Réquisitoire contre le soleil

Soben

Spleen printanier.

Le soleil brille aujourd'hui. Ça en deviendrait presque irritant ! Ce grand astre, géant de feu, qui nous toise de toute sa lumière, indifférent. Insensible. Il offre à tous sa chaleur, mais aujourd'hui elle me répugne. Pourquoi m'achète-t-il ? Pourquoi veut-t-il que je taise ma pensée ? Laisse moi être malheureux ! Ah oui, tu brille toi là-haut !
Tu n'as besoin de rien toi ! Tu ne sais pas à quelle point c'est dur, parfois, d'avoir un cœur. Tu ne sais pas à quel point il nous ballade, un petit rien l'emballe. Il paraît que c'est notre force, tsss ! C'est surtout notre grande faiblesse.

Aux feux brûlants que tu me propose, je préfère infiniment ceux de ton amie la lune. Elle sait se faire discrète, elle ! Elle respecte les romantiques, les fêtards, les malheureux, les penseurs, aussi. Elle est compréhensive. Maternelle presque. La nuit tombe, toujours à point nommé. Dans ses bras noirs, on peut s'abandonner. Lâcher prise. Elle cache mes larmes, étouffe mes ébats. Elle me laisse être moi, mais elle m'offre surtout de n'être personne pour quelques heures.

Mais que fait tu toi ? Tu nous inspectes, tu nous scrutes, tu nous espionnes. Il n'y a pas un endroit où l'on puisse t'échapper quand tu choisis de te montrer. Mais qu'es-tu toi ? Égoïste et vulgaire, tu nous brûle beaucoup trop fort ! Tu sais être infernal. Assassin. Combien de mort as tu emporté dans ta stupidité solaire ? Et puis quand le mal est fait, ni vu ni connu, tu appelle la pluie pour venir nettoyer, lâche !

Mais tu ne réagis pas, hein ? Tu n'en a rien a faire ... Ta constance est suffocante. Tu ne parles pas ? Rien ne t'affecte. Tu est comme ces monstres de mollesse, ces personnes aux regard vide. Lumineux, mais sûrement pas lucide. Toi qui partage toutes mes joies, tu ne voudrait pas, juste une fois, rien qu'une fois, partager mon spleen?

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