Reviens vite (La robe Kenzo)

Tu sais ce qui me fait tourner la tête?

La robe Kenzo que je t'ai offerte!

Elle t'allait si bien quand tu l'as essayée,

Tu étais si heureuse, et moi aussi.

On s'était dit que la première fois que tu la porterais

On serait ensemble, tu te souviens?

Mais je ne l'ai jamais vue sur toi...

Il a dû te trouver belle ton amant,

Ah le salaud, il en a eu de la chance!

Toi, sublime dans cette robe magnifique,

Une chance de cocu!

Ah non, j'oubliais, c'est moi le cocu,

Et pourquoi dit-on "chance de cocu" d'ailleurs?

C'est vrai, où est-elle la chance?

De partager la femme que l'on aime?

Et toi, tu as dû être contente qu'il apprécie,

C'est excitant un homme qui va succomber,

Il t'admire avec gourmandise,

Te dévore, du regard d'abord, et puis...

Mais dis-moi, après le dîner, tu l'as enlevée?

Il t'a déshabillée?

Je suis sûr que quand il t'a vue nue,

Il ne s'en souvenait plus de la robe.

J'y pense, tu as gardé tes chaussures?

Tu sais les chaussures jaunes,

Celles qui vont si bien avec la robe justement?

Mais je m'égare, je m'en fous des chaussures,

C'est la robe qui me poursuit,

Parce qu'elle épouse tes courbes, qu'elle irradie,

Tu étais si belle dans la boutique!

Comprends-moi, je sais ce qu'il y a dessous, moi,

J'ai vu tes seins magnifiques, tes fesses si jolies,

Et ton petit minou adorable,

Alors, qu'un autre puisse la soulever ta robe,

Glisser doucement sa main... m'est insupportable.

La nuit je la vois partout, comme un fantôme,

Elle danse, se déhanche, saute de corps en corps,

Même ton amant la porte, imagine comme elle me rend fou.

Mais je suis sûr qu'elle se ternit ta robe,

Que ses couleurs sont plus fades,

Sa parure moins lumineuse,

Comme une fleur qui se fane.

Tu sais pourquoi je sais cela?

C'est mon cœur qui te l'a offerte,

Mes yeux qui l'ont illuminée,

Notre amour qui lui a donné son éclat...

Depuis, elle se meurt,

Reviens vite.