Romance de la rue
bungalowbill
Camille était pour ses parents tout ce qu'on pouvait espérer de mieux d'une fille de 16 ans. Sa scolarité avait toujours était impeccable et elle avait obtenu son brevet avec succès. Ses débuts au lycée se déroulaient brillament: son carnet de note ne souffrait d'aucune mauvaise note. C'était une jolie adolescente, avec ses beaux yeux noirs tellement expressifs et sa longue chevelure brune qui lui tombait presque jusqu'au bas du dos. Elle avait de longues jambes fines et une poitrine généreuse qu'elle tentait de masquer par pudeur, elle détestait l'idée que les garçons la reluque en faisant d'elle un objet sexuel. Contrairement à la plupart de ses copines de classe, elle était toujours vierge et elle idéalisait tant l'amour qu'elle était incapable de flirter dans une boîte de nuit avec le premier garçon venu comme le faisait ses amies. Elle n'avait jamais connu de cuite et ça ne lui manquait pas. Seul pour elle comptait les études et elle était soucieuse de continuer de combler ses parents en ramenant des bonnes notes.
Son lycée était situé à une dizaine de minutes de marche. Elle aimait s'y rendre à pieds car elle en profiter pour écouter ses chansons favorites dans son lecteur mp3. La musique, elle adorait ça, ça la faisait rêver et ça l'a transportait. Elle avait ce besoin de s'évader et de rêver, pour sortir de son quotidien trop routinier. Le parcourt qui la menait de sa maison à son lycée était donc rythmé par ses chansons fétiches. Elle aurait pu faire ce parcourt les yeux fermés. D'ailleurs, quand elle était plongée dans sa musique plus rien ne comptait et elle ne voyait pas les gens ni le décor. C'est ainsi que la première fois qu'elle est passé devant Lui, elle ne lui prêta aucune attention. Il en avait l'habitude, personne ne faisait plus attention à lui depuis qu'il était dans la rue. C'était l'une des choses qui étaient le plus dur à vivre dans sa condition de sdf, le fait d'être ignoré, d'en être réduit à un élèment du décor.
Un matin, alors que Camille se rendait au lycée, elle se rendit compte à mi chemin que les piles de son lecteur mp3 avait cessées de fonctionner. Un malheur tout relatif, certes, mais un malheur quand même. Faire la moitié du trajet sans sa musique allait être une désagréable épreuve. Ainsi, elle cria sans vraiment s'en rendre compte un « merde !» de désespoir alors qu'elle passait devant Lui. Il en fut réveillé et sursauta : « Hey », hurla-t-il, « doucement la miss, y'en a qui dorment ici !». Camille fut étonnée, elle n'avait pas remarqué la présence de ce jeune homme couché entre deux cartons. Elle lança un timide « pardon » et se déguerpit sans demander son reste.
Tandis qu'elle continuait son chemin vers le lycée, elle pensait à Lui. Elle était troublée par la vision de cet homme presque sorti de nul part. Quel age pouvait il bien avoir ? Elle avait eu à peine le temps de voir son visage mais il lui semblait qu'il n'était pas bien vieux. Peut être avait il une vingtaine d'années à peine. Certainement pas plus que trente ans. C'est triste, pensa-t-elle, comment peut on se retrouver à dormir dans la rue à cet age là ? N'avait il pas de famille ? Comment se nourrissait il ? Allait il trouver un abri digne de ce nom quand l'hiver arriverait ? Elle pensa à lui toute la journée.
La fin de la journée venue, Camille rentra chez elle avec l'espoir de le retrouver. Quand elle fut arrivé près du coin où elle l'avait vu le matin, elle ralenti ses pas et fit en sorte d'observer du coin de l'oeil jeune homme qui lisait le journal, assis à même le sol. Cette fois elle prit le temps de voir les détails de son visage et constata qu'il avait les yeux verts. « C'est beau » pensa-t-elle. Il leva les yeux et son regard s'arrêta sur celui de Camille qui tourna rapidement la tête et accéléra ses pas. Elle avait les joues rouges de honte et s'en voulait de l'avoir dévisagé de la sorte. Quant à lui, il n'en fut pas perturbé et retourna rapidement à la lecture de son journal.
Camille passa une partie de la nuit à penser à Lui. Elle eu beaucoup de mal à trouver le sommeil. Elle ne comprenait pas pourquoi elle se trouvait si fascinée par le jeune homme. Jamais auparavant elle n'avait autant songé à un garçon.Qu'est ce que tout ça signifiait ? Elle l'ignorait il y a une chose dont elle était sûre, c'était qu'elle devait le revoir.
Le lendemain matin, elle passa un peu plus de temps que d'ordinaire dans la salle de bain. Elle se maquilla, ce qu'elle ne faisait d'ordinaire que dans les occasions spéciales. Elle avait décidé de se faire belle, et c'était comme si elle venait de prendre conscience de son charme et de sa beauté. Elle fila ensuite en direction du lycée et, lorsqu'elle approcha de la rue où Il se trouvait, son cœur s'accéléra. Au moment où elle passa devant lui, elle retint son souffle et tourna sa tête en direction du jeune homme qui était adossé contre le mur, puis elle lança un timide « bonjour » et elle repris son chemin. Il lui sourit et lui retourna son bonjour. Elle en fut toute retournée : il lui avait adressée la parole !
Et pendant les jours suivant, ce fut le même manège : elle passait devant lui le matin et à la fin de l'après midi, lui lançait un « bonjour » ou un « bonsoir » auquel il répondait poliment et avec le sourire, ce sourire qu'elle avait imprimée dans sa mémoire pour ne pas l'oublier. C'était devenu son plaisir, et les rayons de soleil de sa journée, ces moments ou elle le croisait et qu'ils échangeaient des salutations courtoises.
Un beau jour, alors qu'ils venaient d'échanger leurs habituelles salutations et que Camille s'apprêtait à poursuivre son chemin, Il l'interpella : « Tu as un prénom ? ». Elle se retourna, étonnée. Voilà quelque chose qui n'était pas prévu. Elle n'avait jamais songé qu'il puisse lui adresser la parole en dehors d »un « bonjour » ou d'un « bonsoir ». Elle resté deux secondes la bouche bée « euh », il reposa sa question « Tu as bien un prénom ? » « Oui » répondit elle « Je m'appelle Camille ». « Enchanté Camille », répondit il en souriant, « moi c'est Medhi ». Machinalement, elle se rapprocha de lui et se mit accroupi pour lui serrer la main. Elle ressenti un frisson lui parcourir le corps au contact de sa main. Ses joues rougies et elle eut un moment de silence que Medhi brisa proposa d'aller boire un café. Voyant son étonnement, il ajouta « tu sais je suis à la rue mais je ne suis pas complètement fauché hein, allez, j'insiste, viens que je te paye un café ou un chocolat chaud ». Elle accepta avec joie et il se levèrent pour se diriger dans la café situé juste en face. Ils passèrent une heure et demi à discuter, de tout et de rien, de leur vie, et il lui raconta comment il s'était retrouvé à la rue, comment il se débrouillait pour survivre et comme pour la rassurer, il lui dit que ce n'était pas si terrible que ça la vie dans la rue, c'est juste question d'adaptation. Il la fit beaucoup rire, il se révéla être un garçon très drôle et débordant de joie de vivre, tout le contraire de ce qu'elle avait pu imaginer venant de la part d'un pauvre jeune homme vivant dans la rue. Au bout d'un moment, elle regarda sa montre et prit conscience du temps qui s'était écoulé. « Oh mince, l'école ! » s'écria-t-elle , puis elle ajouta « Je suis désolé, je dois vraiment y aller !» avant de se lever et de partir en courant. Le jeune homme se leva et parti à sa poursuite puis lui attrapa le bras. « Camille, attends » dit-il. Elle se retourna et plongea son regard dans celui du jeune homme. Il y eu un court silence qui semblait être une éternité, puis Medhi saisi Camille par les hanches et il l'embrassa. Camille fut surprise mais elle se laissa faire, pendant que que milles pensées se bousculèrent dans sa tête. C'était son premier baiser. Ils restèrent ensuite tous deux enlacés quelques secondes et, sans dire un mot, Camille se détacha de Medhi et parti en direction de son lycée.
Elle ne put faire autrement que de penser à lui toute la journée, ce baiser l'avait complètement bouleversée et elle sentait des papillons dans son estomac lorsqu'elle repensait à ce moment. Alors c'était ça l'amour ?
Mais le soir venu, en rentrant chez elle, elle ne revit pas l'objet de son amour. Et les jours suivants non plus. Les semaines passèrent, puis les mois, et Camille finit par comprendre qu'elle ne reverrait jamais le jeune homme. Elle pensa à lui tous les jours et même lorsqu'elle finit par connaître à nouveau l'amour, deux ans plus tard, elle garda toute sa vie dans un coin de son cœur celui qui lui avait donné son premier baiser.
FIN