Qui suis-je ?

Qui suis-je ? Telle est la question qui me hante depuis mon retour. On me définit selon ma couleur de peau. Et pourtant, doit-elle définir celui que je suis ? 

Qui suis-je ? Un imposteur peut être. 

Je ne suis pas d'ici, mais je ne suis pas d'ailleurs non plus. C'est peut être le fléau de cette communauté, qui, comme moi, cherche son passé pour définir son avenir. Je ne suis pas blanc, pas noir, pas métisse. Je suis un agglomérat de cellules et d'ADN. Et pourtant, ici on me définit de là-bas. Là bas, on me définit d'ici. 

Ce fléau, cette gène de n'appartenir à personne et à tout le monde à la fois, il me ronge. On me calomnie d'avoir eu la chance de vivre ici et on me persécute de venir de là-bas. Mais qui suis-je ? Ma couleur et ma culture viennent de là-bas. Ma langue et ma culture viennent d'ici. Alors je suis ce mélange qui ne sait pas d'où il vient et à qui il appartient. Je suis cette personne a double nationalité, double culture et double défaut. Je suis ce coeur brisé car il ne sait pas où aller, partagé par son propre passé. Je suis ce voyageur, aux valises déjà bouclés, jamais prêt à déballer et toujours prêt à embarquer. 

Quand je suis ici, je rêve d'être là-bas. Quand je suis là-bas, je ne peux oublier ici. Serait-ce mon fardeau ? Ne jamais savoir d'où l'on vient, ne jamais savoir où l'on veut être. Pourquoi l'homme devrait appartenir à un pays ? N'est ce pas lui-même qui en a défini les frontières ? N'est ce pas lui qui a massacré les gens de là-bas, mon peuple ? Maintenant que je vis ici, ils me calomnient de ne pas retourner là-bas. Mais ce sont eux les responsables. Ce sont ces dirigeants sans coeur, remplis de désir de pouvoir. Mais ne devraient-ils pas fermer les yeux sur ma couleur de peau? Ne devraient-ils pas fermer les yeux sur mon nom ?  

Qui suis-je ? 

Je suis apatride.