Quète sans fin
Dominique Capo
J'ai contemplé mille choses terribles et merveilleuses en ce Monde. J'ai parcouru ses déserts glacés et ses plaines arides. Je me suis élevé au sommet de ses hauteurs les plus vertigineuses. Je suis descendu au plus profond de ses Abysses les plus colossaux. J'ai traversé ses forêts et ses marais les plus nauséabonds. J'ai franchi ses océans les plus tempétueux ; défiant ouragans et orages monstrueux. J'ai découvert nombre de ses cités aux toits d'or et d'argent. J'ai longé leurs rues pavées s'étendant au loin ; j'ai observé leurs gratte-ciel se dressant jusqu'au cœur de cette nappe nuageuse qui les surplombe continuellement. J'ai longé leurs remparts monumentaux sculptés aux armes de leurs Dieux d'antan. J'ai visité leurs Temples s'élançant à l'assaut du firmament ; leurs reflets étincelant sous la nuit étoilée ; leurs luminescences pétillant à l'ombre d'une Lune sublimée.
Pourtant, nul lieu que croisé sur ma route ne m'a jamais autant subjugué que celui où je t'ai rencontré. Nul humain ne m'a autant ensorcelé que toi. Et bien que les instants que j'ai passés en ta compagnie aient été brefs, ils resteront pour toujours gravés dans ma mémoire. Comment décrire cette sensation qui m'a submergée quand je t'ai vu pour la première fois de ma vie ? De quelle manière décrire la ferveur qui s'est emparée de mon honneur ? Nul mot au monde n'en est capable ; et je désirerai pouvoir subir mille morts, mille atroces souffrances, afin de connaître de nouveau l'émotion qui m'a étreint le cœur ; et ne l'a plus jamais quitté depuis. Car, tel une déesse surgissant du Néant pour embraser l'Horizon, tu t'es subitement dévoilé à moi. Magnifique de sensualité, étonnante de féminité, d'un charme à faire fondre la roche la plus dure, d'une grâce éblouissante, et d'une délicatesse incomparable, je n'ai pu que m'incliner devant la force de cette vague déferlante qui m'a dévastée.
Mais, tu a presque aussitôt disparu. A peine ais-je eu le temps de graver chacun de tes traits dans ma mémoire ; à peine ais-je eu l'opportunité d'ancrer tes formes les plus gracieuses dans les profondeurs de mon Âme, que tu t'es évaporée. Et je n'ai pu que conserver en moi cet instant fugace, presque irréel, et pourtant tellement magique. Je n'ai pas eu d'autre choix que de quitter ce monde de désolation et de misère. Et j'ai commencé à m'aventurer le long de ses travées les plus obscures et les plus irréelles ; avec pour unique but de te rencontrer à nouveau.
Dès lors, j'ai assisté, impuissant, à sa déliquescence infamante. J'ai suivi son agonie. Et j'ai envié tous ceux qui l'ont fui en se réfugiant au sein de ce sombre Donjon dont on ne ressort pas. J'ai envié celles dont la démence s'est emparée, jusqu'à leur faire oublier d'où elles venaient. Puis, j'ai pleuré les ruines de cette Civilisation sans avenir qui m'a envoûté ; au point de m'obliger à abandonner mes rêves de Géant ; pour me consacrer à cette escapade sans fin mais pleine de passion. A la recherche de celle qui, un jour de divagation, a capturé mon cœur et mon Ame ; que je lui ai offert avec dévotion. C'est pour cette raison que je poursuis cette Quête sans nom ; et que je parcours sans cesse ce Monde en sursis ; et dont l'avilissement s'accroît au même rythme que ma désespérance ; de te revoir enfin, dans le but de t'offrir sublimement ; cet amour inopportun que je te voue immodérément...