Rêve

ellyn

Il n’y a rien, aucun bruit, aucun mouvement, seul le silence… Chut, entendez comme cela est beau… Il n’y a rien, tout semble immobile, immuable, comme si le temps n’avait plus d’influence que les grains de sable qui le représentent. Il n’y a rien…  Mais si, ne dites rien, écoutez…. Ne l’entendez-vous pas la douce brise ?  Mais si, ne faites rien, regardez… Ne la voyez-vous pas caresser le corps frêle de la jeune fille ? Elle joue dans les fins tissus, accorde une danse à la chevelure d’ébène, et décroche aux lèvres un sourire. Elle va, vient, calmement, paisiblement… Observez la qui vagabonde, chatouillant à son tour la forêt immobile, voguant entre les arbres sous le regard émerveillé de l’innocente demoiselle. Que la paix est belle…  Et la brise demeure là, elle s’amuse, faisant des troncs de cristal son terrain de jeu. Mais le silence, lui, s’est retiré, laissant sa place au bruissement des feuillages, aux murmures des feuilles blanches que parcourent les lignes noires. La sérénité… La jeune fille aussi reste en ce lieu. Elle se tient immobile, statue à la peau d’albâtre, apparition à la robe légère, les pieds délicatement posés sur le sol immaculés. Celui-ci semble lisse, doux, incroyablement doux, si bien qu’on irait  volontiers s’y lotir. Et ses pieds nus s’y enfoncent, le doux coton avalant sa peau d’albâtre... Elle demeure debout, à observer le merveilleux paysage, silencieuse... Mais une main effleure son épaule,  plume légère, et  la jouvencelle se retourne. Une femme est là, se tenant dans son dos. Aucune peau sur son corps, les lettre y dansent, inlassables, valsent sur les contours féminins qu’elles forment. Aucune précision sur son visage, les  caractères y précisent, minutieusement, les traits humains. Et pour l’ingénue, nulle surprise, nulle peur, rien que de la sérénité…

- Tu connais la raison de ma présence, Lili…

Elle ne dit rien, Lili se tait, mais son visage en dit long… Oui. Oui, elle sait, elle le sait bien, mais observe le silence. Les mots sont inutiles lorsqu’un sourire en dit assez. Alors elle ne dit rien, Lili se tait…

- Pourquoi ne lis-tu plus ?

Pourquoi ? Parce qu’elle ne peut plus, son regard innocent se voile de tristesse. Pourquoi ? Parce qu’il est parti, loin, sans elle… Chaque lettre, chaque ligne, lui rappelle celles, plus douloureuses, tracées de la main de celui qui faisait sa vie en un adieu. Elle ne peut plus lire, chaque détail rappelant ce souvenir, son souvenir…

- Tu dois continuer à lire, et à écrire aussi, tu écrivais si bien…

Non. Non, elle ne peut plus, ce temps est fini. Elle ne peut plus écrire, parce que les récits se font avec le cœur, et le sien n’est plus… Pourtant… Pourtant, l’écriture était sa passion, son art, les mots s’agençait suivant ses pensées, suivant ses idées, ses envies… Mais son inspiration est partie, loin, avec lui…

- Ecris, Lili. Ecris… Ecris pour oublier, écris pour retrouver ta vie. Relève-toi et écris. Tout ne s’arrête pas ici…

La jeune fille relève les yeux, elle la fixe, longtemps, très longtemps… Puis une larme roule, perle de rosée sur sa joue, un sourire étire ses lèvres et tout se retire… Tout s’éloigne, tout l’abandonne. L’univers part, emportant avec lui les mots et ne laissant que le noir. Rien que le noir… 6h00 Le temps d’une nouvelle journée est arrivé…

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