Quelle honte !!!

Dominique Capo

Texte sur l'actualité, et au-delà...

Évidemment, l'attentat qui est advenu hier soir à Berlin avait de grandes chances de se produire tôt ou tard. Il est inconscient de croire que, parce que Daesh recule sur tous les fronts en Syrie et en Irak, que cette organisation monstrueuse est morte et enterrée. Loin de là : celle-ci a ouvert de nouveaux fronts en Libye, en Afrique de l'Ouest. Et s'ils ne sont pas aussi actifs que ceux du Moyen-Orient, ils sont malgré tout le terreau fertile sur lequel sa doctrine démente usant de l'Islam pour proliférer, se régénère.


Car, si Daesh est mis à terre à plus ou moins brève échéance, l'Islamisme, l'extrémisme religieux ou idéologique qui s'enchaîne à lui, sont toujours aussi répandus. Je dirai même qu'ils n'ont jamais été aussi présents au sein de nos sociétés – autant occidentales qu'orientales – en plein questionnements sur leur devenir.


Tous les repères sur lesquels elles pouvaient s'appuyer jusqu'à aujourd'hui, s'effondrent les uns après les autres. Les codes moraux, philosophiques, sociaux, économiques, technologiques, changent de plus en plus vite. Ils modifient notre vision de ce que doivent être nos relations avec les autres, avec notre environnement. Le travail n'est plus une valeur sûre. L'immigration fait peur à beaucoup, alors qu'elle devrait être considérée comme une source de richesse, de partage, d'échange, de dialogue. Les instincts les plus primaires s'expriment face à ces bouleversements aux conséquences incalculables contre lesquels nul ne peut rien. Parce que notre civilisation arrive à la fin d'un cycle – celui du capitalisme triomphant et de l'argent roi dont Donald Trump est le symbole de cette décadence inéluctable.


Néanmoins, au fur et à mesure que le terme de cette société moribonde se dessine de plus en plus nettement, les résistances à celle qui doit lui succéder sont de plus en plus vivaces. Il est étrange de constater à quel point l'être humain est incapable d'accepter les changements qui se profilent à son horizon. Il s'accroche désespérément à son passé, comme si celui-ci était éternel. Comme si rien ne devait jamais évoluer dans un sens ou dans un autre. Comme si son mode de vie, de fonctionnement, comme si ses valeurs, ses philosophies, ses sciences, etc. étaient statiques, inamovibles. Alors qu'ils sont en perpétuel mouvement.


Sinon, nous serions encore à l'age de pierre, dans des grottes, à nous nourrir d'animaux sauvages en leur courant derrière à l'aide de silex taillés, en nous réchauffant grâce à des brasiers allumés après que des éclairs aient foudroyés un arbre proche de l'abri où nous nous terrions. Nous en serions toujours à être terrorisés par le grondement du ciel ou de la terre, à prier des dieux les incarnant – mais n'est-ce-pas le cas, quand nous implorons le divin de venir à notre secours pendant et après que le malheur nous ait frappé individuellement ou collectivement ? Nous en serions toujours à nous couvrir de peaux de bêtes, à grogner, à nous déplacer à pied, à nous en prendre à la tribu installée un peu plus loin parce qu'elle nous est inconnue ? Et que tout ce qui est inconnu, étranger, différent, est forcément dangereux !!!


Oui, quand j'y songe, bien peu ont évolué depuis cette époque datant de plusieurs milliers d'années, voire davantage. La civilisation n'est qu'un vernis camouflant nos instincts les plus bestiaux. Les idoles de jadis ont été remplacées par des divinités à notre image. Même Dieu a une face humaine, alors que personne ne l'a jamais vu, et que nul ne sait s'il existe véritablement. Les seules traces que nous en avons sont des textes écrits par des « Prophètes », par des « illuminés » se réclamant de lui sans qu'il n'y ait aucune preuve formelle, indiscutable, prouvable, pour le vérifier. Les écrits saints auxquels ils se réfèrent, et leurs successeurs jusqu'à nos jours, sont sujets à interprétations, à polémiques, sont modifiés, transformés, adaptés, en fonction des époques et des valeurs qui prévalent au cours de ces dernières. Des guerres sont déclarées, des croisades sont menées, des génocides sont perpétrés, alors qu'ils sont censés prôner l'amour, la tolérance, la concorde, la générosité, le pardon ; des notions teintées d'humanisme et du meilleur de ce que l'homme porte au fond de son cœur et de son âme. Mais qui, en fait, demeurent des vérités abstraites balayées par une réalité modelée en fonction des intérêts, des ambitions, des rêves d'un tout petit nombre de gens.


Ce à quoi nous avons assisté hier soir, avec cet attentat du même type que celui de Nice le 14 Juillet dernier, le démontre une fois de plus. Les hommes n'ont rien appris. Ils en sont toujours à se quereller à propos de notions et de concepts désuets qui les enchaînent à cette part d'animalité qui sommeille en eux. L'argent, le pouvoir, la religion, sont des veaux d'or auxquels nous ne voulons pas renoncer afin de grandir et de se défaire de cette noirceur qu'ils éveillent immanquablement, inéluctablement, dans nos âmes et dans nos cœurs. Le monde change, se transforme, est bouleversé par des transformations climatiques, économiques, sociales, technologiques, etc. et nous en restons à ces idéologies surannées. A cette vision nombriliste, égoïste, égocentrique, de ce que nous sommes, de ce que nous pouvons, de ce que nous éprouvons.


J'ai honte pour ceux et celles qui ne réalisent pas que le monde est en train de changer – sans eux. Et qu'ils vont, tôt ou tard, inévitablement, finir écrasés par ses soubresauts. Ces désir de soumission de de son prochain à sa toute puissance, à sa vérité, à son Dieu, à ses dogmes, etc. Comme si c'était quelque chose dont on ne « voulait » pas se défaire, parce qu'agir autrement n'est pas « normal », « habituel », « commun ». Des standards auxquels nous nous cramponnons comme des bouées de sauvetage dans un monde qui nous dépasse de plus en plus, que nous ne maîtrisons et ne comprenons que peu, le plus souvent.


Voilà à quoi me font penser ces terroristes de Daesh, lorsqu'ils perpètrent leurs meurtres de masse. Voilà à quoi me font songer ces « puissants »milliardaires comme Donald Trump est consort, qui se sont emparés de l'ensemble des rouages de l'Amérique. Voilà à quoi me font penser Vladimir Poutine et ses caciques rêvant de restaurer une grandeur passé d'un pays dont l'économie ne repose que sur l'exploitation sans frein de ressources naturelles, s'enrichissant sur le dos des plus faibles et des plus démunis ; au détriment du plus grand nombre. De cette Chine pollueuse, qui est l'usine du monde en s'affranchissant d'un minimum d'humanisme, de valeurs portées par les droits de l'Homme.


Tous ceux que je viens de citer ont leur rôle dans les événements que nous subissons, et dont les conséquences se font ressentir un peu partout sur la planète quotidiennement. Alors, j'ai honte pour eux. Je les pleins de tout mon cœur, Parce qu'un jour, forcément, leurs actions se retourneront contre eux. Parce qu'ils montrent ainsi que ce à quoi ils adhèrent, que ce en quoi – Daesh et ses adeptes, entre autres – ils croient, va à contre-courant de l'Histoire, de la réalité de notre présent et de notre devenir. Je suis triste pour eux, parce que cela prouve leur manque d'intelligence, de clairvoyance. Cela prouve que leur objectifs se situent à court – à très court – terme. Ils dévoilent la petitesse de leurs esprits, de leurs regards, de leurs vérités, de leurs espoirs, etc. Et, dans la foulée, ils conduisent l'humanité et le monde à leur perte.


Voilà, à quoi me fait penser, aujourd'hui, cet attentat de Berlin. Cette petitesse de l'homme face aux bouleversements dont notre société se sent victime. Et qui, au lieu de l'accompagner pour en retirer les fruits, une espérance, une ligne directrice pour aller de l'avant, s'en méfie, la freine. Quelle misère. Quelle pitié. Quelle déchéance...

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