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Christophe Dugave

Cette nouvelle est parue avec 24 autres dans le recueil "Un arrêt du cœur d'une fraction de seconde" chez Lignes Imaginaires en 2018 (ISBN 978-2-9523340-8-2), © Lignes Imaginaires/C. Dugave 2018.

J'ai toujours respecté les écritures, toujours suivi les préceptes, toujours  appliqué les enseignements à la lettre. J'étais le plus sérieux, le plus impliqué, le plus volontaire.  Tous mes professeurs, mes mentors, ont reconnu mon engagement, encouragé ma foi, salué mon abnégation. J'ai étudié les sourates à longueur de journée jusqu'à ce qu'elles me brûlent les yeux, suivi les entraînements inhumains dans le sable brûlant du désert au-delà de mes forces, appris à piloter, moi qui ne supporte pas le vide. J'ai vécu des années dans un pays dont j'abhorrais les principes fondateurs, me frottant chaque jour à un quotidien dont l'insupportable matérialisme était une insulte flagrante à mon idéalisme. J'étais pacifique et pourtant, j'ai tué à l'arme blanche des gens qui ne m'avaient rien fait. Leur sang a coulé sur mes mains alors que je les égorgeais et je n'en ai ressenti aucune horreur malgré mon aversion pour l'hémoglobine. J'avais une peur irraisonnée du feu qui dévore et consume ce qui vous est le plus cher ; cela ne m'a pas empêché de précipiter l'avion dont j'avais pris les commandes dans cette tour de verre au sud de Manhattan. Et tout cela pour quoi ?

Derrière le miroir aux alouettes, j'ai découvert une noirceur encore plus épaisse que la plus opaque des nuits, et nulle part, je n'ai trouvé trace des "soixante-douze vierges aux yeux sombres" que les Hadiths promettaient aux martyrs !

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