Rose et Blanche

Pendant ce temps, dans ce bois recouvert de la plus belle neige, Loup et le chasseur arrivèrent enfin vers le cercueil toujours gardé par Euthéria. Il était impossible de briser la vitre tant elle était solide et aussi dure que le roc. Emportés par la joie de retrouver Rose, les nains parcoururent toute cette distance, pourtant bien longue, avec la rapidité d'un félin et l'énergie du vent. Nul ne se demandait si Morphéa et sa magie avaient un quelconque rapport. L'heure n'était pas aux questions,  mais aux retrouvailles. Les nains eurent l'idée de faire plusieurs présents pour la jeune Rose, car le plus sage d'entre eux rappela aux autres l'importance d'accueillir le retour à la vie avec de somptueux présents. Ils se précipitèrent dans la grotte pour en ressortir avec un rubis taillé en forme de cœur, deux topazes en forme d'amande et un diamant éclatant qui se logerait dans le diadème de la future Grande-Reine.

Mais plusieurs heures n'auraient pas suffi à tout faire cependant, Morphéa offrit un premier cadeau qu'ils n'allaient sûrement pas refuser : le temps. Le temps précieux et qui coule bien souvent aussi vite que l'eau de la rivière avant de finir sa course dans ce lac lointain.

Tous ensemble, ils se mirent autour du cercueil et entamèrent une chanson bien plus gaie que la précédente, tant les paroles s'avéraient douces :

« Nous sommes les nains qui ont travaillé de toutes leurs mains,

Et du matin jusqu'au soir, nous avons fouillé, de nos petites mains,

toutes ces pierres, toutes ces roches, pour chercher le trésor.

Nous sommes les nains qui ont travaillé de toutes leurs mains,

fouillant, cherchant, regrettant, pour un seul malfaisant.

Il était vilain, malsain, sans cœur… il faisait peur !

Mais nous sommes les nains qui ont travaillé de toutes leurs mains,

qui sans chercher, ont trouvé ce qu'il fallait trouver.

Quand ils la voient, les oiseaux, petits ou grands, se mettent à chanter,

Quand ils entendent sa voix, le soleil et la lune redeviennent amis,

Quand elle marche dans ces bois, les champignons veulent se faire cueillir et les fleurs se font toutes belles.

Nous sommes les nains qui ont travaillé de toutes leurs mains,

On a toujours du boulot et quand on rentre, on veut faire dodo,

Mais quand elle est là, nous, ce qu'ont veut, c'est faire la fête,

chanter à tue-tête, poser nos bonnets et être nu-tête pour recevoir

La magie de ces petits baisers sur nos sales têtes.

Et aujourd'hui, notre Reine à nous a besoin de nous.

Nous sommes les nains qui ont travaillé de toutes leurs mains,

Du matin jusqu'au soir, du levé jusqu'au couché,

Nous avons cherché ce trésor pour ce malfaisant,

Mais nous avons trouvé notre trésor,

Elle sentait toujours bon, ils l'ont appelé Rose.

Elle avait une sœur, elle s'appelait Blanche…

Elle se croyait très belle, mais…

« Ça ne sert à rien d'être belle, si dans ton cœur,

Il n'y a que de la pierre… » ajouta le nain ronchon.

Mais chantons en chœur que son cœur est aussi pur que la neige

Du coup, nous l'appellerons…

Blanche-Neige ! »

Les nains chantèrent et reprirent le refrain et au moment de dire « Blanche-Neige », la vitre se brisa d'un seul tenant libérant ainsi la jeune fille toujours dans son sommeil lorsque le chasseur prit son courage à deux mains et lui avoua son amour et poussé par le nain ronchon, il se décida enfin à embrasser celle qui fut Rose et déposa entre ses mains la rose la plus délicate de ce bois. Le soleil, heureux de retrouver la future Grande-Reine vivante, éclaira le bois dans son ensemble et tous les animaux de ce bois s'approchèrent pour y voir la beauté de celle qui allait devenir Blanche-Neige.

 Les nains lui offrirent les cadeaux :

« Et un rubis en forme de cœur, il est grand et beau, comme le tien !

Et voici deux émeraudes, ils ont la forme et la couleur de tes yeux et tu as vu, ils illuminent les coins les plus sombres… » dit le nain drôle.

« Eh… Tu oublies aussi cette topaze… Elle est bleue comme le ciel lorsque les nuages s'en vont devant une telle Reine ! » dit le nain le plus travailleur.

Le nain le plus sage poussa les autres et offrit à son tour, son bijou, celui qu'il aimait tant et qu'il gardait caché :

« Ceci est un diamant… Regarde comme il brille, regarde comment il est parfait et aussi, si tu le mets près du soleil, il te montrera les couleurs de l'arc-en-ciel… Comme toi ! » dit-il en rougissant.