Réveil
morgan-kepler
Je me retrouve à la cruelle case départ. Inutile de relancer les dés, j'ai l'impression de ne pas avancer. Des doubles, des triples, rien ne me permettra de récupèrer ce que j'ai perdu. Je laisse derrière moi, des rêves, des rires, des amis en éclats, tout un monde en vérité. Une si douce illusion que j'ai noirci d'encre et de sang. J'ai perdu la partie.
Où est ma vie ? Je m'aperçois que tous les espoirs n'étaient pas permis; tous les espoirs que j'avais fondé en elle se sont évanouis. Je rêvais de gloire, je rêvais d'amour. Je n'ai que l'alcool, je n'ai que la folie. Allez, demain ça ira mieux, c'est ce qu'on se dit tous les jours. Et je tousse encore, je m'étouffe. J'ai l'impression de vivre une mort lente et douloureuse. Tout m'échappe... à jamais. Mes préoccupations me dépassent, est-ce ça être adulte ? Des obligations, des responsabilités, des contrats à signer... C'est trop pour moi ! Pourquoi n'y sommes-nous pas préparés ? Pourquoi ne pouvons-nous pas nous y soustraire ? Pourquoi ne puis-je pas m'échapper ?
J'ai voulu voir ce qu'était la vie, j'ai voulu sentir, j'ai voulu mourir. On se jette dans le vide c'est la meilleure solution. Je n'ai pas l'habitude d'aller si vite, je veux retrouver mon calme, ma bulle d'abstraction, mon soleil idéal. A quoi ça sert de se hâter je ne vais nulle part ? Je reste ici. Mais les battements de mon coeur s'accélèrent. La roue tourne. Les gens se laissent entraîner. Serait-ce bientôt mon tour ?
Demain. Demain il faudra grandir. Non pas maintenant. Encore un peu de temps, juste un jour, un heure. Une courte nuit, même sans étoile.
Je passe mon tour.
La partie ne fait que commencer.
11 août 2011.