R.I.P. à mon neveu

pytheasfrog

je t'adresse cette lettre
que tu liras peut-être
du haut de ton ciel bleu
ici il pleut
des larmes noires et sombres
comme des ombres
dans le regard de ceux qui restent
avec la rage au ventre et le geste
d'un poing tendu vers l'infini
suffit
à nos misères
je tremble, tu trembles la terre
une odeur de gravats
comme unique mémoire
ta mort est un crachat
jeté sur un grimoire
on ne dit pas assez aux gens qu'on aime
qu'on les aime
et quand ils sont partis pour un voyage immonde
on reste les bras lourds sur cette mappemonde
les yeux écarquillés
ouverts sur l'inutile
les lèvres maquillées
d'un sourire futile
le corps tordu de vagues
la peau à fleur de larmes et encore
dans le coeur cette dague
qui nous vrille le corps
Mon Nico ne crois pas
qu'ici se soit bien mieux
en vacillant nous mettons nos pas
dans d'autres pas trop vieux
je te garde un morceau de ma mémoire
enfouie au tréfonds de ma tête
mais ne va pas croire
que le bonheur s'achète
tu m'appelais t'en souviens tu
Tata André c'était un rite puérile
je répondais Tatie Nico bon sang où es tu
mon garçon la vie c'est parfois si difficile
attends moi pour plancher
sur ces déferlantes vertes et bleues
où le regard penché
nous rirons tous les deux
Tu es au paradis
je crois à ce qu'on dit
nous on vit en enfer
il va falloir s'y faire.

R.I.P.
Dimanche 18 janvier 2010

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