Rone - Creatures

Alice Grenon

Chronique de l'album Creatures de Rone, parue sur le site www.downthewall.com

Au vu des premiers extraits de ce nouveau long format, autant dire qu'on n'était pas hyper confiant de ce qu'avait pu nous concocter ce savant fou d'Erwan Castex cette fois-ci. C'est donc une oreille bien prudente que nous avons jeté sur le tout nouveau "Creatures". On a eu raison.

Alors que ses premiers albums renvoyaient une impression de sérénité, d'ordre, celui-ci est bien plus fouillis, plus expérimental. Autant dans les tracks en eux-mêmes que dans le CD dans son ensemble, impossible de comprendre où le producteur veut nous emmener exactement. Et à notre humble avis, c'est cela qui déconcerte et dérange un peu nos oreilles habituées à l'uniformité.

Ici, on sent une volonté de sortir des sentiers battus, avec un style moins uniforme, une plus grande ouverture aux différents styles musicaux. L'esprit de fond est là, mais l'extérieur vient s'inviter dans cet univers. Le meilleur exemple, ce sont les titres Mortelle et Quitter la ville, deux chansons à textes et grands bousculements des habitudes de Rone, qui nous avait habitué à plus instrumental. On remarque d'ailleurs la présence de nombreux vocalistes en featuring sur ce disque.

Et côté influences, c'est la débandade : Acid Reflux sonne un brin free jazzMemory balance vers le rock psychédélique, la voix de Sea Oleena rend Sir Orfeo pop, le surprenant interlude Roads est euuuuuh, surprenant, Calice Texas se la joue tribal, suivi par un Freaks entre classique épique et clubbing barbare, puis par Quitter la ville en featuring avec un François Marry que j'ai pris pour Damien Saez, pour finir sur Vif... qui nous rappelle le bon vieux Rone !

Autre chose, le son. Alors qu'on avait l'habitude d'ensembles sonores plus mats et ordonnés, on a ici des choses plus fournies, plus électriques. Sing Song par exemple, pourrait être, sans cette espèce de grain, un track à la sauce Rone classique, et c'est la même sur Ouija, l'extrait qui nous avait fait le plus peur.

En somme, avec cet album clairement indécis, on sent que Rone cherche à aller ailleurs. La question reste : où ? Car, en embarquant le public dans ses pérégrinations, il risque d'en perdre une bonne partie…

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