après, on mesure les temps de réponses, selon chacun. Ils sont variables d'un sujet à l'autre, mais tous réussissent par finir par voir l'orange. Drôle de réussite en vérité, quand on sait qu'aucune image n'a été projetée sur l'écran, que de la lumière. Et oui, encore le cerveau et sa suggestion.

Vous voyez, les pieds, le cerveau n'est pas parfait, non plus, il a ses défauts, parfois il nous trompe, mais ce n'est pas mal intentionné, il pense que c'est pour notre bien. Donc n'ayez plus de complexe les pieds et contentez-vous de marcher bien droit. Une, deux…Une, deux…Une, deux…

Puisqu'on parlait dessin. Lequel a dit « Ha ! Enfin un peu de cul ! » Personne ? J'attends… Allez, je punis le site en entier, tant pis, ça vous apprendra. Donc, encore un petit truc que vous pouvez faire également chez vous sans avoir le talent d'un Botticelli :

Un, vous tracez une ligne verticale. C'est fait ? Deux, vous la segmentez en deux en son milieu. Ça y est ? Trois, vous n'allez pas dans les bois, mais vous décalez un de deux segments de façon à commencer à voir sans ambiguïté que les lignes ne sont plus alignées et stop, si vous décalez trop, c'est trop et ça ne marche plus. Faut quand même pas le prendre que pour un con le cerveau. Donc vous regardez, c'est clair, mais subtil il y a deux lignes verticales à peine décalées. Vous cachez la césure avec un bout de papier ou un billet de 500 € déchiré, si vous n'avez pas de papier. Bien, ensuite et c'est là qu'il va falloir tirer la langue de côté en s'appliquant un max. Vous dessinez grossièrement à main levée (sans revolver) une canne à pêche avec le pictogramme d'un pêcheur pour les moins doués (les autres peuvent se lancer dans l'hyperréalisme) au bout supérieur de la ligne et un petit poisson frétillant à l'autre bout. (Je sais, le poisson ça va, mais frétillant, c'est dur, alors dessinez le, non-frétillant, tout simplement)

Puis vous regardez votre chef d'œuvre. Vous verrez que les deux segments sont revenus par magie sur le même alignement. Vous ne voyez plus aucun décalage. Le cerveau vous berne ? Oui dans l'exactitude, certes, mais pas dans le sens. Il a analysé dans le champ des possibles et la signification nouvelle donnée par le dessin, lui dit qu'un fil ne peut être que continu et aligné. On l'avait vu, le cerveau a une fonction adaptative, comprendre l'environnement et lui donner un sens pour l'individu.

Voilà ! C'est fini pour today. « Ouf ! C'est pas trop tôt !». Mais là, c'est moi qui l'ai dit avant vous, les Voix ! Et toc !

Sulat les aim(e)s. A beniott puet-êrte ?

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