Réécriture de " L'école des Femmes"
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AGNES, à Enrique. - Et depuis toutes ces années, mon père, où étiez-vous donc ?
ENRIQUE. - Hélas ! Comme nos amis ici présents l'ont très bien dit, j'étais contraint, à mille lieux de vous, de faire une guerre. Mes devoirs pour ma patrie m'ont obligé à prolonger mon absence à vos côtés. Désormais, j'ai le grand plaisir de vous retrouver, mon enfant.
AGNES. - Cette partie de votre histoire, je la connais déjà. J'ai bien compris que vous étiez soldat. J'ai bien compris que vous étiez soldat dans un autre pays et moi-même je suis comblée d'apprendre que je suis de votre famille. Mais pourquoi ne pas avoir trouvé un quelconque moyen de me libérer plus vite de l'emprise de ce maudit Arnolphe?
ARNOLPHE. - Quoi! Comment cela libérer? J'ai pris soin de vous, je vous ai nourri et je vous fais l'honneur de m'épouser...et vous me remercier en maudissant mon nom?
AGNES, se tournant vers Arnolphe. - Eh bien, oui. Avouez que vous m'avez enfermé dans cette cabane dans le seul but de faire de moi une femme soumise, cachée au monde. J'étais seule et triste...
ARNOLPHE. - Vous vous trompez. Vous n'étiez pas seule, il y avait Alain et Georgette pour vous tenir compagnie.
AGNES. - Et quelle compagnie! La meilleure qui soit assurément. Je veux bien vous accordez ma gratitude pour m'avoir élevé mais vous avez gâché mon éducation et pour trancher je refuse la possibilité de me marier avec vous. Vous êtes bien vieux, trouvez une femme de votre âge. Adieu, oubliez-moi comme je vous oublierai.
ARNOLPHE, s'en allant tout transporter et ne pouvant parler. - Quelle terrible femme en ai-j fait!
ENRIQUE, réfléchissant. - En effet, quel étrange personnage. Laissons-le méditer sur son sort. Agnès, veuillez me pardonner. J'avais eu connaissance que vous êtiez dans de bonnes mains. Toutefois, je me suis hâté pour vous rechercher.
AGNES. - Soit, mon père, je veux bien vous pardonner. Nous rattraperons ces années perdues.
HORACE, à Agnès. - Notre cher Arnolphe est parti. Je me suis engagé à vous et bientôt nous allons être unis par les doux liens du mariage. Le mystère est résolu, me voilà si soulagé.
AGNES, à Horace.- Oui. Il me tarde d'être à la cérémonie. Mais je veux clarifier une certaine chose avec vous, cela dépend de mon honneur et du vôtre.
HORACE. - Ah?
AGNES. - Arnolphe est un être bien odieux, quant à vous, je souhaiterai que dans l'avenir, si votre amour pour moi est toujours intact, que vous vous battiez pour moi avec plus de répondant. Et j'ai dans le projet de découvrir ce monde de mes propres yeux. M'accompagnerez-vous, Horace?
HORACE. - N'en doutez point.