Quand tes pieds ont dansé si fort dans les colères 

My Martin

La grande ville a le pavé chaud  

24 février 1848-2 décembre 1852. Seconde République 

 
 

1848 à 1851. Louis-Napoléon Bonaparte, président de la République   

 
 

2 décembre 1851 Louis-Napoléon Bonaparte s'empare du pouvoir par un coup d'État 

 
 

21 et 22 novembre 1852. Napoléon III, empereur des Français. Second Empire. Phase de croissance économique qui s'affaiblit vers 1865 

 
 

 
 

Charleville (Ardennes). Grâce à l'industrie métallurgique (nombreuses petites usines et ateliers. Longue tradition de savoir-faire en matière de fonderie), la ville se développe aux XIXe siècle et XXe siècle 

La ville souffre lors de chaque conflit. Guerre franco-allemande de 1870. Proche (24 km) du théâtre de la bataille de Sedan -1er septembre 1870. Chute du Second Empire de Napoléon III 

 
 

 
 

Arthur Rimbaud 

né le 20 octobre 1854, à Charleville. Charleville-Mézières (1966) « Cette atroce Charlestown » 

Marseille (Bouches-du-Rhône). Hôpital de la Conception, 27 mai 1891, amputation de la jambe droite (cancer des os). Arthur (37 ans) meurt le 10 novembre 1891 -11 heures du matin 

 
 

 
 

Parents. Mariage le 8 février 1853, à Charleville 

 
 

Père, Frédéric Rimbaud    1814-1878. 64 ans. Fils d'un tailleur de vêtements 

né le 7 octobre 1814, à Dole (Jura) 

Capitaine d'infanterie en garnison à Mézières, il participe à la campagne d'Algérie (1830-1914). Légion d'honneur en 1854 

mort à Dijon (Côte-d'Or), le 17 novembre 1878 

 
 

Mère, Vitalie Rimbaud     1825-1907. 82 ans. "La Rimb". L'argent, la terre, la foi, la respectabilité 

née Marie Catherine Vitalie Cuif, le 10 mars 1825 à Roche-et-Méry (Ardennes) 

morte à Roche-et-Méry, le 1ᵉʳ août 1907 

La famille Cuif est une famille rurale (agriculteurs). Dans la deuxième partie du XVIII e siècle, certaine aisance. Le grand-père de Vitalie est le dernier maire de Roche-et-Méry, avant la fusion avec Chuffilly-et-Coigny (1828) / Chuffilly-et-Roche / aujourd'hui, Chuffilly-Roche 

Roche, la ferme familiale de Vitalie. Chuffilly-Roche, sud-ouest, à une quarantaine de kilomètres de Charleville-Mézières 

 
 

Le couple, au gré des rares permissions de Frédéric Rimbaud. Cinq enfants 

 
 

Jean Nicolas Frédéric (1853-1911). Né le 2 novembre 1853, conducteur de voitures à Attigny (Ardennes), entre Rethel et Vouziers 

Frédéric et Arthur, les deux frères se protègent 

La Meuse longe le collège de Charleville. Avant la classe, tous les jours, Arthur et Frédéric montent dans une barque amarrée aux rives 

1865. Ensemble de dessins baptisé "Plaisirs du jeune âge". Arthur a 10 ans et demi, il est en sixième. "Navigation". Deux enfants couchés dans une barque. Ils lèvent les bras en signe de détresse. L'un crie "au secours" 

 
 

Le poète. Jean Nicolas Arthur, né le 20 octobre 1854       

 
 

Victorine Pauline Vitalie, née le 4 juin 1857. Elle ne vit que quatre mois 

 
 

Jeanne Rosalie Vitalie (1858-1875), née le 15 juin 1858. 17 ans. Le Journal de Vitalie (pas de révolte), pour comprendre la jeunesse de son frère aîné Arthur. Synovite tuberculeuse, dite tuberculose des articulations 

  

Frédérique Marie Isabelle (1860-1917), née le 1er juin 1860. La légataire universelle d'Arthur Rimbaud. Témoin des souffrances et de l'agonie d'Arthur à Marseille, pendant la nuit du 9 au 10 novembre 1891 

 
 

1860. À la naissance de sa fille cadette Isabelle, le capitaine Frédéric Rimbaud  (46 ans) quitte définitivement le foyer conjugal de Charleville 

 
 

 
 

1861. La mère (36 ans. Quatre enfants à élever) se déclare veuve. Rigide, climat étouffant. « La Mother ». « La Bouche d'ombre » (poème de Victor Hugo). La Daromphe » (de "daron". En argot, le patron, le père) 

 
 

1865 à 1869. Premiers poèmes. Arthur entre au collège municipal de Charleville. Prix d'excellence en littérature, version et thème latins 

 
 

26 mai 1871. « Les Poètes de sept ans ». La fille des voisins saute sur le dos du jeune poète 

 
 

... il était sous elle, il lui mordait les fesses, 

Car elle ne portait jamais de pantalons ; 

- Et, par elle meurtri des poings et des talons, 

Remportait les saveurs de sa peau dans sa chambre.   ... 

 
 

Juillet 1869. Concours académique. Arthur remporte le premier prix de vers latins, sur le thème « Jugurtha » 

Jugurtha, né vers 160 av. J.-C à Cirta -actuelle Constantine, Algérie- et mort en 104 av. J.-C. à Rome, roi numide. La Numidie, ancien royaume berbère, Afrique du Nord -aujoud'hui, le nord de l'Algérie et certaines parties de la Tunisie et de la Libye. Durant sept ans, Jugurtha s'oppose à la puissance romaine, entre 111 av. J.-C. et 105 av. J.-C. 

  

Janvier 1870. La Revue pour tous. « Littéraire, politique, scientifique et d'art », bimensuel culturel, fondé à Paris en 1908. Premiers vers publiés. Fin de l'année 1869, « Les Étrennes des orphelins » 

Influence de la revue collective Le Parnasse contemporain. Trois volumes collectifs de poésie, publiés en 1866, 1871 et 1876 (une centaine de poètes) 

 
 

24 mai 1870. Arthur (quinze ans et demi) écrit au chef de file du Parnasse, Théodore de Banville. Être publié. « Devenir Parnassien ou rien » 

 
 

Théodore Faullain de Banville   1823-1891   poète, dramaturge et critique dramatique « le poète du bonheur ». Ami de Victor Hugo, de Charles Baudelaire, de Théophile Gautier, l'un des plus éminents poètes de son époque 

Théodore de Banville unit dans son œuvre le romantisme et le Parnasse. Amour exclusif de la beauté, limpidité universelle de l'acte poétique, foi en la pureté de la création artistique. Il s'oppose à la poésie réaliste et à la dégénérescence du romantisme 

 
 

Le mouvement parnassien apparaît en réaction au lyrisme subjectif et sentimental du Romantisme. Ses principes sont la valorisation de l'art poétique par la retenue, l'impersonnalité, le rejet de l'engagement social ou politique. Retraite hautaine. L'art n'a pas à être utile ou vertueux. Le but unique est la beauté, la forme parfaite. « L'art pour l'art » (Théophile Gautier, précurseur). Travail acharné de l'artiste, métaphore de la sculpture -la « matière poétique » résiste 

 
 

Arthur joint trois poèmes   

 
 

« Ophélie » 

 
 

Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles 

La blanche Ophélia flotte comme un grand lys    ... 

 
 

Mars 1870. « Sensation » 

 
 

Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers, 

Picoté par les blés, fouler l'herbe menue ... 

 
 

29 avril 1870. « Credo in unam » 

 
 

Le Soleil, le foyer de tendresse et de vie, Verse l'amour brûlant à la terre ravie ... 

 
 

Banville répond à Arthur. Les poèmes ne sont pas publiés 

 
 

1870. À la musique 

 
 

... Je ne dis pas un mot : je regarde toujours 

La chair de leurs cous blancs brodés de mèches folles : 

Je suis, sous le corsage et les frêles atours, 

Le dos divin après la courbe des épaules. 

 
 

 
 

29 août-8 septembre 1870. Arthur fugue. Direction Paris 

Quelques jours avant la bataille de Sedan, 1er sept. 1870 – 2 sept. 1870. Guerre franco-allemande 

 
 

4 septembre 1870. La Troisième République est sur le point d'être proclamée 

Les armées prussiennes se préparent à faire le siège de Paris 19 sept. 1870 – 28 janv. 1871. Arthur, Paris, arrive gare du Nord. Billet irrégulier. Prison Mazas, en face de la gare de Lyon 

 
 

8 septembre 1870. Georges Izambard (22 ans), son professeur de rhétorique (première, option littéraire)  1848-1931, paie sa dette et l'héberge à Douai (Nord)   

 
 

19 septembre 1870-28 janvier 1871. L'armée prussienne encercle la capitale 

 
 

2 septembre 1870. Capitulation de Sedan. Antimilitariste déclaré, Rimbaud veut suivre son professeur Georges Izambard, s'engager volontairement dans la Garde Nationale de Paris. Refusé, trop jeune 

 
 

Retour à Charleville. La mère. Volée de gifles 

 
 

 
 

 
 

6 octobre 1870-1er novembre 1870. Nouvelle fugue. Arthur (16 ans) part vers Charleroi (Belgique). Charleville-Charleroi, 74 km à pied 

Arthur tente de se faire engager comme rédacteur dans le Journal de Charleroi. En vain 

6 octobre 1870. Paris est en état de siège 

 
 

Octobre 1870. Sonnet « Au Cabaret-Vert, cinq heures du soir » 

 
 

Depuis huit jours, j'avais déchiré mes bottines 

Aux cailloux des chemins. J'entrais à Charleroi. 

– Au Cabaret-Vert : je demandai des tartines 

De beurre et du jambon qui fût à moitié froid.  ... 

 
 

 
 

1er novembre 1870. Gendarmes. Retour à Charleville 

 
 

 
 

Septembre et octobre 1870. Arthur recopie quinze de ses poèmes, afin d'être publiés. Il remet la liasse de feuillets à un ami d'Izambard, Paul Demeny (26 ans)    1844-1918. Associé du directeur et éditeur de la Librairie Artistique, à Paris 

1870. Le « Recueil Demeny » « les Cahiers de Douai ». Vingt-deux poèmes écrits par Arthur Rimbaud adolescent, lors de ses deux fugues à Paris et Charleroi 

 
 

Ma Bohème 

 
 

Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ; 

Mon paletot aussi devenait idéal   ... 

 
 

10 juin 1871, Rimbaud écrit à Demeny. « … brûlez tous les vers que je fus assez sot pour vous donner lors de mon séjour à Douai » 

 
 

 
 

Le Progrès des Ardennes, fondé en novembre 1870. Paru jusqu'en avril 1871   

Édition du 25 novembre 1870. Récit satirique d'Arthur 

 
 

« Le Rêve de Bismarck » 

 
 

C'est le soir. Sous sa tente, pleine de silence et de rêve, Bismarck, un doigt sur la carte de France, médite ; de son immense pipe s'échappe un filet bleu.         ... 

Vous porterez éternellement votre nez carbonisé entre vos yeux stupides !... 

 
 

1871-1872. « Les Assis » 

 
 

... Des fleurs d'encre crachant des pollens en virgule 

Les bercent, le long des calices accroupis 

Tels qu'au fil des glaïeuls le vol des libellules 

- Et leur membre s'agace à des barbes d'épis. 

 
 

 
 

Le 19 juillet 1870, l'Empire français déclare la guerre au royaume de Prusse. Puissance montante en Europe, dirigée par le chancelier impérial Otto von Bismarck 

 
 

4 septembre 1870. Le Second Empire se termine à la suite de la défaite de Sedan (Ardennes) 

 
 

Septembre 1870 à juillet 1940. Troisième République 

La victoire sur les communards lors de la campagne de 1871 à l'intérieur permet d'exclure l'adoption d'un régime de démocratie directe et de maintenir le cadre de la démocratie représentative 

 
 

 
 

15 février 1871. Charleville. Annonce de la réouverture du collège au Théâtre municipal. Arthur (16 ans) refuse de s'y rendre. Fin de ses études. Faire connaître ses poèmes. Travailler 

 
 

Février 1871, à l'issue du siège de Paris 

25 février 1871 au 10 mars 1871. Arthur fugue à Paris 

Situation politique tendue. Rimbaud cherche à entrer en contact avec 

de futurs communards -Jules Vallès   1832-1885. Eugène Vermersch  1845-1878 

le milieu des poètes ; il rencontre le caricaturiste André Gill  1840-1885 

 
 

Jules Vallès, journaliste, écrivain et homme politique d'extrême gauche. Fondateur du journal Le Cri du peuple -22 février 1871. Patriote, anticlérical et de sensibilité socialiste. Il fait partie des élus lors de la Commune de Paris en 1871 

 
 

Eugène Vermersch, pamphlétaire et polémiste socialiste 

 
 

André Gill -Louis-Alexandre Gosset de Guines- caricaturiste, peintre et chansonnier. André Gill aurait hébergé Arthur -au 89, Rue d'Enfer. Avenue Denfert-Rochereau (14e) 

 
 

Avant le début de la Commune 18 mars 1871 – 28 mai 1871. Rimbaud revient à Charleville 

 
 

Selon plusieurs témoignages (absence de documents), Arthur serait retourné à Paris en avril 1871 

 
 

 
 

1870-1871. La Commune de Paris, la plus importante des communes insurrectionnelles de France. 72 jours. 18 mars 1871, à la « Semaine sanglante » du 21 au 28 mai 1871 

 
 

Rejet d'une capitulation de la France face aux menées de Bismarck lors de la guerre franco-prussienne de 1870 et du siège de Paris. Opposition entre un Paris républicain, favorable à la démocratie directe, et une Assemblée nationale à majorité monarchiste, acquise au régime représentatif 

L'insurrection refuse de reconnaître le gouvernement issu de l'Assemblée nationale constituante. Elle ébauche pour la ville une organisation de type libertaire, fondée sur la démocratie directe -communalisme. Projet d'organisation politique de la République française, visant à unir les différentes communes insurrectionnelles 

Forte implication des femmes. Louise Michel, institutrice. Paule Minck ou André Léo, journalistes. Nathalie Le Mel, ouvrière relieuse, ... 

 
 

Réfugié à Versailles, Adolphe Thiers entend terrasser cette « République de Paris ». Le 21 mai 1871, conduites par les généraux Mac Mahon et Galliffet, les troupes versaillaises entrent dans la ville pour la reprendre aux insurgés. Campagne de 1871, la « Semaine sanglante » 

 
 

 
 

Pendant la Commune, la poésie d'Arthur se radicalise. Sarcastique 

 
 

1870. « Les Pauvres à l'église » 

 
 

... Et tous, bavant la foi mendiante et stupide, 

Récitent la complainte infinie à Jésus 

Qui rêve en haut, jauni par le vitrail livide ... 

 
 

 
 

Arthur critique la poésie des Romantiques et des Parnassiens 

13 mai 1871. Lettre à Georges Izambard. Première lettre dite « du Voyant ». Solidarité avec le mouvement insurrectionnel, ébauche d'un "art poétique" 

Rejet de la « poésie subjective ». Rimbaud prône une poésie objective. « Travailler à se rendre Voyant ». Ne pas penser, sortir de son corps. S'observer de l'extérieur 

 
 

Rimbaud demande à Izambard de changer sa perception poétique, de peur de terminer « […] comme un satisfait qui n'a rien fait, n'ayant rien voulu faire » 

Pour Arthur, Izambard n'est pas un enseignant. Izambard condamne la vision et la poésie d'Arthur, qui pour lui "sera toujours horrible" 

 
 

 
 

15 mai 1871. Lettre à Paul Demeny. Deuxième lettre dite « du Voyant ». Dans l'esprit de la précédente, mais plus développée 

Épuiser en moi tous les poisons, pour n'en garder que les quintessences » « Arriver à l'inconnu » 

 
 

 
 

La Commune suscite l'enthousiasme du poète 

 
 

15 mai 1871. « Chant de guerre parisien » 

« Le printemps », qui a vu le peuple prendre le pouvoir 

 
 

... La grande ville a le pavé chaud ... 

 
 

Les « Mains de Jeanne-Marie » 

 
 

... Elles ont pâli, merveilleuses, 

Au grand soleil d'amour chargé, 

Sur le bronze des mitrailleuses 

À travers Paris insurgé !  ... 

 
 

 
 

Répression tragique 

Septembre 1871. « L'Orgie parisienne ou Paris se repeuple »     

 
 

...Quand tes pieds ont dansé si fort dans les colères, 

Paris ! quand tu reçus tant de coups de couteau ... 

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